Lilian, âgé de 3 ans, est décédé après avoir mangé un bout d’une saucisse Knacki. Les parents ont porté plainte contre la société Herta. Sept ans plus tard, le procès se tenait devant le tribunal correctionnel de Dax dans les Landes.
Lilian, âgé de 2 ans et 11 mois, est décédé le 11 août 2014 dans un camping de Messanges, sur la côte landaise, où la famille bordelaise séjournait en mobil-home. Ce jour-là, le repas était composé de haricots verts et de saucisses Knacki que la maman avait coupé en rondelles.
Après quelques bouchées, Lilian s’était étouffé et n’avait pu être ranimé par les secours malgré l’intervention immédiate d’une amie infirmière anesthésiste et de nombreuses manœuvres, manœuvre de Heimlich, tapes sur le dos, suspension par les pieds, rien n’y fait. Le papa le prend alors par les pieds, la tête en bas. C’est l’arrêt cardiaque. Le morceau de saucisse finit par être ôté par l’infirmière grâce à une pince spéciale, à l’arrivée des pompiers. Mais ni eux ni le Samu n’arriveront à faire repartir le cœur de l’enfant.
« Ne pas confondre le juridique et l’émotionnel »
Les parents décident finalement de porter plainte contre la société Herta. « Ce n’est pas pour de l’argent mais pour qu’il y ait une prise de conscience des consommateurs qui ignorent la dangerosité de ce produit. Le diamètre de ces saucisses correspond à l’œsophage des plus petits et leur matière spongieuse peut se coller à la trachée », a expliqué l’avocat de la famille, Maître Philippe Courtois.
Herta, dont le président Arnaud de Belloy était présent au procès, était attaquée en justice par Florence et Vincent Lerbey pour « homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence » posée par le Code de la Consommation.
« Derrière le drame« , il s’agit ici de « ne pas confondre le juridique et l’émotionnel », a expliqué la substitut du procureur, Lucie Delage, soulignant qu’il n’y avait aucune obligation légale pour les professionnels en matière d’avertissement sur les emballages. « Le combat des parents n’est pas resté vain. Les esprits ont été sensibilisés à cette question, il y aura un avant Lilian et un après Lilian », a-t-elle ajouté.
« La position du parquet est surprenante, le changement de procureur (entre le dépôt de plainte et le procès) peut en expliquer la cause », a réagi l’avocat de la famille, Me Philippe Courtois, alors qu’en parallèle, une procédure au civil pour réparation du préjudice subi par la famille a eu lieu au tribunal de Meaux le 14 janvier (délibéré le 11 mars).
« Lilian n’est par le premier (à mourir ainsi), il ne sera pas le dernier tant que les consommateurs ne seront pas avertis clairement des risques », a témoigné Vincent Lerbey, le papa, lisant un texte écrit par le couple dans lequel il dénonçait « l’arrangement financier proposé par Herta pour acheter notre silence ».
Au cours de l’audience, Me Courtois a pointé un « produit industriel, spongieux, dangereux, qui peut se coller et obstruer les voies respiratoires » des plus petits, a dénoncé l’avocat.
Nouvelle mention avec logo d’alerte au dos des emballages
À l’époque des faits, seule une « recommandation pour les plus jeunes » de couper en « tout petits morceaux » était indiquée sur les paquets. Depuis 2015, à la demande de la famille Lerbey, une nouvelle mention avec logo d’alerte figure au dos des emballages : « Pour les enfants de moins de 4 ans, couper la saucisse dans le sens de la longueur puis en tout petits morceaux afin de prévenir les risques d’étouffement ».
« Les packagings ont évolué. Nous communiquons davantage en direction du consommateur, côté nutrition et prévention », a précisé à la barre le PDG d’Herta, soulignant que c’était « le premier cas (mortel) sur des saucisses de Strasbourg » de cette taille alors qu’« on en vend presque deux millions par jour ».
Son avocat Me Julien Vernet a insisté : « Nous sommes tous bouleversés par les faits » mais « tout aliment est potentiellement dangereux pour les jeunes enfants, c’est une question de responsabilité individuelle ».
Les parents de Lilian demandent, eux, un texte en couleur et en gros caractères sur l’avant des paquets, et une campagne de publicité pour mieux faire connaître ce risque qui a déjà été tragique pour quelques autres enfants.
En 2018, la Cour d’appel de Paris a reconnu Herta responsable du handicap d’une fillette de 3 ans qui avait frôlé la mort, six ans plus tôt, avec une « Knacki ball » et indemnisé les parents, estimant que l’emballage ne prévenait pas suffisamment du danger potentiel.
Le jugement a été mis en délibéré au 8 février.
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