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Hommage à Robert Badinter: Emmanuel Macron déclare que « votre nom devra s’inscrire » au Panthéon

février 14, 2024 15:00, Last Updated: février 14, 2024 17:43
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Le nom de Robert Badinter « devra s’inscrire » au Panthéon, « aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France », a annoncé mercredi Emmanuel Macron lors de l’hommage à l’ancien garde des Sceaux, sur la place Vendôme, siège du ministère de la Justice.

« Vous nous quittez au moment où vos vieux adversaires, l’oubli et la haine, semblent comme s’avancer à nouveau », a lancé le président de la République depuis la place Vendôme, siège du ministère de la Justice où l’ex-ministre socialiste porta l’abolition de la peine de mort. Il a salué en Robert Badinter « une force qui vit et arrache la vie aux mains de la mort ».

« Vous pourrez écouter nos voix couvrir celle des antisémites, des négationnistes, comme votre voix couvrait la leur (…) Vous pourrez écouter des audiences, des plaidoiries, des lectures de jugement, chœur vibrant de l’État de droit, si souvent remis en cause au moment où vous partez », a-t-il clamé.

Le chef de l’État a salué en Robert Badinter « une force qui vit et arrache la vie aux mains de la mort » en retraçant son parcours de « combattant contre la peine de mort », après son échec en 1972 à sauver son client, Roger Bontems, « coupable qui n’avait pas tué ».

« Le combat contre la mort devint sa raison d’être. Une idée simple gouverna désormais la vie de Robert Badinter : pour ne pas perdre foi en l’homme, il ne faut pas tuer les hommes, fussent-ils les pires coupables », a-t-il résumé.

Le président a rappelé « sa plaidoirie inoubliable contre une peine capitale, par ses mots, pulvérisée, exécutée » le 17 septembre 1981 à la tribune de l’Assemblée nationale. « Il fut pendant cinq ans le ministre le plus détesté de France, cible d’une haine dont l’écho résonne encore dans cette place Vendôme », a-t-il souligné.

« J’ai l’honneur de demander, au nom du gouvernement de la République, l’abolition de la peine de mort en France » : la première phrase de son discours à la tribune de l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981 est restée dans l’Histoire, « un moment immense dans sa vie ».

Il s’investit par la suite pour l’abolition universelle de la peine capitale, un combat qu’Emmanuel Macron dit aujourd’hui vouloir perpétuer, en accueillant en 2026 en France le prochain congrès mondial de cette cause.

L’Élysée, en concertation avec la famille, a choisi un lieu symbolique pour saluer la mémoire de Robert Badinter : la place Vendôme, devant la chancellerie, où plusieurs milliers de personnes sont venues depuis samedi lui rendre hommage.

Un portrait géant de Robert Badinter a été installé devant le ministère. C’est là que le ministre de François Mitterrand rédigea la loi abolissant la peine de mort, dans une France alors majoritairement en faveur du châtiment suprême.

(Photo LUDOVIC MARIN/POOL/AFP via Getty Images)

« Un grand homme »

Le président de la République, lui, se fait solennel pour annoncer une prochaine panthéonisation, s’ajoutant à celles qu’il a décidées depuis 2017 pour Simone Veil, Maurice Genevoix, Joséphine Baker et, la semaine prochaine, les résistants Missak et Mélinée Manouchian.

« Votre nom devra s’inscrire aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France et vous attendent, au Panthéon », a lancé le chef de l’État en présence de la philosophe Élisabeth Badinter, veuve de celui qui fut, selon les mots du président, « l’avocat pour toujours de cette cause, l’abolition ».

« Le principe est acté. Il y aura une cérémonie de panthéonisation », a précisé l’entourage d’Emmanuel Macron à l’AFP, soulignant que la famille avait donné son accord mercredi matin. « La date et les modalités sont à discuter avec la famille. »

Une panthéonisation peut se faire sous la forme d’une simple plaque au nom du défunt, d’un cénotaphe – un monument funéraire qui ne contient pas de corps, ou une inhumation.

Dès vendredi, à peine connue la nouvelle de sa mort, le président avait laissé planer la possibilité d’une entrée de l’avocat dans ce temple républicain qui proclame sur son fronton « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ».

« C’est légitime » car au Panthéon ce sont « les grands hommes qui ont porté de grandes idées », a estimé mercredi sur franceinfo le président du Conseil Constitutionnel Laurent Fabius, fonction occupée par Robert Badinter de 1986 à 1995.

Un rendez-vous solennel sur fond de polémique

Mais le rendez-vous solennel de mercredi a lieu sur fond de polémique. La philosophe Élisabeth Badinter, sa veuve, a en effet exprimé le souhait que les élus du Rassemblement national et de La France insoumise ne viennent pas à la cérémonie.

« On ne sera pas présents, la famille ne l’a pas souhaité. Je ne vais pas polémiquer », a aussitôt répondu Marine Le Pen qui, à l’instar des autres dirigeants de droite nationaliste, s’en était tenue au service minimum pour saluer cette figure longtemps honnie à droite pour avoir aboli la peine de mort.

Réaction inverse pour LFI qui sera représenté par ses députés Caroline Fiat et Éric Coquerel. « C’est un hommage national, je n’ai pas envie de polémiquer », s’est agacé à son arrivée le député insoumis de Seine-Saint-Denis. Leur présence est « indécente », a réagi l’ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls.

Emmanuel Macron, Élisabeth Badinter, veuve de l’ancien ministre de la Justice Robert Badinter, et des membres de sa famille assistent à la cérémonie d’hommage national en son honneur. (Photo SARAH MEYSSONNIER/POOL/AFP via Getty Images)

« Grand humaniste héritier des Lumières »

Robert Badinter, né dans une famille juive émigrée de Bessarabie (l’actuelle Moldavie), avait été témoin de l’arrestation de son père à Lyon pendant la Seconde Guerre mondiale. Il était mort en déportation en Pologne.

Son combat contre la peine de mort trouve son origine au matin du 28 novembre 1972 : un de ses clients, Roger Bontems, complice d’une prise d’otages meurtrière, vient d’être guillotiné. « Je me suis juré, en quittant la cour de la Santé ce matin-là à l’aube, que toute ma vie je combattrais la peine de mort », avait-il déclaré à l’AFP en 2021.

« Grand humaniste héritier des Lumières », Robert Badinter « porta la loi accordant le droit de recours individuel devant la Cour européenne des droits de l’homme, s’engagea également résolument en faveur de l’égalité des droits des personnes homosexuelles, du renforcement des droits des victimes ou bien encore du développement des droits des personnes détenues », a rappelé mercredi le Conseil supérieur de la magistrature dans un communiqué.

Pour l’ancien avocat Henri Leclerc, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), Robert Badinter « a été l’honneur de notre robe » et est « resté avocat » jusqu’à la fin de sa vie. « La dernière fois que nous sommes parlés, nous n’avons parlé que d’une chose : de la surpopulation pénitentiaire, de l’horreur des prisons », a-t-il témoigné.

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