« Les écoliers de 12 000 écoles espagnoles sont priés de ne pas faire leurs devoirs pendant tout le mois de novembre ». L’association espagnole des parents d’élèves (CEAPA) a lancé cet appel inédit à la grève en expliquant que le travail à la maison n’est pas bénéfique aux enfants.
Des statistiques de l’OCDE indiquent que les écoliers et adolescents espagnols passent 6,5 heures par semaine à faire leurs devoirs, contre 4,9 heures en moyenne pour les 38 pays analysés par la dernière étude en date du PISA (Programme pour l’évaluation internationale des étudiants) – et 5 heures en France. L’Espagne est ainsi onzième du classement PISA pour la durée des devoirs, et seulement trente et unième pour la performance des élèves âgés de 15 ans en lecture et mathématiques.
« Ma famille sera en grève », explique Gracia Escalante au correspondant madrilène du Telegraph. « C’est une façon de rendre plus visible notre opinion sur l’inefficacité complète des devoirs à la maison et sur les inégalités qu’ils créent. » Pour elle, les devoirs ne sont pas plus qu’un bourrage de crâne qui accentue encore la différence entre les foyers riches et ceux en difficulté. « Il n’y a rien de négatif dans les devoirs et c’est la responsabilité des professeurs de demander aux élèves de travailler à la maison ce qu’ils n’ont pas bien compris, mais dans notre système éducatif espagnol, tout est appris par cœur, et les enfants sont forcés de passer des heures à effectuer un travail qui ne signifie rien pour eux », a-t-elle continué.
Le Président de la CEAPA, Jose Luis Pazos, confirme que la méthode éducative espagnole est largement basée sur l’apprentissage par mémorisation. « Les enfants », insiste-t-il, « devraient plutôt apprendre les moyens de gérer l’information et de décider de celle qui doit être mémorisée, ou pas : la société a profondément changé, mais pas l’environnement de nos salles de classe ».
Sur les ondes de la radio Onda Cera, il va plus loin : « Il semblerait que nous ayons perdu un peu de notre bon sens dans ce pays lorsque nous parlons de l’éducation, car nous avons un système dans lequel le temps libre de nos jeunes gens a disparu ».
« Les écoles donnent aux familles des tâches qu’elles ne devraient pas avoir à accomplir. Elles ont fait de nous des professeurs de seconde mi-temps et nous ont mis dans une situation où les élèves en fin de cursus secondaire ont près de 60 heures de travail par semaine. »
« Cela commence avec une demi-heure de travail à la maison par jour pour les enfants de maternelle. Pour nous, cette situation est inacceptable. »
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