Des améliorations sont à prévoir dans l’Éducation nationale pour mieux traiter les questions de harcèlement car les dispositifs de lutte contre ce phénomène ne sont « pas encore suffisamment connus » dans les établissements scolaires, a souligné mercredi la médiatrice de l’Éducation.
« Le harcèlement entre élèves n’était pas un sujet de sollicitation très fréquent mais il est devenu aujourd’hui un motif de saisine récurrent de la médiation », explique Catherine Becchetti-Bizot, médiatrice de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur à l’AFP.
11% des saisines concerne une situation de harcèlement
Sur un total de près de 4600 saisines à l’origine des conflits dans les établissements en 2022, 11% font mention d’une situation de harcèlement, souligne le rapport de Mme Becchetti-Bizot et ses équipes, dévoilé mercredi.
« En un an, on constate une hausse de 69%, probablement parce que le médiateur apparait de plus en plus comme un interlocuteur naturel dans les situations de mal-être ou de conflits au quotidien, et parce que les familles, très éprouvées, ont beaucoup de mal à entrer dans un dialogue direct avec les autorités locales (directeurs d’école, IEN, équipe éducative,etc.) », complète la médiatrice.
Au cours de l’élaboration de son rapport, Catherine Becchetti-Bizot a été « frappée » par « l’âge des enfants concernés par le harcèlement ». « Cela commence chez les petits. Les faits recensés concernent majoritairement des enfants scolarisés en fin d’école élémentaire », précise-t-elle.
Selon la médiatrice, « la volonté politique de remédier au harcèlement se heurte à d’importantes difficultés pour déployer l’information et former les équipes. Le réseau d’appui (référents, équipes ressources, réseaux départementaux d’intervention) mis en place pour prévenir et repérer les situations de harcèlement n’est pas encore suffisamment connu », regrette-t-elle.
Mieux communiquer autour du programme « Phare »
Catherine Becchetti-Bizot fait notamment allusion au programme « Phare » de lutte contre le harcèlement à l’école. Mis en place en 2019 et expérimenté pendant deux ans dans six académies, ce programme a été généralisé cette année dans toutes les écoles et collèges. Selon le ministère de l’Éducation, 91% des collèges et 64% des écoles sont aujourd’hui inscrits dans ce dispositif.
La médiatrice recommande ainsi d’ « évaluer la mise en œuvre du programme Phare », « identifier les freins à son déploiement et faire des propositions pour faciliter et accélérer son appropriation par les équipes de terrain » et enfin « mieux faire connaître l’ensemble des circuits de signalement existant en établissements, dans les services déconcentrés comme au niveau national, en intégrant par exemple une infographie dans chaque carnet de correspondance et dans chaque espace numérique de travail (ENT) ».
Erigé en priorité nationale après le suicide en mai de Lindsay, 13 ans, le harcèlement scolaire fera l’objet d’une grande campagne nationale de prévention à la rentrée de septembre, a promis le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye.
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