Œuvre d’abord « avant-gardiste », le Boléro de Maurice Ravel est devenu un succès planétaire : une exposition à la Cité de la musique à Paris plonge le public dans son histoire, tout au long d’un parcours fait d’objets inédits, d’images et de musique.
« L’idée est de montrer une œuvre phare de l’histoire de la musique », explique à l’AFP Pierre Korzilius, musicologue, directeur du pôle art et Culture au Collège des Bernardins et commissaire de cette exposition qui débute mardi et se tient jusqu’au 15 juin. « Tout en faisant découvrir des facettes » inconnues de la personnalité du compositeur (1875-1937), dont le 150e anniversaire de la naissance est célébré l’an prochain, ajoute-t-il.
Composée en 1928 et créée le 22 novembre de la même année à l’Opéra Garnier à Paris, l’œuvre symphonique est, à l’origine, une musique de ballet commandée par la danseuse russe Ida Rubinstein, amie et mécène de Ravel. Aussitôt saluée par la critique, elle connaît rapidement un triomphe.
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« C’est toujours une des œuvres les plus jouées au monde », affirme Pierre Korzilius. En 2016, année où elle est tombée dans le domaine public, la Société française des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) indiquait qu’une exécution du ‘Boléro’ commençait environ toutes les dix minutes dans le monde.
💃 À l’occasion du 150ème anniversaire de la naissance de Maurice Ravel, l’#ExpoRavelBolero ouvrira le 3 décembre, et célèbrera l’œuvre emblématique du compositeur français.
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« Différentes strates »
Son écriture se révèle toutefois « minimaliste », avec sa mélodie uniforme et un « rythme incessant » répété « 169 fois », avant le crescendo menant au « coup d’éclat final », souligne-t-il. Et de rappeler que, quand on lui demandait de dire quel était son chef-d’œuvre, Ravel s’amusait à répondre : « Le Boléro, bien sûr ! Malheureusement, il est vide de musique. »
L’exposition propose d’écouter un enregistrement inédit réalisé par l’Orchestre de Paris, projeté sur un écran de 10 mètres de large en son immersif. Un système lumineux avec un code couleur – lumière blanche ou rouge – disposé autour de chaque musicien permet de suivre le motif rythmique et la mélodie.
Plus loin, un guide d’écoute détaille la structure de la partition, avec ses « différentes strates » : « l’ostinato », le thème, l’intervention des instruments – flûte, bois, cuivres, violons, altos – au cours des 16 minutes du morceau.
« L’invention mécanique ! »
L’exposition s’arrête aussi sur les sources d’inspiration de Maurice Ravel : affinité avec l’Espagne – sa mère était originaire du pays basque français, mais aussi influence des machines et de l’industrie, pour ce fils d’un ingénieur fasciné par les inventions. « On peut voir le Boléro comme ça : vous appuyez sur le bouton “start” et puis la machine tourne ». « C’est l’invention mécanique ! », s’enthousiasme Pierre Korzilius, y voyant un geste « extrêmement audacieux, avant-gardiste, anti-conformiste ».
Parmi les objets jamais ou rarement exposés figurent la partition originale, « trésor » de la Bibilothèque nationale de France, le bureau de composition, le métronome, des manuscrits, des vêtements du compositeur. Mais également des livres de magie, des meubles, des morceaux de tapisserie et des objets sortis pour la première fois de son ancienne maison à Montfort-l’Amaury (Yvelines), révélant un personnage attachant et raffiné.
Des projections sur écran rappellent par ailleurs la multitude d’adaptations chorégraphiques, de Maurice Béjart (1961) à Thierry Malandain (2001). Pour célébrer le musicien, la Philharmonie a prévu, en mars, une programmation éclectique : l’intégrale pour piano seul avec le pianiste Bertrand Chamayou, La Valse (Orchestre national de Lyon) avec Ibrahim Maalouf à la trompette, ou un Boléro électro proposé par le chorégraphe Olivier Dubois.
De son côté, le Festival Ravel (fin août-début septembre, au pays basque) « reprendra une très grande partie » de son répertoire, dont Daphnis et Chloé, Don Quichotte à Dulcinée, selon les organisateurs.
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