Guterres quitte la Libye « profondément inquiet », combats près de Tripoli

6 avril 2019 00:10 Mis à jour: 5 avril 2019 21:19

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « profondément inquiet » vendredi en quittant la Libye, où de violents combats ont éclaté entre les forces de Khalifa Haftar et celles du gouvernement de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale, au sud de Tripoli.

Face au risque d’embrasement, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir en urgence à 19H00 GMT à la demande du Royaume-Uni, pour discuter de la situation dans cet Etat pétrolier d’Afrique du nord, après des appels internationaux à la retenue. Depuis le renversement en 2011 de Mouammar Kadhafi tué après huit mois de révolte, la Libye est plongée dans le chaos avec la présence de nombreuses milices ainsi que deux autorités rivales qui se disputent le pouvoir depuis 2015: le Gouvernement d’union nationale (GNA) dans l’ouest et l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar dans l’est.

Au lendemain d’une rencontre avec Fayez al-Sarraj (GNA) à Tripoli, M. Guterres a rencontré à Benghazi (est) son principal rival, le maréchal Haftar (ANL), avec l’objectif, selon le patron de l’ONU, d’« éviter une confrontation militaire ».« Je quitte la Libye avec une profonde inquiétude et un cœur lourd », a déclaré M. Guterres à l’aéroport de Benghazi (est), peu après sa rencontre avec le maréchal Haftar, « espérant toujours qu’il est possible d’éviter une confrontation sanglante à Tripoli et dans ses environs ». 

Jeudi, les pro-Haftar ont lancé une offensive pour prendre Tripoli et progressé en direction de la capitale. Mais vendredi avant l’aube, ils ont été chassés après un « court accrochage » à un barrage à 27 km à l’ouest de Tripoli, selon une source de sécurité. Des dizaines de combattants pro-Haftar ont été faits prisonniers. Selon un journaliste de l’AFP sur place, M. Sarraj, accompagné de commandants militaires, s’est rendu ensuite au barrage de sécurité, dans un convoi d’une vingtaine de véhicules, dont des pick-up armés de canons anti-aériens. Il a échangé avec les hommes armés avant de reprendre la route vers Tripoli.

L’ANL a pris position dans des régions qui lui sont acquises, notamment autour des villes de Gharian et Al-Assabaa (à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli), sans opérer de percée notable.  En fin de journée, de premiers combats significatifs ont éclaté entre les deux camps à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tripoli. Selon une source de sécurité du GNA, les combats se déroulent à Soug al-Khamis, al-Saeh et Soug al-Sabt, une zone de fermes agricoles.  Le bureau média de l’ANL a pour sa part fait état sur sa page Facebook « de violents affrontements à la périphérie de Tripoli ».

Jeudi, Khalifa Haftar a ordonné à ses forces d’« avancer » en direction de Tripoli. « L’heure a sonné », a-t-il dit dans un message audio, promettant d’épargner les civils, les « institutions de l’Etat » et les ressortissants étrangers. Avant lui, le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l’ANL, avait annoncé mercredi cette offensive pour « purger l’ouest » libyen « des terroristes et des mercenaires ». La force de protection de Tripoli, une coalition de milices fidèles au GNA, avait aussitôt annoncé une contre-offensive.

De puissants groupes armés de la ville de Misrata (ouest), loyaux au GNA, se sont dits « prêts à stopper l’avancée maudite » des pro-Haftar. Craignant un embrasement, le Kremlin a mis en garde contre une « reprise du bain de sang » et appelé à un règlement « pacifique et politique » du conflit. Avant la Russie, Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont appelé les protagonistes libyens à faire baisser les tensions et à trouver une solution politique.

Le Canada et la Tunisie, pays voisin de la Libye, ont aussi exprimé leurs inquiétudes, et l’Allemagne a appelé à cesser « les opérations militaires immédiatement ».  La nouvelle escalade est intervenue avant une Conférence nationale sous l’égide de l’ONU prévue mi-avril à Ghadamès (sud-ouest), afin de dresser une « feuille de route » avec la tenue d’élections pour tenter de sortir le pays de l’impasse. Les efforts diplomatiques des dernières années n’ont pas permis une réelle percée en vue d’une solution politique.

« Le risque d’embrasement est accru », a jugé Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut Clingendael de La Haye. « Prendre Tripoli  reste une possibilité » pour Khalifa Haftar, appuyé par des pays du Golfe, avance-t-il, faisant allusion aux Emirats arabes unis et à l’Arabie saoudite, où il a été reçu fin mars. Outre l’est libyen, les pro-Haftar contrôlent des pans de la vaste région désertique du sud, dont Sebha, chef-lieu de la région, ainsi qu’un des plus importants champs pétroliers du pays, à al-Charara.

D.C avec AFP

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