SANTé

Le guide de la santé du Mahatma Gandhi

Un extrait, traduit de l'hindi par A. RAMA IYER, M.A.
mai 27, 2022 19:42, Last Updated: mai 27, 2022 19:45
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Depuis plus de vingt ans, je porte une attention particulière à la question de la santé. Pendant mon séjour en Angleterre, j’ai dû prendre mes propres dispositions en matière de nourriture et de boisson, et je peux donc dire que mon expérience est tout à fait fiable. Je suis arrivé à certaines conclusions précises à partir de cette expérience, et je les expose maintenant pour le bénéfice de mes lecteurs.

Comme le dit le dicton bien connu : « Mieux vaut prévenir que guérir. » Il est beaucoup plus facile et plus sûr de prévenir la maladie en observant les lois de la santé que d’entreprendre de guérir une maladie provoquée par notre ignorance et notre négligence. Il est donc du devoir de tout homme réfléchi de bien comprendre les lois de la santé, et l’objet des pages qui suivent est de donner un aperçu de ces lois. Nous examinerons également les meilleures méthodes de traitement de certaines des maladies les plus courantes.

Il n’y a rien d’aussi étroitement lié à nous que le corps, mais il n’y a peut‑être rien non plus sur lequel notre ignorance soit aussi profonde, ou notre indifférence aussi complète.

Comme le dit Milton, l’esprit peut faire un enfer du paradis ou un paradis de l’enfer. Le paradis n’est donc pas quelque part au‑dessus des nuages, et l’enfer quelque part sous la terre ! Nous avons cette même idée exprimée dans le dicton sanskrit : « Mana êva Manushayanâm Kâranam Bandha Mokshayoh. » « La captivité ou la liberté de l’homme dépend de l’état de son esprit. » Il s’ensuit que la santé ou la maladie d’un homme dépend de lui‑même. La maladie est le résultat non seulement de nos actions, mais aussi de nos pensées. Comme l’a dit un célèbre médecin, il y a plus de gens qui meurent par peur de maladies comme la variole, le choléra et la peste que par ces maladies elles‑mêmes.

L’ignorance est une des causes fondamentales de la maladie. Très souvent, nous nous laissons déconcerter par les maladies les plus ordinaires par pure ignorance, et dans notre souci de guérir, nous ne faisons qu’empirer les choses. Notre ignorance des lois les plus élémentaires de la santé nous conduit à adopter de mauvais remèdes ou nous pousse à nous mettre entre les mains des plus vils charlatans. Comme il est étrange (et pourtant si vrai) que nous connaissions beaucoup moins les choses proches que les choses lointaines. Nous ne savons presque rien de notre propre village, mais nous pouvons citer par cœur les noms des rivières et des montagnes d’Angleterre ! Nous nous donnons tant de mal pour apprendre le nom des étoiles dans le ciel, alors que nous estimons à peine utile de connaître les choses qui se trouvent dans nos propres maisons ! Nous ne nous soucions pas du tout des splendides spectacles de la nature qui se déroulent sous nos yeux, alors que nous sommes si désireux d’assister à de puériles mascarades au théâtre ! Et, de même, nous n’avons pas honte d’ignorer la structure de notre corps, la façon dont les os et les muscles se développent, comment le sang circule et devient impur, comment nous sommes affectés par les mauvaises pensées et les passions, comment notre esprit voyage dans des espaces et des temps illimités alors que le corps est au repos, et ainsi de suite. Il n’y a rien d’aussi étroitement lié à nous que le corps, mais il n’y a peut‑être rien sur quoi notre ignorance soit aussi profonde, ou notre indifférence aussi complète.

Mais surtout n’oubliez pas, en définitive, que la guérison de votre maladie ne dépend en aucun cas d’un quelconque médecin.

Il est du devoir de chacun d’entre nous de vaincre cette indifférence. Chacun devrait considérer comme son devoir impérieux de connaître les faits fondamentaux concernant son corps. Cet enseignement devrait d’ailleurs être rendu obligatoire dans nos écoles. À l’heure actuelle, nous ne savons pas comment soigner les brûlures légères et les blessures les plus ordinaires, nous sommes impuissants si une épine nous rentre dans le pied, nous sommes effrayés et effarés si nous sommes mordus par un simple serpent ! En réalité, si nous considérons l’ampleur de notre ignorance en la matière, nous devrions baisser la tête et avoir honte. Il est tout simplement absurde d’affirmer que l’homme moyen n’est pas censé connaître ces choses. Les pages qui suivent sont destinées à ceux qui sont prêts à apprendre.

Je ne prétends pas que les faits mentionnés par moi n’ont pas déjà été dits. Mais mes lecteurs trouveront ici, en résumé, le contenu de plusieurs livres sur le sujet. Je suis arrivé à mes conclusions après avoir étudié ces livres, et après une série d’expériences prudentes. En outre, les novices en la matière ne risquent pas d’être déconcertés par les opinions contradictoires des auteurs de ces livres. Un auteur affirme, par exemple, que l’eau chaude doit être utilisée dans certaines circonstances, tandis qu’un autre auteur soutient que, exactement dans les mêmes circonstances, il faut utiliser de l’eau froide. J’ai soigneusement examiné les opinions contradictoires de ce type afin que mes lecteurs puissent être assurés de la fiabilité de mes propres opinions.

Nous avons pris l’habitude de faire appel à un médecin pour les maladies les plus banales. Lorsque notre médecin habituel n’est pas disponible, nous suivons les conseils de simples charlatans. Nous souffrons de l’illusion fatale qu’aucune maladie ne peut être guérie sans médicament. Cette illusion a été responsable de plus de malheurs pour l’humanité que tout autre mal. Il est bien sûr nécessaire que nos maladies soient soignées, mais elles ne peuvent l’être par des médicaments. Non seulement les médicaments sont inutiles, mais ils sont parfois même vraiment dangereux. Pour un homme malade, prendre des drogues et des médicaments est aussi insensé que d’essayer de recouvrir la saleté qui s’est accumulée à l’intérieur de la maison. Plus on recouvre la saleté, plus la putréfaction s’accélère. Il en va de même pour le corps humain. La maladie n’est qu’un avertissement de la nature indiquant qu’une saleté s’est accumulée dans l’une ou l’autre partie du corps ; et la sagesse consiste certainement à permettre à la nature d’éliminer la saleté, au lieu de la couvrir à l’aide de médicaments. Ceux qui prennent des médicaments rendent en réalité la tâche de la Nature doublement difficile. En revanche, il nous est facile d’aider la Nature dans sa tâche en nous rappelant certains principes élémentaires, en jeûnant, par exemple, pour que la saleté ne s’accumule pas davantage, et en faisant de l’exercice vigoureux à l’air libre, pour qu’une partie de la saleté s’échappe sous forme de transpiration. Et la chose la plus nécessaire est de garder notre esprit strictement sous contrôle.

Nous constatons par expérience que, lorsqu’un flacon de médicaments s’introduit dans une maison, il n’est pas prêt d’en sortir, mais cela attire davantage d’autres flacons dans son sillage. Nous rencontrons d’innombrables êtres humains qui sont affligés par une maladie ou une autre tout au long de leur vie, malgré leur dévotion pathétique aux médicaments. Ils suivent aujourd’hui le traitement d’un tel médecin, demain celui d’un tel autre. Ils passent toute leur vie à chercher en vain un médecin qui les guérira pour de bon. Comme le disait le regretté juge Stephen (qui a séjourné quelque temps en Inde), il est vraiment étonnant que des médicaments dont on sait si peu de choses soient appliqués par des médecins à des corps dont ils savent encore moins de choses ! Certains des plus grands médecins de l’Occident eux‑mêmes en sont venus à partager cette opinion. Sir Astley Cooper, par exemple, admet que la « science » de la médecine n’est, la plupart du temps, que de la devinette. Les docteurs Baker et Frank soutiennent que les médicaments font plus de victimes que les maladies, et le docteur Masongood va jusqu’à dire que plus d’hommes ont été victimes de la médecine que de la guerre, de la famine et de la peste réunies !

L’expérience montre également que dans tel endroit, les maladies augmentent proportionnellement à l’augmentation du nombre de médecins. La demande de médicaments est devenue si répandue que même les journaux les plus médiocres sont sûrs de recevoir au moins des annonces de médicaments de charlatan. Dans un livre récent sur les médicaments brevetés, on nous dit que les sels et les sirops de fruits, que nous payons de 2 à 5 roupies, ne coûtent à leurs fabricants qu’un quart d’anna à un anna (une roupie = 16 annas) ! Il n’est donc pas étonnant que leur composition soit si scrupuleusement gardée secrète.

Nous assurons donc nos lecteurs qu’il n’est absolument pas nécessaire qu’ils aient recours à l’aide des médecins. À ceux, cependant, qui ne seraient pas disposés à boycotter complètement les médecins et les médicaments, nous dirons : « Autant que possible, ayez l’âme patiente, et n’importunez pas les médecins. Si vous êtes finalement obligés de faire appel à un médecin, assurez‑vous d’en trouver un bon. Suivez ensuite ses instructions à la lettre et ne faites pas appel à un autre médecin, sauf sur son propre conseil. Mais n’oubliez pas, surtout, que la guérison de votre maladie ne repose pas en dernier ressort d’un médecin. »

La signification de la santé

D’ordinaire, on considère comme sain l’homme qui mange bien, qui bouge suffisamment et qui ne fait pas appel à un médecin. Mais un peu de réflexion nous convaincra que cette idée est fausse. Il existe de nombreux cas d’hommes qui sont malades tout en s’alimentant correctement et en faisant de l’exercice. Ils s’imaginent être en bonne santé simplement parce qu’ils sont trop indifférents pour vraiment réfléchir à la question.

En fait, sur l’ensemble de la planète, il est peu probable qu’il existe ne serait‑ce qu’un seul homme en parfaite santé.

Comme on l’a bien dit, seul l’homme qui a un esprit sain dans un corps sain peut être considéré comme réellement sain. La relation entre le corps et l’esprit est si intime que, si l’un des deux se dérègle, c’est tout l’ensemble qui en souffre. Prenons l’analogie d’une fleur, une rose. Sa couleur correspond à son parfum de la même manière que le corps correspond à l’esprit ou à l’âme. Personne ne considère une fleur artificielle en papier comme un substitut réel à une fleur naturelle, pour la raison évidente que le parfum, qui constitue l’essence de la fleur, ne peut être reproduit. De même, nous honorons instinctivement l’homme à l’esprit pur et au caractère noble, de préférence à l’homme simplement fort physiquement. Bien sûr, le corps et l’âme sont tous deux essentiels, mais l’âme est bien plus importante que le corps. Aucun homme dont le caractère n’est pas pur ne peut être considéré comme réellement sain. Le corps qui contient un esprit malade ne peut être que malade. Il s’ensuit qu’un caractère pur est le fondement de la santé dans le vrai sens du terme, et nous pouvons dire que toutes les mauvaises pensées et les mauvaises passions ne sont que des formes différentes de la maladie.

Ainsi considéré, nous pouvons conclure que seul est parfaitement sain l’homme dont le corps est bien formé, dont les dents ainsi que les yeux et les oreilles sont en bon état, dont le nez est exempt de toute matière sale, dont la peau exsude la transpiration librement et sans aucune mauvaise odeur, dont la bouche est également exempte de mauvaises odeurs, dont les mains et les jambes remplissent correctement leur fonction, qui n’est ni trop gros ni trop maigre, et dont l’esprit et les sens sont constamment sous son contrôle. Comme nous l’avons déjà dit, il est très difficile d’acquérir une telle santé, mais il est encore plus difficile de la conserver, une fois qu’elle est acquise. La principale raison pour laquelle nous ne sommes pas vraiment en bonne santé est que nos parents ne l’étaient pas. Un grand écrivain a dit que, si les parents sont en parfaite santé, leurs enfants leur seront certainement supérieurs à tous égards. Un homme en parfaite santé n’a aucune raison de craindre la mort, notre terrible peur de la mort montre que nous sommes loin d’être aussi sains. Il est pourtant de notre devoir à tous de tendre vers une santé parfaite. Nous allons donc examiner dans les pages qui suivent comment atteindre une telle santé et comment, une fois atteinte, la conserver pour toujours.

Le corps humain

Le monde est composé des cinq éléments : la terre, l’eau, l’air, le feu et l’éther. Il en va de même pour notre corps. Il s’agit d’une sorte de monde en miniature. C’est pourquoi le corps a besoin de tous les éléments dans des proportions voulues : terre pure, eau pure, feu pur ou lumière du soleil, air pur et espace libre. Lorsque l’un de ces éléments n’atteint pas sa juste proportion, le corps est malade.

Le corps est composé de peau et d’os, ainsi que de chair et de sang. Les os constituent la charpente du corps, sans eux, nous ne pourrions pas nous tenir droit et nous déplacer. Ils protègent les parties molles du corps. Ainsi, le crâne protège le cerveau, tandis que les côtes protègent le cœur et les poumons. Les médecins ont dénombré 238 os dans le corps humain. L’extérieur des os est dur, mais l’intérieur est mou et creux. Lorsqu’il y a une articulation entre deux os, il y a une couche de moelle, ce qui peut être considéré comme un os mou. Les dents, elles aussi, sont à compter parmi les os.

Lorsque nous touchons la chair à certains endroits, nous constatons qu’elle est dure et élastique. Cette partie de la chair s’appelle le muscle. Ce sont les muscles qui nous permettent de plier et de déplier nos bras, de bouger nos mâchoires et de fermer les yeux. C’est encore au moyen des muscles que nos organes de perception font leur travail.

Il n’est pas du ressort de cet ouvrage de donner un compte‑rendu détaillé de la structure du corps, et l’auteur actuel n’a pas non plus les connaissances suffisantes pour le faire. Nous nous contenterons donc de donner les informations essentielles à notre objectif actuel.

La partie la plus importante du corps est l’estomac. Si l’estomac cesse de fonctionner, ne serait‑ce qu’un seul instant, le corps tout entier s’effondre. Le travail de l’estomac est de digérer les aliments et de fournir ainsi de la nourriture au corps. Sa relation avec le corps est la même que celle de la machine à vapeur avec le train. Le suc gastrique produit dans l’estomac favorise l’assimilation des éléments nutritifs contenus dans les aliments, les déchets étant évacués par les intestins sous forme d’urine et de fèces. À gauche de la cavité abdominale se trouve la rate, tandis qu’à droite de l’estomac se trouve le foie, dont la fonction est la purification du sang et la sécrétion de la bile, si utile à la digestion.

Dans l’espace creux délimité par les côtes se trouvent le cœur et les poumons. Le cœur est situé entre les deux poumons, mais plus à gauche qu’à droite. Il y a en tout 24 os dans la poitrine, l’action du cœur peut être ressentie entre la cinquième et la sixième côte. Les poumons sont reliés à la trachée. L’air que nous inspirons est amené dans les poumons par la trachée, et le sang est purifié par celle‑ci. Il est de la plus haute importance de respirer par le nez, plutôt que par la bouche.

Toutes les activités du corps dépendent de la circulation du sang. C’est le sang qui nourrit le corps. Il extrait les éléments nutritifs de la nourriture et rejette les déchets par les intestins, ce qui permet au corps de rester chaud. Le sang circule sans cesse dans tout le corps, le long des veines et des artères. [Les battements du pouls sont dus à la circulation du sang. Le pouls d’un homme adulte normal bat environ 75 fois par minute. Le pouls des enfants bat plus vite, tandis que celui des hommes âgés est plus lent.

L’air est le principal agent qui maintient le sang pur. Lorsque le sang retourne dans les poumons après avoir fait un tour complet du corps, il est impur et contient des éléments toxiques. L’oxygène de l’air que nous inhalons purifie ce sang et y est assimilé, tandis que l’azote absorbe les matières toxiques et est expiré. Ce processus se poursuit sans cesse. L’air ayant une fonction très importante à remplir dans le corps, nous consacrerons un chapitre séparé à son examen détaillé.

Pensées

Une question que je me suis posée à maintes reprises, au cours de la rédaction de ce livre, est de savoir pourquoi je devais l’écrire. Est‑il justifié qu’un homme comme moi, qui n’est pas médecin et dont la connaissance des sujets traités dans ces pages est nécessairement imparfaite, tente d’écrire un livre de ce genre ?

Ma défense est la suivante. La « science » de la médecine est elle‑même basée sur des connaissances imparfaites, la plupart d’entre elles n’étant que du charlatanisme. Mais ce livre, en tout cas, a été inspiré par les motifs les plus purs. Il ne s’agit pas tant de montrer comment guérir les maladies que d’indiquer les moyens de les prévenir. Et un peu de réflexion montrera que la prévention des maladies est une affaire relativement simple, ne nécessitant pas de grandes connaissances spécialisées, bien que la mise en pratique de ces principes soit loin d’être facile. Notre but a été de montrer l’unité de l’origine et du traitement de toutes les maladies, afin que tous les gens puissent apprendre à traiter eux‑mêmes leurs maladies lorsqu’elles surviennent, comme c’est souvent le cas, à travers le grand soin apporté à l’observation des lois de la santé.

Mais, après tout, pourquoi la bonne santé est‑elle si essentielle, si ardemment recherchée ? Notre comportement ordinaire semble indiquer que nous attachons peu de valeur à la santé. Si la santé doit être recherchée pour que nous puissions nous adonner au luxe et au plaisir, ou nous enorgueillir de notre corps et le considérer comme une fin en soi, alors il vaudrait mieux que nous ayons un corps souillé de mauvais sang, de graisse et autres.

Toutes les religions sont d’accord pour considérer le corps humain comme une demeure de Dieu. Notre corps nous a été donné dans l’idée que nous devrions avec son soutien servir Dieu avec dévotion. Il est de notre devoir de le garder pur et sans tache, de l’intérieur comme de l’extérieur, afin de le rendre au Donneur, le moment venu, dans l’état de pureté dans lequel nous l’avons reçu. Si nous remplissons les conditions du contrat à la satisfaction de Dieu, il nous récompensera sûrement et fera de nous les héritiers de l’immortalité.

Les corps de tous les êtres créés ont été dotés des mêmes sens, de la même capacité de voir, d’entendre, de sentir et autres, mais le corps humain est suprême parmi tous, et c’est pourquoi nous l’appelons « Chintamani », ou [p 144] donneur de tout bien. L’homme seul peut adorer Dieu en toute connaissance et compréhension. Lorsque la dévotion à Dieu est dépourvue de compréhension, il ne peut y avoir de véritable salut, et sans salut, il ne peut y avoir de véritable bonheur. Le corps ne peut être d’une réelle utilité que lorsque nous le considérons comme un temple de Dieu et que nous l’utilisons pour le culte de Dieu, sinon, il n’est rien de plus qu’un vase sale fait d’os, de chair et de sang, et l’air et l’eau qui en sortent sont pires que du poison. Les choses qui sortent du corps par les pores et les autres passages sont si sales que nous ne pouvons pas les toucher ni même y penser sans dégoût, et il faut un très grand effort pour les garder relativement propres. N’est‑il pas honteux que, pour le bien de ce corps, nous nous abaissions à la fausseté et à la tromperie, à des pratiques licencieuses et pires encore ? N’est‑il pas également honteux que, pour assouvir ces vices, nous soyons si désireux de préserver à tout prix cette fragile structure qui est la nôtre ?

C’est la vérité en ce qui concerne notre corps, car les choses qui sont les meilleures ou les plus utiles ont en elles les capacités d’un mal correspondant. Sinon, nous ne serions guère en mesure de les apprécier à leur juste valeur. La lumière du soleil, qui est la source de notre vie, et sans laquelle nous ne pouvons vivre une heure, est aussi capable de réduire tout en cendres. De même, un roi peut faire un bien infini à ses sujets, ou être la source d’un malheur incalculable. En effet, le corps peut être un bon serviteur, mais, lorsqu’il devient un maître, ses pouvoirs de nuisance sont illimités.

Une lutte incessante se déroule en nous entre notre âme et Satan pour le contrôle de notre corps. Si l’âme prend l’ascendant, le corps devient un instrument de bien très puissant, mais si le diable est victorieux dans la lutte, il devient un foyer de vice. L’enfer lui‑même serait préférable au corps esclave du vice, constamment rempli de matières en décomposition et dégageant des odeurs nauséabondes, dont les mains et les pieds sont employés à des actions indignes, dont la langue est employée à manger des choses qu’il ne faut pas manger ou à proférer des paroles qu’il ne faut pas prononcer, dont les yeux sont employés à voir ce qu’il ne faut pas voir, dont les oreilles sont employées à entendre ce qu’il ne faut pas entendre, et dont le nez est employé à sentir ce qu’il ne faut pas sentir. Mais, alors que personne ne prend l’enfer pour le paradis, notre corps, que nous rendons pire que l’enfer, est, étrangement, considéré par nous comme presque céleste ! Si monstrueuse est notre vanité, et si pitoyable notre orgueil, en cette matière ! Ceux qui se servent d’un palais comme d’une [p 146] latrine, ou vice‑versa, doivent certainement récolter le fruit de leur folie. De même, si, alors que notre corps est réellement entre les mains du diable, nous nous imaginons jouir d’une véritable santé, nous ne pourrons nous en prendre qu’à nous‑mêmes au moment des terribles conséquences, qui ne manquera pas d’arriver.

En conclusion, notre tentative dans ces pages a donc été d’enseigner la grande vérité que la santé parfaite ne peut être atteinte qu’en vivant dans l’obéissance aux lois de Dieu, et en défiant le pouvoir de Satan. Le vrai bonheur est impossible sans la vraie santé, et la vraie santé est impossible sans une surveillance stricte du palais. Tous les autres sens seront automatiquement sous contrôle lorsque le palais sera sous contrôle. Et celui qui a conquis ses sens a réellement conquis le monde entier, et il devient une partie de Dieu. Nous ne pouvons pas réaliser Rama en lisant le Ramayana, ou Krishna en lisant la Gita, ou Dieu en lisant le Coran, ou le Christ en lisant la Bible. Le seul moyen de les réaliser est de développer un caractère pur et noble. Le caractère est basé sur l’action vertueuse, et l’action vertueuse est fondée sur la Vérité. La vérité est donc la source et le fondement de tout ce qui est bon et grand. Par conséquent, une poursuite intrépide et inébranlable de l’idéal de vérité et de droiture est le point central de la véritable santé comme de tout le reste. Et si nous avons réussi (même si c’est dans une faible mesure) à faire comprendre ce grand fait à notre lecteur, le but de la rédaction de ces pages aura été largement atteint.

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