Le réflexe général est la critique des multinationales pour leur cynisme dans les affaires. Elles seraient peu regardantes concernant tout ce qui n’est pas une source de revenus. La défense des droits de l’homme en fait partie, elle n’est pratiquement jamais une « bonne affaire » pour une entreprise. Google vient pourtant de nous prouver qu’une grande société peut très bien se comporter comme une organisation de défense des libertés.
Depuis quelques semaines, la société subit de fortes pressions de la part des autorités chinoises pour qu’elle enlève du moteur de recherche (Google a retiré son moteur de recherche de Chine en 2010, mais il est toujours disponible à Hong Kong) la chanson des manifestants pro-démocratie intitulée « Glory to Hong Kong » qui apparaît en premier lors d’une recherche sur l’hymne de Hong Kong (qui est en fait l’hymne de la Chine communiste). Les autorités de Pékin ont demandé à ce que les internautes trouvent l’hymne national chinois lors de leurs recherches. Lorsque Google a refusé, la Chine a soutenu que cette attitude était « inacceptable » et qu’elle allait « prendre les mesures nécessaires » pour y remédier.
Les dictatures ont l’habitude d’imposer la censure quand quelque chose n’est pas à leur goût. Les entreprises chinoises, la plupart dirigées par les apparatchiks du régime, se plient à toutes les demandes politiques et appliquent tous les ordres venant du Parti. Les leaders de Pékin pensent pouvoir faire de même avec les entreprises étrangères et, malheureusement, cela finit généralement par marcher.
L’attitude de Google est d’autant plus importante que Jimmy Lai, le propriétaire du journal libre, Apple Daily, condamné (et enfermé déjà) à 69 mois de prison, est en attente de son deuxième procès pour « atteinte à la sécurité nationale », motif fallacieux invoqué contre tous ceux qui manifestent pour la démocratie. Jimmy Lai est l’un des symboles du combat contre la privation des libertés fondamentales que subit la population de Hong Kong. Pourvu que Google tienne bon.
Article écrit par Nicolas Lecaussin, avec l’aimable autorisation de l’IREF.
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