Certains ne sont pas impressionnés par le fait que le nouveau ministre canadien de la Justice semble minimiser les inquiétudes face au taux de criminalité dans le pays.
Le 31 juillet, Arif Virani, député de la circonscription torontoise de Parkdale-High Park, nommé ministre de la Justice lors du remaniement ministériel de la semaine dernière, a été cité dans un article de Reuters, déclarant qu’il était peu probable que les Canadiens soient plus exposés au risque de criminalité.
« Je pense qu’empiriquement, c’est peu probable … mais je pense que la pandémie donne l’impression que la sécurité des gens est plus menacée », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant que les gens se sentent plus en danger.
Le député conservateur Dan Albas a affirmé que le commentaire de M. Virani était un « exemple de l’absence de contact du gouvernement libéral de M. Trudeau ».
« L’augmentation de la criminalité est une réalité qui affecte de nombreux Canadiens. Il ne s’agit pas d’un problème de ‘perception’, comme le prétend à tort le nouveau ministre », a publié M. Albas sur Twitter.
Le chef de l’association de la police de Toronto (TPA) a indiqué qu’il ne faisait aucun doute que la criminalité était en hausse dans certaines régions du pays, y compris dans la plus grande ville du Canada.
« Je pense que la réalité est qu’ici à Toronto, les crimes violents ont augmenté », a déclaré Jon Reid, président de la TPA, à Epoch Times. « Je pense que la réalité est que les crimes sont de plus en plus violents et de plus en plus effrontés ».
Toutefois, M. Reid a ajouté que la perception fait également partie du problème, car les habitants de Toronto ne se sentent pas aussi en sécurité qu’avant.
« Si […] les électeurs (du ministre de la Justice Arif Virani) ici à Toronto ne se sentent pas en sécurité … c’est un problème, et je pense que c’est l’un des éléments clés qu’il devra prendre en compte dans son évaluation de la façon dont il va procéder ensuite », a-t-il affirmé.
Des chiffres publiés récemment confirment l’augmentation de la criminalité, que ce soit à court ou à long terme.
Le 27 juillet, Statistique Canada a publié l’Indice de gravité de la criminalité (IGC) annuel.
« L’IGC de la violence a augmenté en 2022, atteignant son point le plus élevé depuis 2007 », a déclaré StatCan dans son introduction aux chiffres. « Les augmentations consécutives enregistrées dans l’ensemble de l’IGC pourraient indiquer un retour à la tendance à la hausse de la criminalité observée avant le début de la pandémie. »
L’IGC global du Canada a augmenté de 4,27 % en 2022, après avoir augmenté de 1,27 % en 2021. Mais l’indice de gravité des crimes violents, qui mesure la fréquence et la gravité des crimes violents, a augmenté de 4,61 % en 2022 après une hausse de 6,12 % en 2021, soit un bond de quelque 11 % en deux ans, selon StatCan.
Si l’on considère la moyenne décennale, de 2013 à 2022, l’indice de gravité des crimes violents à l’échelle nationale est passé d’un peu plus de 74 à plus de 97, soit un bond d’environ 32 %.
Cette tendance se retrouve dans diverses régions du pays.
À Toronto, par exemple, l’indice de gravité des crimes violents a bondi de 15 % en 2022, alors qu’il avait baissé d’autant pendant la pandémie. Et depuis 2013, le taux global de crimes violents à Toronto a tendance à augmenter, passant d’un indice de gravité de 68 en 2013 à plus de 75 en 2022.
Pour la police, les types de crimes qu’elle observe changent également.
M. Reid a évoqué la mort de Karolina Huebner-Makurat, tuée par une balle perdue à Toronto le 7 juillet.
« Nous avons eu une mère de deux enfants qui s’occupait de ses affaires et vaquait à ses occupations quotidiennes et qui a été tuée par balle. À Danzig [Street], deux personnes ont été impliquées dans une fusillade et un autre spectateur a été abattu, mais il n’est heureusement pas décédé. Voilà certaines des choses sur lesquelles nous devons vraiment nous pencher », a-t-il déclaré.
Et souvent, selon M. Reid, ils découvrent que les suspects ont été libérés sous caution.
« Trop souvent, nous nous retrouvons dans des situations où les individus impliqués dans ces crimes sont déjà en liberté sous caution, qu’il s’agisse d’une caution pour une arme à feu ou pour une autre série d’événements violents, et je pense que c’est là que nous devons vraiment concentrer une grande partie de notre énergie en ce qui concerne la réforme de la mise en liberté sous caution », a-t-il déclaré.
Dans l’interview accordée à Reuters, M. Varini aurait déclaré qu’il envisagerait une réforme de la mise en liberté sous caution.
Le gouvernement fédéral a modifié la loi sur la mise en liberté sous caution en 2019 et, depuis lors, de nombreuses provinces se sont plaintes du fait qu’il était plus facile pour les personnes accusées de crimes graves d’être libérées dans l’attente de leur procès.
En juillet, les premiers ministres du Canada ont appelé à une réforme de la mise en liberté sous caution lors de leur réunion à Winnipeg.
Pour M. Reid, cette réforme ne saurait tarder.
« À l’heure actuelle, il ne semble pas y avoir beaucoup de répercussions. Nous avons des individus impliqués dans des crimes violents, ils savent qu’ils vont être libérés sous caution », a-t-il indiqué. « Ce n’est donc pas très grave. Il faut vraiment qu’il y ait des conséquences ».
M. Reid a déclaré que la TPA prévoyait de continuer à faire pression et à s’engager auprès des gouvernements, afin que le problème ne soit pas oublié.
« Je pense qu’il est important de continuer à sensibiliser les gens », a-t-il déclaré. « J’ai parfois l’impression qu’à moins que quelqu’un ne soit directement touché, ces fusillades et ces meurtres semblent presque normaux de nos jours, alors que nous ne pouvons pas permettre qu’ils deviennent normaux. »
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