INTERNATIONAL

Grandes manoeuvres diplomatiques autour de la Corée du Nord

mai 31, 2018 14:47, Last Updated: mai 31, 2018 15:03
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Les manœuvres diplomatiques continuaient jeudi autour de la Corée du Nord, avec de nouveaux entretiens prévus entre le bras droit de Kim Jong Un et le chef de la diplomatie américaine à New York, Moscou s’immisçant dans le processus en proposant de recevoir le leader nord-coréen en Russie.  Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a été reçu jeudi pour la première fois à Pyongyang par Kim Jong Un, une énième illustration de l’effervescence diplomatique autour de la péninsule coréenne divisée.

Après des années de tensions en raison des programmes nucléaire et balistique nord-coréens, celle-ci vit en effet depuis le début de l’année une « détente » qui, aussi remarquable qu’elle puisse être, n’est pas exempte de coups de théâtre. « Venez en Russie, nous serons très heureux de vous accueillir », a lancé M. Lavrov à Kim Jong Un, selon le texte publié par Moscou, pour sa première visite à Pyongyang depuis 2009.

Et le chef de la diplomatie russe d’exhorter toutes les parties à « éviter la tentation d’exiger, tout tout de suite ».  Un message clair pour Washington qui réclame une « dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible », et n’entend lâcher du lest sur les sanctions internationales qu’une fois que le processus, par nature complexe et long, sera achevé ou au moins très avancé.

Moins d’une semaine après l’annulation par Donald Trump du tête-à-tête inédit avec Kim Jong Un prévu le 12 juin à Singapour à cause de « l’hostilité » de la Corée du Nord, Mike Pompeo s’est fait photographier avec le général nord-coréen Kim Yong Chol en train d’admirer Manhattan à travers la baie vitrée d’un appartement au 39e étage d’une tour près du siège des Nations unies. Le général est le plus haut responsable nord-coréen à fouler le sol américain depuis 18 ans. Il a dîné pendant une heure et demi avec le secrétaire d’État américain, qu’il avait déjà rencontré deux fois ce printemps à Pyongyang.

« Bon dîner de travail avec Kim Yong Chol à New York ce soir. Steak, maïs et fromage au menu », a tweeté Mike Pompeo qui était accompagné d’Andrew Kim, chef de la section Corée à la CIA. Le secrétaire d’Etat et le général doivent se retrouver jeudi à 09H00 (13H00 GMT) pour de nouveaux entretiens. M. Pompeo tiendra ensuite une conférence de presse à 14H15 (18H15 GMT). L’objectif de leurs discussions est de déterminer si les États-Unis et la Corée du Nord sont en mesure de fixer un ordre du jour partagé pour le sommet du 12 juin. Et donc d’en accélérer les préparatifs.

Au revirement de M. Trump jeudi dernier a succédé un tout aussi spectaculaire regain d’optimisme, à tel point que Washington affirme désormais s’attendre à ce que le sommet ait lieu comme initialement prévu. Pour cela, « il faut que la dénucléarisation » de la Corée du Nord soit « au cœur de la rencontre », a toutefois prévenu la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders. « Et le président doit avoir le sentiment qu’on fait des progrès sur ce front ».

Mike Pompeo et Kim Yong Chol tentent donc de concilier des attentes a priori inconciliables. Pyongyang a de son côté accepté de parler d’une dénucléarisation mais refuse qu’elle soit unilatérale, et sa définition risque d’être éloignée de celle des Américains tant les Nord-Coréens ont jusqu’ici présenté leur arsenal atomique comme une garantie pour la survie du régime.

« Nous devons les convaincre qu’au contraire leur programme nucléaire renforce leur insécurité », a expliqué mercredi soir un haut responsable américain, confirmant que Washington est prêt à fournir des « garanties » pour leur sécurité. Officiellement vice-président du comité central du parti au pouvoir, le général Kim s’est rendu aux Jeux olympiques d’hiver au Sud, aux récents sommets inter-coréens et en Chine pour accompagner à deux reprises Kim Jong Un.

DC avec AFP

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