Les parents de Nicolas, l’adolescent de Poissy (Yvelines) qui s’est suicidé à la rentrée après s’être plaint de harcèlement, se sont dit « outrés et effarés », à propos des réponses que leur a faites l’administration, à qui le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal promet un « électrochoc à tous les niveaux ».
« Nous avons été outrés et effarés de recevoir de telles lettres », a déclaré la mère du lycéen, Béatrice, dans un échange écrit dimanche avec l’AFP. « Nous, le papa de Nicolas et moi-même, nous ne comprenions pas. Nous ne comprenons toujours pas », a-t-elle confié.
Devant les recteurs réunis exceptionnellement lundi après-midi, M. Attal a promis un « électrochoc à tous les niveaux » dans la lutte contre le harcèlement scolaire. « Mon rôle, votre rôle, n’est pas de protéger une Institution à tout prix, mais de protéger à tout prix nos élèves, nos enfants », a-t-il déclaré selon des propos rapportés par son entourage.
Un audit dans chaque académie
Un audit sur la gestion des cas de harcèlement de septembre 2022 à septembre 2023 sera lancé dans chaque académie. Les conclusions sont attendues dans quatre semaines. Les résultats de la lutte contre le harcèlement menée par les rectorats seront évalués chaque année. Des moyens humains seront dégagés.
Dans des échanges de courriers entre la famille, le proviseur de son lycée de Poissy et le rectorat de Versailles, révélés samedi par BFMTV, le rectorat jugeait « inacceptables » des propos des parents qui auraient « remis en cause » l’attitude des personnels de l’établissement. Il demandait également aux parents d’adopter une « attitude constructive et respectueuse » à son égard, en leur rappelant les risques pénaux d’une dénonciation calomnieuse. Le ton de ces missives a suscité de vives réactions du gouvernement samedi. La Première ministre Élisabeth Borne l’a qualifié de « choquant » et Gabriel Attal de « honte ».
« Savoir exactement ce qui s’est passé »
Nicolas, 15 ans, s’est suicidé le 5 septembre. Un an auparavant, peu après la rentrée 2022, ses parents avaient signalé à l’équipe pédagogique du lycée de Poissy qu’il était harcelé. Après un premier rendez-vous avec l’équipe pédagogique, les parents ont envoyé un nouveau courrier au proviseur. Ils l’informaient qu’une main courante avait été déposée. Mais ils n’ont reçu en réponse que les lettres rendues publiques samedi.
À la rentrée, Nicolas avait changé d’établissement. « Cet été, il était heureux de passer des vacances avec moi. Il devait faire un CAP en alternance en électricité. À la rentrée, il était stressé parce qu’il commençait quelque chose de nouveau », a rapporté Béatrice. Une enquête administrative a été diligentée et doit rendre ses conclusions sous 15 jours. Pour Nora Fraisse, fondatrice de l’association de lutte contre le harcèlement Marion la main tendue, « ce genre de courriers où se mêlent culpabilité et parfois menace d’enquête sociale sont malheureusement fréquemment envoyés dans ces cas-là ».
Après un suicide, il est « normal » qu’un tel courrier « choque », a estimé de son côté Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT. Il faut cependant « attendre les résultats de l’enquête administrative » pour « savoir exactement ce qui s’est passé », a-t-elle souligné. Pour Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, principal syndicat des chefs d’établissements, « l’académie de Versailles a vécu le drame Samuel Paty et il y a donc une protection et un soutien des personnels peut-être plus rapides qu’ailleurs ».
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