La guerre silencieuse contre l’image de l’Amérique

10 septembre 2016 09:16 Mis à jour: 10 septembre 2016 09:16

Analyse des informations

La guerre est souvent confondue avec les combats entre les troupes que l’on voit au cinéma. En réalité, la guerre est un système global qui vise non seulement les corps des soldats de l’ennemi, mais aussi l’esprit de ses citoyens, le mécanisme de prise de décision de ses politiciens, ainsi que chaque partie du système qui assure le fonctionnement de sa société.

Les adversaires des États-Unis utilisent actuellement différentes tactiques pour discréditer leur image et les déloger de la place de leader qu’ils occupaient autrefois sur la scène mondiale. Rien qu’au cours de la semaine passée, on a pu en observer plusieurs exemples marquants.

Le Washington Post a rapporté le 5 septembre dernier que les agences américaines du renseignement et de d’application de la loi enquêtaient sur ce qui pourrait être « une vaste opération secrète russe aux États-Unis visant à semer la méfiance de la population lors des prochaines élections présidentielles envers les institutions politiques américaines ».

Alors que le journal note qu’il n’y a pas de preuves assez solides pour affirmer que la Russie essaye de perturber les élections américaines, il cite un responsable des renseignements américains disant que « même un soupçon que quelque chose qui pourrait affecter la sécurité de notre système électoral serait une préoccupation majeure ».

Le Wall Street Journal a publié le 6 septembre un article au sujet du camouflet infligé par le régime chinois au président Barack Obama sur le tarmac, lors du récent sommet du G20. Les Chinois n’ont pas déroulé de tapis rouge sur les escaliers amenés à son avion et le président Obama a dû sortir par l’arrière de l’avion.

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Lors du sommet du G20 à Hangzhou, le président Obama a été le seul leader mondial pour qui un tapis rouge n’a pas été déroulé sur les escaliers amenés à son avion et qui a dû sortir par l’arrière de l’avion. (Etienne Oliveau, Saul Loeb, Lintao Zhang / Getty Images)

Le journal a précisé : « Des petites insultes, des agressions mineures : derrière des grandes démarches diplomatiques, c’est comme ça que la Chine a cherché à saper le rôle des États-Unis en tant que superpuissance et à souligner sa propre importance croissante. » Le Wall Street Journal a ajouté que quand il est question de la stratégie américaine dans la région Asie-Pacifique, « la Chine n’a qu’à semer le doute dans l’esprit des partenaires des États-Unis au sujet de leur soutien et cette stratégie commence à se désagréger ».

Le site US Naval Institute News a annoncé le 6 septembre dernier que les navires iraniens harcèlent souvent dans le golfe Persique les navires de la marine américaine. Ce harcèlement se produit après la récente information qu’Obama ait payé à l’Iran 400 millions de dollars en janvier dernier, pour régler une affaire d’arbitrage vieille de plusieurs décennies. La transaction a mené à la libération par l’Iran des prisonniers américains le jour même. Ce harcèlement suit également un incident survenu en février dernier, lorsque l’Iran a capturé un groupe de marins américains et a publié des vidéos montrant que l’un d’entre eux était en larmes.

Tous ces incidents font partie d’une stratégie plus vaste qui a été appliquée depuis des décennies et qui est devenue maintenant plus évidente que jamais. Il s’agit de ce qui est connu comme la « guerre politique » qui, à son tour, fait partie d’un système plus large utilisé par ces pays pour atteindre des objectifs militaires tout en évitant un conflit direct.

Le 26 septembre 2014, le Commandement des opérations spéciales de l’armée américaine a publié un livre blanc indiquant que « la Russie, la Chine et l’Iran mènent actuellement des activités de guerre politique pour arriver à leurs objectifs personnels ». Il a également souligné que les États-Unis avaient en général terminé de mener les opérations de ce genre à la fin de la guerre froide et a suggéré que les États-Unis devraient maintenant contrer ces pratiques.

Ce document cite George Kennan, directeur de la planification politique du Département d’État des États-Unis en 1948 : « Dans sa définition la plus large, la guerre politique signifie l’emploi de tous les moyens dont dispose une nation, à part la guerre, pour réaliser les objectifs nationaux. » George Kennan a précisé que de tels moyens comprennent des actions manifestes, telles que les alliances politiques, les mesures économiques et la propagande « blanche », ainsi que des moyens secrets, incluant la guerre psychologique « noire » et « même l’encouragement de la résistance clandestine dans les États hostiles ».

Ces stratégies ne sont pas créées sur un coup de tête. Elles sont bien réfléchies, bien organisées et bien ciblées pour atteindre les objectifs clés.

Par exemple, en Chine, le Parti communiste chinois a tout un appareil au sein de ses forces armées qui est dédié à la guerre politique et est connu sous le nom du Département politique général. Selon un rapport sur ce département publié par l’Institut Projet 2049, un groupe d’experts basé à Washington, les militaires chinois considèrent la guerre politique « comme un moyen de façonner et définir les relations internationales ». Le report souligne que de nombreux autres organes du régime chinois se livrent à une guerre politique.

De nombreux pays autoritaires ont des systèmes spéciaux soigneusement développés pour contrer ce type d’opérations.

En Russie et dans l’ancien bloc soviétique, par exemple, il y a les opérations glasnost destinées à fabriquer des mensonges et modifier les perceptions globales en faveur de leurs dirigeants. L’utilisation de la glasnost remonte à la Russie tsariste, mais elle a été très largement employée par les dirigeants dans toute l’Union soviétique.

Le lieutenant-général Ion Mihai Pacepa, l’officier le plus haut gradé des services secrets du bloc soviétique qui se soit rallié à l’Occident, a décrit en détail l’utilisation des opérations de glasnost dans son livre « Désinformation ». Il a écrit qu’au milieu des années 1930, la glasnost a été définie comme un « filtrage des informations rendues publiques » et qu’elle faisait partie d’un système de désinformation plus large utilisé spécifiquement pour « glorifier le dirigeant du pays ». Il souligne que « pour les communistes, le chef était le seul qui comptait » et explique leur pensée que l’image d’une nation est souvent basée sur l’image qui donne son dirigeant.

Version anglaise : The Silent War Against America’s Image

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