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Harcèlement scolaire : après le suicide d’Evaëlle, 11 ans, une enseignante mise en examen

septembre 25, 2020 14:11, Last Updated: septembre 25, 2020 20:15
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Parce qu’elle ne supportait plus le harcèlement scolaire de certains camarades et de sa professeure de français, Evaëlle, 11 ans, s’était suicidée à Herblay (Val-d’Oise) en 2019. Plus d’un an plus tard, l’enseignante a été mise en examen, avec interdiction d’exercer.

La décision est intervenue quelques jours après la rentrée des classes, le 4 septembre : une juge d’instruction du tribunal de Pontoise a mis en examen la professeure de collège pour « harcèlement sur mineur de 15 ans ».

Placée sous contrôle judiciaire, cette quinquagénaire expérimentée est également soumise à une interdiction d’exercer et une obligation de soins en attendant la suite de la procédure, selon une source proche du dossier.

L’enseignante a, par ailleurs, été mise en examen pour des faits supposés de harcèlement, commis entre 2016 et 2019, envers trois autres élèves, selon une source proche du dossier. Il lui est reproché de les avoir humiliés régulièrement, devant la classe, en prononçant des phrases lapidaires.

Contacté par l’AFP, le père d’Evaëlle, Sébastien D. a estimé que cette mise en examen constituait « une première reconnaissance de ce qu’a subi » sa fille. « L’autre chose importante, c’est qu’elle ne soit plus en face d’enfants, ce que nous avions déjà demandé dans un courrier à l’Éducation nationale un mois avant sa mort », a-t-il ajouté.

Une information judiciaire contre X pour homicide involontaire

Evaëlle s’était suicidée le 25 juin 2019 dans leur pavillon à Herblay, en grande banlieue parisienne. Cinq mois plus tard, le parquet de Pontoise avait ouvert une information judiciaire contre X pour homicide involontaire et, contre l’enseignante et plusieurs élèves, pour harcèlement moral.

Le cauchemar d’Evaëlle, décrite comme « précoce et extravertie » par ses parents, avait débuté dès la rentrée 2018. Pour une histoire de cartable trop lourd, un conflit s’était noué avec cette enseignante qui avait fait d’elle sa « tête de turc », selon ses parents.

Ils l’accusent de n’avoir rien fait contre le harcèlement dont leur fille était victime de la part de camarades – certains jusqu’à la pousser sur la chaussée quand arrive le bus – voire de l’avoir encouragé. Pendant des mois, les parents de cette collégienne de 6e avaient alerté la direction de l’établissement, puis l’inspection académique.

En novembre 2018 déjà, l’adolescente avait illustré son désespoir en tentant de mettre le feu à la maison.

« L’établissement avait mis en place plusieurs actions pour faire cesser cette situation : entretien avec les élèves concernés, exclusion temporaire d’un élève, suivi de ces élèves durant l’année, formation des enseignants à la méthode de la préoccupation partagée », a affirmé vendredi le rectorat de Versailles.

Evaëlle avait particulièrement mal vécu deux séances de vie de classe, avec son enseignante de français, spécialement dédiées à son cas sur le thème : « Pourquoi Evaëlle se sent-elle harcelée ? » « Ça a viré au tribunal populaire », avait alors confié son père à l’AFP.

Malgré un changement d’établissement scolaire, la jeune fille, suivie alors par un psychologue, avait été de nouveau confrontée au comportement violent d’un camarade dans son nouveau collège. Une « goutte d’eau », avait expliqué sa mère, qui lui a fait craindre de « revivre la même chose » et avait scellé son passage à l’acte.

L’Éducation nationale a indemnisé la famille au titre du préjudice moral, a indiqué le rectorat de Versailles. En échange, les parents se sont engagés à ne pas poursuivre pénalement l’État, rappelle leur avocate, qui précise que l’enquête se poursuit pour déterminer d’autres responsabilités éventuelles.

« Nous sommes aux côtés de la famille », a affirmé vendredi le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer sur franceinfo, assurant prendre le sujet du harcèlement scolaire « très au sérieux ».

Un hommage à Evaëlle est prévu au collège Isabelle-Autissier à Herblay le 5 novembre, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre le harcèlement, un fléau qui touche un enfant sur dix.

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