Nouveau drame après un refus d’obtempérer : selon la police, deux jeunes circulant à scooter sont morts après avoir percuté un véhicule en tentant d’échapper à un contrôle routier dans la nuit de samedi à dimanche à Limoges (Haute-Vienne).
Un peu plus d’un mois après la mort du jeune Nahel tué par le tir d’un policier à Nanterre alors qu’il fuyait un contrôle routier, et qui avait déclenché plusieurs nuits d’émeutes dans tout le pays, ces deux décès ont provoqué des échauffourées à Limoges, avec des incendies de véhicules, rapidement maîtrisées.
Selon la version des faits donnée par plusieurs sources policières, le deux-roues a pris la fuite à la vue d’un véhicule de la brigade anticriminalité qui s’apprêtait à le contrôler dans le nord de la ville. Une course-poursuite se serait engagée, avant que les policiers y renoncent. Le scooter a alors grillé un feu rouge, percutant violemment un véhicule tiers, ce qui a causé la mort d’un des deux jeunes, un mineur âgé de 16 ans selon la police. L’autre victime, majeure et âgée de 23 ans, est décédée à l’hôpital.
Un père et ses jeunes enfants étaient dans la voiture
« Le conducteur a été projeté et a percuté une voiture garée le long de la route. Il ne bougeait plus. L’autre a été projeté sur 50 mètres et criait », a raconté à l’AFP un témoin arrivé sur les lieux quelques minutes après l’accident. De sources policières, les deux jeunes circulaient sur un puissant scooter Yamaha T-Max et la police aurait « rapidement mis un terme » à la course-poursuite, « jugeant la situation trop dangereuse ». La voiture percutée avait à son bord un père de famille et ses jeunes enfants, qui sont « choqués et traumatisés », a indiqué la mairie de Limoges.
Sur une vidéo obtenue par l’AFP et filmée quelques minutes après les faits, on voit un scooter très endommagé sur la chaussée, non loin d’une voiture blanche ayant l’aile avant gauche enfoncée. « On a vu les deux jeunes par terre qui ne bougeaient plus, le scooter très endommagé et le véhicule très accidenté du père avec ses deux enfants. On se demande comment eux n’ont rien eu », a déclaré une voisine réveillée par le bruit de l’accident.
Un proche des victimes, interrogé par l’AFP, a précisé que le conducteur était originaire du quartier de Beaubreuil, où il aurait eu « quelques soucis avec la police ». « Il a sans doute pris peur car son T-Max n’était pas en règle, il n’avait pas les papiers », a-t-il ajouté.
Sur l’avenue du Général Leclerc, grande artère bordant des zones résidentielles, de la sciure et des peintures au sol étaient visibles dimanche à la mi-journée, selon un photographe de l’AFP. Des traces de sang se trouvaient à 30 ou 40 mètres du point d’impact entre les deux véhicules. La préfecture de Haute-Vienne n’a pas fait de commentaires, renvoyant vers le parquet de Limoges, qui doit communiquer en fin de journée.
« Nos pensées vont évidemment aux familles des victimes disparues », a réagi dans un communiqué Émile Roger Lombertie, maire de Limoges, déplorant un « tragique accident ».
Tragique accident de la circulation ayant fait deux victimes – La réaction du Maire de #Limoges @ERLOMBERTIE pic.twitter.com/6Ex6JhJFjj
— Ville de Limoges (@VilleLimoges87) August 6, 2023
Après les faits, des échauffourées se sont produites dans la ville avec, selon les pompiers, des véhicules incendiés à Beaubreuil. « Je pense que ça va encore chauffer », estime le proche des victimes interrogé par l’AFP, même si le quartier était calme dimanche en milieu d’après-midi. « Aucune violence ne ramènera ces deux garçons à la vie », a dit le maire de Limoges, appelant à « l’apaisement ».
Ces deux décès interviennent un peu plus d’un mois après la mort, fin juin, de Nahel, 17 ans, ayant essuyé le tir mortel d’un policier après avoir forcé un contrôle routier à Nanterre. Sa mort avait déclenché plusieurs nuits de violences urbaines dans le pays, avec des heurts entre émeutiers et forces de l’ordre, des scènes de pillages, des tirs de mortiers d’artifice sur des bâtiments publics et des incendies.
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