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Grandes « oubliées » du plan santé, les infirmières se mobilisent

novembre 20, 2018 18:19, Last Updated: novembre 20, 2018 18:20
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Après les « gilets jaunes », les blouses blanches : grandes « oubliées » du plan santé, les infirmières sont appelées à cesser le travail et à manifester partout en France mardi par seize organisations dénonçant le « mépris » du gouvernement, accusé d’avoir cédé au « lobby » des médecins.

Qu’ils soient libéraux, salariés de l’hôpital, qu’ils exercent dans les écoles ou dans les blocs opératoires, les infirmiers – des femmes à plus de 80 % – partagent tous un « même sentiment », celui « d’une profession laissée pour compte », a résumé lundi le vice-président de la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) (libéraux), Daniel Guillerm, lors d’un point presse.

Une vingtaine de rassemblements sont prévus à partir de 14h en région, notamment devant les préfectures et à Paris, devant le ministère de la Santé, pour réclamer la « reconnaissance » de la profession, de meilleures rémunérations, plus d’autonomie ou encore un renforcement des effectifs dans les établissements.

La mobilisation, annoncée depuis octobre et soutenue par l’Ordre des infirmiers, « n’a rien à voir » avec celle des gilets jaunes même si « certaines revendications » sont « peut-être » partagées, a tenu à préciser M. Guillerm.

Ce n’est pas la hausse des prix du carburant qui a provoqué la colère des organisations syndicales, mais la déception née de la présentation du plan santé en septembre par le président Emmanuel Macron, un catalogue de mesures « décidées autour des seuls médecins », a estimé M. Guillerm.

En particulier, la création de 4 000 postes d’« assistants médicaux », à mi-chemin entre la secrétaire et l’aide-soignante, « a mis le feu au poudre », a rappelé son homologue du Sniil (libéraux), John Pinte.

Pourquoi créer un nouveau métier au lieu de s’appuyer sur les quelque 660 000 infirmières existantes ? Pourquoi « payer des secrétaires aux médecins sur le dos de l’assurance maladie », pour un total de 200 millions d’euros par an, au lieu de créer des postes en maison de retraite ou d’augmenter actes et salaires des infirmières, a demandé M. Guillerm.

« Un tel détournement de nos cotisations maladie pour des gens qui n’ont pas de souci financier est extrêmement choquant alors qu’on ferme des lits à l’hôpital, des maternités », s’est indigné Thierry Amouroux (SNPI, hospitaliers), espérant une mobilisation aussi réussie qu’« il y a deux ans ». 

En novembre 2016, plusieurs milliers d’infirmières mais aussi d’aides-soignantes avaient défilé partout en France à l’appel d’un mouvement unitaire, inédit depuis 1988, afin de dénoncer leurs conditions d’exercice. Mais les grandes centrales syndicales comme FO ou la CGT, représentatives dans les établissements de santé, avaient également appelé à la grève, ce qui n’est pas le cas mardi.

La profession infirmière était alors endeuillée par les suicides d’au moins cinq infirmiers survenus durant l’été.

« La souffrance » et la « perte de sens » au travail persistent « dans tous les secteurs », à en croire Nathalie Depoire (CNI, hospitaliers), selon qui « les cas d’épuisements professionnels se multiplient » à l’hôpital.

Mais les infirmières libérales pourraient être les plus mobilisées mardi, leurs négociations avec l’Assurance maladie devant reprendre le 4 décembre, selon les syndicats. Ces derniers avaient claqué la porte au début de l’été estimant que les propositions n’allaient pas assez loin notamment sur la création de nouveaux actes pour suivre les patients à domicile.

« La seule préoccupation du gouvernement c’est la désertification médicale. Pourquoi ne pas donner aux infirmières certaines prérogatives » pour pallier le manque de médecins, suggère M. Guillerm, citant par exemple la possibilité de prescrire des soins de réhydratation aux personnes âgées pendant les canicules.

Présentée comme une avancée par le gouvernement, la création d’un nouveau métier d’infirmier en pratique avancée, c’est-à-dire aux compétences élargies, ne concernera qu’une minorité de professionnelles qui seront maintenues « sous le joug du corps médical », regrette M. Guillerm.

Et il ne règlera pas les difficultés rencontrées quotidiennement sur le terrain, abonde M. Pinte, comme lorsque les infirmières adaptent des doses de médicaments « de façon illégale » dans « l’intérêt du patient », lorsque le médecin n’est pas disponible, notamment le week-end.

D. S avec AFP

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