TotalEnergies est visé depuis décembre 2021 par une enquête à Nanterre pour « pratiques commerciales trompeuses » dans le domaine de l’environnement (greenwashing) mais la multinationale pétrolière assure mener une « stratégie concrète » pour réduire son impact environnemental.
Cette enquête a été ouverte par le pôle économique et financier du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) à la suite d’une plainte au pénal, en octobre 2020, de plusieurs associations de défense de l’environnement, a appris jeudi l’AFP de source proche du dossier, confirmée par le parquet.
Ces associations (Wild Legal, Sea Shepherd France et Darwin Climax Coalitions) accusent notamment le géant pétrolier de dégradation de l’air.
Contacté par l’AFP, le géant pétrolier a défendu sa stratégie « concrète pour atteindre la neutralité carbone en 2050 », citant « des investissements », des « nouveaux métiers » et une « baisse significative des émissions de gaz à effet de serre ». Ses émissions en Europe ont été réduites « de 23% entre 2015 et 2021 », a-t-il encore affirmé.
TotalEnergies a également avancé avoir « 17 GW (gigawatt) de capacité de renouvelables installés dans le monde, contre près de 0 GW en 2018 ».
Des pratiques commerciales trompeuses
« Le greenwashing au nom du développement durable est un cynisme durable », a tancé William Bourdon, avocat des associations écologistes. « L’insincérité des engagements de Total conduira nécessairement à un procès pour pratiques commerciales trompeuses », a-t-il avancé auprès de l’AFP.
Selon Mediapart, qui a consulté leur plainte, les faits reprochés visent des pratiques commerciales trompeuses, pour lesquelles le parquet a ouvert son enquête, mais aussi des faits de dégradations de l’environnement qui seraient dues aux activités extractives de TotalEnergies. Un complément de plainte, en 2021, mentionne le développement d’ici 2025 de 400 puits de forage pétrolier en Ouganda.
Des projets dans le viseur de la justice
En avril 2022, les trois associations ont de nouveau porté plainte, reprochant à TotalEnergies « d’autres pratiques » à l’origine selon elles « d’un écocide », a expliqué à l’AFP le ministère public. Encore à l’étude, cette plainte n’a pas, à ce stade, provoqué l’ouverture d’une enquête ou été jointe aux investigations en cours.
Ce n’est pas la première fois que les projets de TotalEnergies sont dans le viseur de la justice. Fin décembre, le géant a été assigné par six ONG qui lui reprochaient de manquer à son « devoir de vigilance » sur un mégaprojet pétrolier en Ouganda et en Tanzanie.
Les Amis de la Terre, Survie et quatre ONG ougandaises l’accusent de mener ce projet au mépris des droits humains et de l’environnement, et somment le groupe de respecter une loi votée en 2017 qui impose aux multinationales un « devoir de vigilance » sur leurs activités dans le monde.
Depuis 2017, la législation oblige ainsi les multinationales à prévenir les atteintes graves envers les droits humains, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l’environnement par un « plan de vigilance ».
La décision dans cette affaire sera rendue le 28 février à Paris. En parallèle, à Nanterre, l’enquête pour « pratiques commerciales trompeuses » se poursuit. D’après une source proche du dossier, TotalEnergies n’a pas, à ce stade, été entendu par les enquêteurs.
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