SANTé MENTALE

Hausse des taux d’autisme : au-delà de la génétique et du diagnostic

juin 26, 2024 16:58, Last Updated: juillet 9, 2024 0:35
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Bien que le nombre de diagnostics d’autisme chez les enfants soit en forte hausse, de nombreux cas ont pu être inversés grâce à des changements de régime, de mode de vie et de thérapie.

La communauté médicale attribue souvent l’augmentation des taux d’autisme à l’amélioration des diagnostics et aux prédispositions génétiques. Cependant, en tant que pédiatre holistique très impliqué dans la santé des enfants, j’observe une tendance inquiétante qui indique que nous négligeons peut-être les problèmes sous-jacents plus vastes.

En Californie, où les taux d’autisme sont parmi les plus élevés au monde, atteignant 1 enfant sur 22, la conversation semble s’éloigner de la responsabilité personnelle pour nous permettre de nous retirer de l’équation, rendant finalement un mauvais service à ces enfants dont le nombre continue d’augmenter de façon alarmante.

Pourquoi la communauté médicale californienne ne s’interroge-t-elle pas davantage sur les raisons pour lesquelles le taux d’autisme est nettement plus élevé que la moyenne nationale ? Pourquoi ne sommes-nous pas ouverts à toute possibilité d’explication de cette tendance choquante ? Avons-nous peur de ce que nous pourrions découvrir ? L’augmentation rapide des taux d’autisme exige une enquête plus approfondie sur le « pourquoi » — il ne s’agit pas de jeter le blâme, mais de découvrir la vérité et d’aller au cœur du problème. Nos enfants méritent cette clarté.

En France, selon l‘INSERM, en 2017, il a été dénombré 700.000 personnes avec un trouble du spectre autistique (TSA), dont 100.000 ont moins de vingt ans. Toutefois, l’Agence nationale de santé publique publie dans son dernier bulletin d’épidémiologie hebdomadaire datant de 2020, le résultat de deux études qui révèlent que la prévalence a triplé en dix ans.

« Dans tous les pays, toutefois, la mesure du taux de prévalence de l’autisme met en évidence une grande dispersion des résultats et une tendance à la hausse, qui s’expliquent au moins autant par les forces et les faiblesses des systèmes d’information que par l’acception de plus en plus large de l’autisme donnée par les classifications internationales », précise le rapport.

Toujours en France, la tendance est encore à la hausse. On estime qu’entre 1 % et 2 % de la population a un trouble du spectre de l’autisme, soit près d’un million de personnes et 10 000 naissances d’enfants autistes par an, pour une prévalence moyenne de 1,5 %. Pour saisir les raisons de cette hausse, mais aussi l’origine des troubles du neurodéveloppement, le gouvernement lance la cohorte Marianne, un programme de recherche scientifique réalisé en France sur les déterminants précoces biologiques et environnementaux de l’autisme et des troubles du neurodéveloppement chez l’enfant.

L’équation de l’environnement et du mode de vie

L’accent mis sur la génétique et « l’amélioration du diagnostic » occulte l’impact significatif des facteurs liés à l’environnement et au mode de vie, qui pourraient être les principaux responsables de l’explosion du nombre de cas d’autisme. Selon les Centers for Disease Control and Prevention (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies aux États-Unis), la prévalence de l’autisme chez les enfants aux États-Unis est passée de 1 sur 150 en 2000 à 1 sur 36 en 2020.

Si l’amélioration des critères de diagnostic et la sensibilisation ont sans aucun doute contribué à identifier cette augmentation dans une faible mesure, celle-ci est bien trop importante pour être attribuée uniquement à ces facteurs, ce qui suggère l’évidence : d’autres causes sont en jeu.

La recherche scientifique met de plus en plus en évidence le rôle potentiel de divers facteurs environnementaux dans le développement de l’autisme, remettant en cause la prédominance des explications génétiques. L’exposition à des métaux lourds comme le plomb, le mercure et le cadmium a été associée à des taux d’autisme plus élevés.

Ces métaux interfèrent avec le développement neurologique normal, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à leur impact sur la santé. En outre, les pesticides, en particulier les organophosphates et les organochlorés, ont été associés à une incidence plus élevée de l’autisme en cas d’exposition prénatale et pendant la petite enfance. Les facteurs liés au mode de vie peuvent également jouer un rôle essentiel. Par exemple, les enfants nés de parents plus âgés présentent un risque plus élevé d’autisme, de même que les enfants de mères souffrant de problèmes de santé tels que l’obésité, le diabète et l’hypertension pendant la grossesse.

Cause ou classification ?

En tant que médecin et parent concerné, je suis profondément frustré par le discours sur l’autisme dans les médias. Souvent, les discussions sur les déclencheurs environnementaux de l’autisme s’enlisent dans des débats sur le capacitisme ou dans des accusations visant à faire passer les autistes pour des « malades », suggérant que l’autisme n’est qu’une variante neurologique normale, même s’il est classé comme un trouble dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), ouvrage de référence publié par l’Association américaine de psychiatrie.

Si nous commençons à classer l’autisme comme une « variante normale », les chiffres continueront à augmenter. Cependant, la détermination des causes sous-jacentes nous permettrait de mettre en œuvre des changements afin de réduire les risques pour nos enfants. Lorsque les discussions tournent à la division et au conflit, en se concentrant sur la question de savoir si la reconnaissance de ces risques déprécie les enfants et les adultes autistes, elles ne tiennent pas compte des graves difficultés qu’endurent de nombreuses personnes autistes et leurs soignants.

L’argument selon lequel la forte augmentation des taux d’autisme est principalement due à des facteurs génétiques est directement contredit par les symptômes et les comportements observables associés à cette maladie. Par exemple, les manifestations graves de l’autisme, comme la communication non verbale, sont indubitables et ne seraient pas passées inaperçues ou été non diagnostiquées il y a cinquante ans. Les symptômes graves de l’autisme, souvent appelés « autisme profond », affectent la capacité de l’enfant à fonctionner et à communiquer.

De nombreux enfants autistes ne développent pas le langage parlé ou ont une capacité très limitée à utiliser les mots de manière efficace, et des études indiquent que c’est le cas d’environ 25 à 30 % des enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA). En outre, la déficience intellectuelle est fréquente, les Centers for Disease Control and Prevention (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies aux États-Unis), signalent que 31 % des enfants atteints de TSA présentent une déficience intellectuelle, avec un QI inférieur à 70, et que 23 % se situent à la limite. Les troubles du comportement sont très fréquents, plus de 30 % des enfants atteints de TSA ayant des comportements d’automutilation.

L’alimentation plutôt que le discours

Des discussions avec d’autres praticiens révèlent que lorsqu’ils donnent aux parents les moyens de modifier leur mode de vie, ils observent souvent des améliorations spectaculaires chez leurs patients. Dans certains cas, ces changements sont si profonds que les enfants peuvent même perdre leur diagnostic d’autisme.

« Depuis quinze ans, nous avons recensé des cas d’enfants qui ont complètement perdu leur diagnostic d’autisme », explique Beth Lambert, directrice de Documenting Hope, un centre de soins pour enfants aux États-Unis. « Alors que certains gènes peuvent rendre ces enfants plus vulnérables au développement de l’autisme, c’est le régime alimentaire, le mode de vie et les choix thérapeutiques de ces familles qui les aident à surmonter ces vulnérabilités génétiques et à perdre les symptômes que nous appelons autisme. »

Malgré ces résultats remarquables, le concept d’inversion de l’autisme est rarement abordé. Le discours dominant présente l’autisme comme une maladie du spectre neurologique qui ne peut être guérie. Beth Lambert souligne que « des cas d’inversion complète de l’autisme ont été documentés dans la littérature médicale, mais ce phénomène n’a pas encore fait son chemin dans la plupart des pratiques médicales ».

« Nous venons de publier un article important sur des jumeaux qui ont inversé leur diagnostic d’autisme en utilisant un régime alimentaire complet, un mode de vie et une approche thérapeutique personnalisée — la même approche que celle enseignée par Documenting Hope », a déclaré Beth Lambert. « Notre objectif est d’enseigner cette approche aux parents et aux praticiens afin que davantage d’enfants puissent surmonter les symptômes les plus difficiles associés à l’autisme. »

L’espoir va de l’avant

En mettant l’accent sur les facteurs modifiables, nous pouvons offrir de l’espoir et des stratégies concrètes aux familles confrontées à l’autisme, en soulignant la possibilité d’améliorations significatives grâce à des changements ciblés dans le mode de vie.

À l’avenir, les politiques de santé publique et les messages doivent se concentrer sur les facteurs environnementaux et les modes de vie qui contribuent à l’augmentation des taux d’autisme. Cette évolution permettra aux parents et aux soignants de prendre des mesures proactives, en soutenant l’idée que l’autisme, pour de nombreux enfants, est influencé par des facteurs modifiables, redonnant ainsi le pouvoir à la famille. Il ne s’agit pas de faire honte ou de blâmer, mais de reconnaître que notre mode de vie moderne contribue au diagnostic et, dans certains cas, le provoque.

En comprenant que l’autisme est multifactoriel et que les principaux facteurs qui y contribuent sont modifiables, nous pouvons nous efforcer de réduire le nombre de cas, d’éliminer les diagnostics et d’empêcher l’augmentation du nombre de cas d’autisme. Il existe un potentiel important d’intervention par le biais de changements de mode de vie. Cette approche s’inscrit non seulement dans une vision holistique de la santé, mais elle améliore également notre compréhension et notre gestion de l’autisme, en donnant de l’espoir et des pistes d’action aux familles touchées par cette maladie.

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