Le premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré que Google avait fait « une terrible erreur » en bloquant l’accès à certains contenus d’actualités canadiennes. Plus tôt cette semaine, le géant technologique américain a déclaré avoir voulu tester en pratique un projet de loi du gouvernement libéral [sur le contenu] en ligne.
« Je suis vraiment surpris que Google préfère empêcher les Canadiens d’accéder aux informations plutôt que de rémunérer les journalistes pour leur travail », a déclaré Justin Trudeau le 24 février.
« Je pense que c’est une terrible erreur. Et je sais que les Canadiens s’attendent à ce que les journalistes soient rémunérés correctement pour leur travail. »
Bien qu’il n’est pas été interrogé sur le sujet, le premier ministre a décidé de commenter la décision de Google lors d’une conférence de presse sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Il a digressé en déclarant : « Je veux faire mention [d’une autre question] qui me préoccupe. »
Google a confirmé avoir bloqué l’accès aux informations en ligne pour moins de 4% de ses utilisateurs canadiens. Le géant précise qu’il s’agit d’un essai temporaire en réponse au projet de loi C‑18 du gouvernement libéral, concernant les plateformes de communication en ligne. L’essai durera environ cinq semaines et touchera tous les types de contenu d’actualité, y compris le contenu créé par les diffuseurs et les journaux canadiens, précise l’entreprise. Certains utilisateurs d’Android utilisant la fonction Discover, qui diffuse des nouvelles et des articles de sport, pourraient également être touchés.
« Nous testons sommairement les réponses potentielles au projet de loi C‑18 quand il touche un très petit pourcentage d’utilisateurs canadiens », a déclaré le 22 février par écrit Shay Purdy, porte‑parole de Google, en réponse aux demandes de la Presse canadienne.
« Nous avons fait preuve d’une transparence totale quant à notre préoccupation concernant le fait que le projet de loi C‑18 est trop vaste et que, s’il reste tel quel, il pourrait avoir des répercussions sur les produits que les Canadiens utilisent et sur lesquels ils comptent au quotidien. »
Le projet de loi C‑18 vise à réglementer les « intermédiaires de [contenu de] nouvelles numériques », tels que Google et Meta (maison mère de Facebook et d’Instagram), afin de « renforcer l’équité du marché canadien des [contenus de] nouvelles numériques et de contribuer à sa pérennité ».
Du côté du gouvernement canadien, le projet de loi à pour but de forcer la main des grandes plateformes numériques pour qu’elles rémunèrent les entreprises médiatiques canadiennes qui affichent et fournissent des liens vers leur contenu d’actualité.
Le projet de loi, présenté pour la première fois en 2022, en est à sa deuxième lecture au Sénat. Google devrait comparaître devant le Comité des transports et des communications lorsque celui‑ci commencera son examen du projet de loi.
Le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez, a également critiqué Google pour sa décision de bloquer du contenu d’actualité auprès de certains Canadiens.
« Il est regrettable d’entendre que Google essaie de bloquer l’accès à des sites d’information. Les Canadiens ne se laisseront pas intimider. Après avoir regardé toutes les options, tout ce que nous demandons aux géants technologiques, c’est de rémunérer les journalistes lorsqu’ils profitent de leur travail », a‑t‑il écrit sur Twitter le 23 février.
La députée conservatrice Marilyn Gladu avait prévenu le ministre que le projet de loi se retournerait contre lui.
« Je vous avais dit que cela arriverait. Meta sera le prochain. Retirez le projet de loi C‑18 », a‑t‑elle écrit sur Twitter en réponse au tweet de Pablo Rodriguez.
Elle avait averti que le projet de loi C‑18 donnerait aux régulateurs fédéraux une trop grande marge de manœuvre pour décider de ce qui est ou n’est pas du vrai journalisme.
« Nous voulons qu’Internet reste libre et nous ne voulons pas que le gouvernement choisisse de ce qui doit être fait ou pas », a‑t‑elle déclaré à CBC News en décembre dernier. « C’est pourquoi, la meilleure chose à faire est de se débarrasser du projet de loi C‑18 et de permettre aux géants technologiques de débloquer des fonds que les petits médias pourraient eux‑mêmes se répartir. »
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