Histoire : le succès de l’immigration néerlandaise aux États-Unis

Par Andrew Benson Brown
15 septembre 2024 01:28 Mis à jour: 16 septembre 2024 13:36

Les premiers immigrants néerlandais aux États-Unis étaient connus pour être travailleurs et dotés d’une forte éthique. De l’élevage laitier à la culture de la tulipe en passant par la fabrication de meubles, ils ont dominé de nombreuses industries. Ils se réclamaient aussi de valeurs religieuses et familiales solides.

Comment ce groupe d’immigrants a-t-il pu aussi bien réussir matériellement tout en conservant une identité culturelle si forte? Historiquement, il y a deux facteurs principaux à prendre en compte : le premier relève de la tragédie et de l’accident, mais le second facteur tient à leur éthique.

La première famine de la pomme de terre

L’immigration en provenance des Pays-Bas a commencé très tôt dans l’histoire coloniale de l’Amérique. Elle s’est notamment concentrée sur New York, qui s’est vite retrouvée peuplée d’un nombre impressionnant de marchands qui ont jeté les bases de ce qu’est devenu la ville aujourd’hui, la capitale mondiale de la finance.

Ce n’est toutefois qu’au XIXe siècle que l’immigration néerlandaise s’est transformée en une véritable vague. L’élément déclencheur fut la catastrophe agricole des années 1840 aux Pays-Bas, connue sous le nom de « famine hollandaise de la pomme de terre ». Bien qu’elle n’ait pas eu la même ampleur que la famine irlandaise, elle a tout de même causé la mort d’environ 50.000 personnes.

Les plus démunis, incapables de s’offrir des produits de luxe comme le porc, le bœuf ou même le pain de froment, comptaient sur la pomme de terre comme ingrédient principal de la plupart de leurs repas. Pour de nombreux agriculteurs européens, cette culture était synonyme de survie.

Un micro-organisme semblable à un champignon, le Phytophthora infestans, a commencé à noircir les pommes de terre, et ceux qui n’étaient pas morts de faim sont partis à la recherche d’opportunités plus prometteuses.

A potato infected with late blight, showing typical rot symptoms. (Public Domain)
Pomme de terre infectée par le mildiou, présentant des symptômes de pourriture typiques. (Domaine public)

La façon la plus simple de retracer les origines des colonies néerlandaises aujourd’hui est de regarder les noms des lieux. Le Midwest regorge de ces appellations. Le nom « Holland » y est naturellement très répandu : la ville de Holland, dans le Michigan ; la ville de Hollande du Sud, dans l’Illinois ; la ville de Nouvelle Hollande, dans l’Illinois. D’autres noms comme Vriesland, Noordeloos, Delft et Zeeland trahissent également leurs racines.

Pourquoi les Néerlandais ont-ils choisi de s’installer dans le Midwest plutôt qu’ailleurs ? La raison en est, en partie, que la terre était peu chère. De plus, contrairement à la côte Est, très peuplée, habiter dans le Midwest leur permettait de préserver leurs traditions culturelles sans ingérence extérieure, en raison de l’isolement géographique de la région.

Un homme de petite taille avec une grande vision

La famine n’était pas la seule raison qui poussait les gens à quitter les Pays-Bas. Comme les puritains anglais, de nombreux Néerlandais sont venus sur les côtes américaines pour échapper aux persécutions religieuses. Un pasteur du nom d’Albertus van Raalte, un homme qui ne mesurait que 1,60 m mais qui inspirait le respect, adopta une approche systématique pour s’assurer qu’aucun voyageur ne serait coupé de ses racines.

Albertus van Raalte was a 19th-century pastor. He led the Dutch immigrants who founded the city of Holland, Michigan in 1846 and established the school that would become Hope College. (Public Domain)
Albertus van Raalte était un pasteur du XIXe siècle. Il a dirigé les immigrants néerlandais qui ont fondé la ville de Holland, dans le Michigan, en 1846, et établi l’école qui allait devenir le Hope College. (Domaine public)

Sa mission consistait à former une colonie qui permettrait la liberté de culte et les opportunités économiques pour les Néerlandais fraîchement arrivés. Il envisagea tous les problèmes potentiels liés à l’émigration et rédigea même une constitution intitulée Règles pour la société des chrétiens de l’émigration hollandaise aux États-Unis d’Amérique du Nord.

Ce document s’applique aux deux communautés : celle des Pays-Bas et celle de l’Amérique. Les particuliers et les églises locales étaient encouragés à faire des dons pour acheter des terres et aider les immigrants trop pauvres à payer les frais d’installation. Tous les hommes âgés de 20 ans et plus pouvaient devenir membres de la communauté et étaient tenus de travailler la terre au moins deux jours par an.

En 1846, Van Raalte et 100 émigrants s’embarquent pour New York. Neuf cents autres suivront l’année suivante. En payant 1,25 dollar par acre (un peu moins d’un demi-hectare), Van Raalte achète un vaste terrain dans l’ouest du Michigan et fonde la ville de Holland.

Comme les puritains, les Hollandais ont été confrontés à de nombreux défis au cours des premières années de la colonie. Il leur a fallu faire face à de mauvaises récoltes et apprendre l’anglais. Cependant, sous la direction spirituelle de Van Raalte, la communauté prospère et s’étend à d’autres colonies. Il crée la première église réformée de Hollande. Afin d’éduquer les enfants des colons, il a également jeté les bases de ce qui allait devenir le célèbre Hope College, dans le Michigan.

Grâce à ces efforts, les immigrants hollandais ont pu transplanter leurs traditions culturelles dans un nouveau pays et s’y installer avec succès, sans avoir à affronter les mêmes difficultés que d’autres groupes, contrairement aux Irlandais, par exemple. Des villages entiers, construits autour de leurs clochers, ont commencé à voir le jour dans tout le Midwest.

La perspective d’un mariage et d’une vie de famille était également un attrait important pour les immigrants néerlandais. Les femmes pouvaient trouver de nombreux jeunes hommes éligibles sur place qui gagnaient bien leur vie et pouvaient subvenir à leurs besoins et élever une famille. Ces opportunités, associées à des valeurs religieuses fortes, donnaient aux familles un rôle déterminant dans le succès de ces communautés.

Le succès dans l’industrie

Au début du XXe siècle, la ville de Holland, dans le Michigan, avait un certain nombre d’entreprises prospères. Parmi elles, des fabricants de meubles, une usine de cornichons, une société de chaudières et des stations touristiques. Plus célèbre encore, la ville est devenue un centre majeur de la culture des tulipes et a lancé un festival annuel, Tulip Time, qui existe encore aujourd’hui.

A windmill from the Netherlands stands behind a field of tulips in Holland, Michigan. (Craig Sterken/Shutterstock)
Un moulin à vent néerlandais se dresse derrière un champ de tulipes à Holland, dans le Michigan. (Craig Sterken/Shutterstock)

Ailleurs, d’autres communautés néerlandaises ont développé des activités économiques fructueuses. Kalamazoo, toujours dans le Michigan, a été surnommée « la ville du papier » pour sa contribution à ce secteur. Pour des raisons similaires, Grand Rapids a été surnommée « Furniture City » (la ville du meuble).

Dans les années 1920, les immigrants néerlandais en Californie ont modernisé l’industrie laitière. Les femmes étaient particulièrement intéressées par le travail laitier, car la fabrication de fromage et de beurre pouvait améliorer les moyens de subsistance d’une famille et leur permettre d’accéder à un statut plus élevé que ce qu’offrait l’agriculture. Au cours des dernières décennies, des producteurs laitiers néerlandais se sont installés dans toute l’Amérique, à la recherche de terres moins chères et d’opportunités de production plus nombreuses.

Aujourd’hui, les Américains d’origine néerlandaise continuent de mettre l’accent sur l’éducation, comme le faisait Albertus van Raalte. Ils sont particulièrement présents dans les sciences humaines, où ils ont tendance à s’orienter vers des professions comme l’enseignement universitaire. Des domaines plus techniques comme la médecine, l’ingénierie et la sous-traitance sont également des professions dans lesquelles ils excellent.

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