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Haute-Vienne: un chauffeur de bus licencié pour avoir déposé une élève devant chez elle, par sécurité

novembre 30, 2022 10:53, Last Updated: novembre 30, 2022 10:53
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Ce chauffeur de bus scolaire voulait éviter à l’une de ses jeunes passagères de faire 650 mètres à pied sur une route isolée et dangereuse, dans un secteur où l’habitat est très dispersé. Il déposait donc l’adolescente devant chez elle, son domicile se trouvant sur son circuit. Pour ce motif, il a été licencié.

Consciencieux, Damien Tabard, conducteur de bus, avait pris l’habitude de déposer une passagère de 12 ans devant chez elle. Habitant le lieu-dit Entrecolle, sur la commune de Billanges (Haute-Vienne), la collégienne évitait ainsi de parcourir 650 mètres à pied et le chauffeur ne faisait aucun détour puisque le bus scolaire passait à cet endroit. Il a été licencié par son entreprise pour faute grave, rapporte Le Populaire du Centre.

Son employeur lui avait dit qu’il s’exposait à des sanctions

La raison pour laquelle il déposait l’adolescente devant son domicile était liée à sa sécurité. En effet, la route qu’aurait dû emprunter la jeune fille, scolarisée à Saint-Sulpice-Laurière, se trouve isolée en rase campagne. Elle est très fréquentée et ne possède ni trottoir, ni éclairage, ni marquage au sol, sans compter qu’elle comporte de nombreux virages et une mauvaise visibilité.

La société Europ Voyage, qui est depuis septembre dernier le nouvel employeur de Damien Tabard, était en désaccord avec ce dernier. Elle lui avait signifié qu’il s’exposait à des sanctions en agissant ainsi. Ne pouvant se résoudre à déposer l’enfant à l’arrêt prévu, Damien Tabard avait continué à la déposer devant chez elle. Il a indiqué à nos confrères avoir reçu sa lettre de licenciement ce lundi 28 novembre, en recommandé. Quelques jours plus tôt, il avait été convoqué pour un entretien préalable à son licenciement.

« C’est difficile de laisser un enfant seul sur la route »

« Pour moi ce n’est pas grave après tout, je trouverai un emploi par ailleurs, on cherche des chauffeurs partout. Mais ça me fait de la peine de laisser des enfants que j’aimais bien. Je voulais qu’ils soient en sécurité. C’est difficile de laisser un enfant seul sur la route », explique le chauffeur, qui travaillait depuis 17 ans dans ce secteur.

Il mentionne que jusqu’à cette nouvelle année scolaire, on lui conseillait de faire selon son bon sens. Il s’était donc adapté à la situation, tout en signalant ces itinéraires obsolètes à plusieurs reprises. Si lui considère que ce sont des arrêts de sécurité, son nouvel employeur les qualifie d’ « arrêts sauvages », souligne encore le quotidien régional limousin.

De nombreuses fois, Christelle Nozière, la maman de l’adolescente, avait tenté de plaider en la faveur de ce chauffeur auprès des services compétents, mais en vain. « Nous nous sommes heurtés à un mur. La règle veut que si le domicile de l’enfant est à moins d’un kilomètre de l’arrêt initial, on ne crée pas de nouvel arrêt. On s’est même entendu répondre : ‘on va quand même pas aller chercher les enfants jusque dans leur lit’ », déplore-t-elle.

« Nous allons lancer une procédure pour faire évoluer les réseaux »

Manuel Perthuisot, le maire des Billanges, a lui aussi essayé de faire évoluer cette situation, notamment en contactant la région Nouvelle-Aquitaine pour qu’elle révise le circuit de transport scolaire. Cette dernière a indiqué qu’une concertation serait engagée au plus vite sur ce secteur, précise Le Populaire du Centre.

L’édile a fait l’éloge du chauffeur licencié, soulignant que c’est « un monsieur connu sur la commune, un professionnel sérieux et responsable, lui-même père de famille ». « S’il a pris des initiatives, c’est dans l’intérêt des enfants », concède-t-il. Selon lui, « il y a des contraintes que l’on comprend, mais tout de même, les gens qui font les circuits devraient en discuter plus souvent avec le terrain. Il y a certaines situations à prendre en compte. »

Selon Didier Duchier, le directeur des transports routiers de voyageurs à la région Nouvelle-Aquitaine, « l’organisation des transports scolaires en milieu rural est toujours complexe », d’autant plus qu’il reçoit 250 demandes par an pour de nouveaux points d’arrêt. « Nous allons lancer une procédure pour faire évoluer les réseaux », conclut-il. Quant à la société Europ Voyage, elle n’a pas souhaité répondre aux sollicitations du journal.

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