Après avoir désensablé un total de 26 bunkers datant de la Seconde Guerre mondiale à Soulac-sur-Mer (Gironde) pendant 21 ans, Jean-Paul Lescorce, 84 ans, vient d’être décoré de l’ordre du Mérite allemand.
Lorsqu’on lui demande comment il a pu accomplir un tel exploit, Jean-Paul Lescorce répond humblement qu’il l’a fait « sans [s’en] apercevoir », rapporte 20 Minutes. C’est en l’an 2000, à l’âge de 63 ans, qu’il a commencé à réaliser le « travail colossal » souligné par la Consule générale d’Allemagne à Bordeaux, Verena Gräfin von Roedern, qui s’est déplacée à Soulac-sur-Mer pour lui remettre une médaille début juin.
« Mon idée au départ était, accompagné de quatre-cinq copains, d’en désensabler un seul, pour l’étudier. J’étais le plus motivé et au bout d’un mois je me suis retrouvé seul », raconte l’octogénaire. Après hésitation, il a décidé de continuer : « J’estimais avoir un devoir de mémoire, notamment envers mon père qui avait été réquisitionné pour construire celui que je commençais à désensabler. »
Celui qui n’avait que 3 ans lorsqu’il a vu les Allemands arriver à Soulac-sur-Mer s’est ensuite passionné pour la « bunker-archéologie », à tel point que Sud-Ouest le qualifie de véritable « encyclopédie vivante de l’histoire de Soulac ». Il a même fondé et préside l’Association historique de la poche du Nord-Médoc (AHPNM), a écrit un livre sur l’histoire du monastère de Soulac et mis en vente un DVD intitulé Bunker, la forteresse des Arros.
« Tout seul pendant vingt ans »
Après avoir désensablé son premier bunker, Jean-Paul Lescorce a décidé de faire la même chose avec celui d’à côté puisque ces derniers fonctionnent par paire. Aujourd’hui, après avoir désensablé 26 de ces constructions de béton, il estime avoir aussi enlevé 1 600 m³ de gravats – « du verre cassé, du bois, du plastique, de la ferraille… ». » J’ai mis tout cela dans de grandes poubelles que j’ai apportées à la déchetterie en tri sélectif. Tout seul pendant vingt ans », témoigne le passionné.
L’octogénaire ne s’est pas contenté de désensabler autant de bunkers. S’il ne pense pas continuer son œuvre avec le désensablement d’une vingt-septième structure, c’est parce qu’il a d’autres activités liées à celles-ci.
Visites guidées et entretien
Il organise des visites guidées et s’occupe d’ « entretenir l’existant ». « Il y a des mouvements de sable. Il y a des tempêtes. Les gens quand ils marchent, ça pousse le sable, ça rentre dans les escaliers », détaille-t-il au micro de France Bleu. « Et il y a aussi des gens qui font du feu, il y en a qui jettent des canettes, il y en a qui cassent des bouteilles, il y a des barquettes, du carton. Alors une fois par semaine, je fais le tour du site et avec un grand sac, je ramasse tout ce qui traîne. »
Jean-Paul Lescorce reconnaît que sa vie tourne autour des bunkers, « mais comme c’est une passion, je ne vois pas le temps passer ». Sa seule inquiétude aujourd’hui, c’est pour l’avenir du site : « Comme ce n’est pas un lieu de débarquement, je crains que le jour où j’arrêterai, il ne redevienne un squat et un dépôt d’ordures… »
En attendant, il continue ses visites guidées, qui amènent 3 000 à 4 000 touristes chaque année à découvrir ce patrimoine.
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