Nouveau préfet de police à Paris, renfort des militaires de Sentinelle, manifestations interdites dans certains quartiers : la 19e journée de manifestations des « gilets jaunes » samedi aura valeur de test pour l’exécutif après les violences et saccages commis samedi à Paris.
Après un samedi noir sur les Champs-Élysées lors de l’acte 18 des « gilets jaunes », le Premier ministre Édouard Philippe a voulu une « réponse ferme » avec des annonces fortes applicables dès ce samedi.
Des secteurs comme les Champs-Élysées, la place de l’Étoile ou de la Concorde à Paris ou encore des quartiers de Bordeaux et Nice seront ainsi interdits de manifestations.
ARMÉE – INSOLITE / Un auditeur annonce que son fils, militaire, ne sera pas présent à Paris samedi, lors de l’#Acte19 des #GiletsJaunes
« Mon fils, il n’est pas d’accord, il se mettra en maladie, et je suis avec lui, un militaire, il est là pour faire la guerre ! » pic.twitter.com/R9ueMkAJ9D— Pure. (@PureTele) 21 mars 2019
« Dès que des attroupement sont constatés » dans ces zones, a précisé le secrétaire d’État à l’Intérieur Laurent Nuñez sur BFMTV, « il y a interpellation et amende ». Les contraventions encourues en cas de participation à une manifestation interdite sont passées depuis jeudi de 38 à 135 euros.
« Les « casseurs » « peuvent se rassembler ailleurs (…) mais là, ça reste un attroupement d’individus susceptibles de commettre des violences. Et ça, après sommation, nous sommes en capacité de disperser ou d’interpeller les gens, et là ça devient un délit », a-t-il ajouté.
Mercredi, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a annoncé que la mission antiterroriste Sentinelle serait mobilisée de manière « renforcée » pour protéger les bâtiments officiels. Une déclaration rapidement nuancée par plusieurs sources.
Gilets jaunes, acte 19 : le gouverneur militaire n’exclut pas « l’ouverture du feu » https://t.co/Ic4uMun9L4 via @LExpress#violencespolicieres
— PerceNeige (@NOBLECOURTPasca) 22 mars 2019
Jeudi matin, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a de nouveau insisté lors de l’installation du nouveau préfet de police de Paris Didier Lallement : les militaires de Sentinelle « ne doivent en aucun cas participer au maintien de l’ordre ».
Dans sa reprise en main, l’exécutif a choisi de décapiter la préfecture de police en limogeant le préfet Michel Delpuech, son directeur de cabinet Pierre Gaudin et le directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne Frédéric Dupuch.
.@BrunoRetailleau sur l’acte 19 des #GiletsJaunes :
« Jamais, sous la Ve République, un président de la République n’a fait appel à l’armée pour maintenir l’ordre. Il pourrait y avoir de gros pépins. »#europe1 pic.twitter.com/GkPTDDWSj6
— Europe 1 (@Europe1) 22 mars 2019
« Le rôle de Sentinelle n’est pas de faire du maintien de l’ordre (…) ils ne vont pas se mettre à arrêter les gilets jaunes », a réagi une source gouvernementale. « Les militaires de Sentinelle seront utilisés à la marge, pour remplacer quelques policiers sur des gardes statiques de bâtiments qui ne sont pas au centre de Paris et ne seront pas grandement exposés » aux « gilets jaunes », insiste une source proche du dossier.
L’utilisation de « marqueurs » indélébiles projetés sur les « émeutiers » a également été évoquée mais si l’idée est étudiée place Beauvau, elle ne pourra être mise en place dès ce samedi, selon plusieurs sources proches du dossier.
réponse à la misère sociale: Drones, Armes chimiques, Marquage, Utilisation de moyens vidéos… Et maintenant le déploiement de la cellule militaire Antiterroriste. En marche trop vite vers #dictature #EnMarche #gj #GiletsJaunes https://t.co/hi2NgeNvzw
— makiato sucré (@makiatoworkout) 21 mars 2019
Quant à l’usage de drones, annoncé par le Premier ministre, rien n’est encore décidé jeudi, a affirmé une source policière.
À Paris, un groupe qui avait pris l’habitude, à l’exception de la semaine dernière, de déclarer les marches lors des derniers samedis, a annoncé son intention de manifester sur les Champs-Élysées.
#ActeXVIII #Acte18 #16Mars #Paris#GiletsJaunes On n’est pas des Terroristes #Sentinelle
4 mois de mobilisation et tj aucune réponse de ce gouvernement.
Et les suicides continuent La misère est galopante et les libertés comme la constitution bafouées, violées pic.twitter.com/hU0jNDm8a8— Pascal BRUN (@Pascal3RUN) 22 mars 2019
D’autres « gilets jaunes » veulent faire de Nice l’épicentre de la 19e journée. La préfecture des Alpes-Maritimes doit prendre un arrêté d’interdiction de manifester dans un « périmètre défini » alors que débutera une visite officielle du président chinois Xi Jinping sur la Côte d’Azur.
Gilets jaunes : Paris, province… Les manifs de l’acte 19, par @linternauteinfo : https://t.co/ZvXh70mnPh via @LInternauteInfo
— Gilets Jaunes (@GJaunes) 21 mars 2019
Cela n’empêchera pas Lucien Pons, professeur à la retraite, de « manifester dans la légalité ». « On manifestera à Nice sans être des voyous, on veut simplement exercer notre droit », dit-il à l’agence France Presse (AFP). Mais certains, dont Johnny Toulouse, figure du mouvement niçois, prévoit que cela « va chauffer à Nice ».
« On veut manifester dans la ville et si c’est pas possible, on aura un souci », explique Stéphane Glenza, proche de Maxime Nicolle, l’une des figures du mouvement. « Mais il n’y a jamais eu de débordements à Nice, et il n’y a pas de raisons que ça change. »
« On sera quand même dans les rues ce week-end »: les « gilets jaunes » sont déterminés à braver l’interdiction de défiler à Nice pour l’acte 19 https://t.co/b3ihQmyLea pic.twitter.com/Hj48ZEWncC
— Nice-Matin (@Nice_Matin) 21 mars 2019
L’interdiction de manifester à Nice a poussé la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille à écrire au préfet des Bouches-du-Rhône, pour réclamer une mesure similaire dans la cité phocéenne.
À Montpellier, un appel a été lancé : « Il y a des covoiturages et des hébergements prévus pour les personnes en provenance de Marseille et Toulouse. Notre appel a été relayé par Priscilla Ludovsky, nous attendons du monde », confirme un membre des « gilets jaunes » de Montpellier.
Ces véhicules blindés viennent d’arriver à Nice pour encadrer le week-end des « #GiletsJaunes (NIce Matin) https://t.co/ryoHHordwO pic.twitter.com/CYeYQNl0i4
— Gilles Klein (@GillesKLEIN) 22 mars 2019
« La manifestation sera importante mais nous n’attendons pas de déferlement. Nous serons vigilants », assure la Préfecture de son côté.
Pour ce 19e samedi de mobilisation consécutif, Édouard Philippe a annulé son déplacement prévu en Guyane.
D. S avec AFP
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