Calvin Duncan avait 19 ans lorsqu’il a déménagé de la Nouvelle-Orléans à Mount Hood, en Oregon, en 1982, pour devenir soudeur et poursuivre sa formation générale. Il prévoyait également de s’enrôler dans l’armée, mais le cours de sa vie allait être mis sous un éteignoir pendant 28 ans et demi pour un crime qu’il n’avait pas commis.
Calvin Duncan a été arrêté en 1982 pour meurtre lors d’un vol à main armée. Le meurtre avait eu lieu à des milliers de kilomètres de là, dans sa ville natale de la Nouvelle-Orléans.
« En fait, je n’y ai pas cru avant d’être arrêté », a déclaré M. Duncan à Epoch Times.
Accusé injustement
M. Duncan savait qu’il était innocent, alors il a demandé à annuler son extradition vers la Nouvelle-Orléans. Il pensait qu’il y avait eu une horrible confusion.
Calvin Duncan a passé deux ans et demi en prison en attendant son procès. En attendant, il espérait que la police retrouverait la personne qui avait effectivement commis le meurtre.
Lorsque le procès a commencé en janvier 1985, Calvin a finalement été informé des preuves que l’État allait présenter contre lui.
Calvin Duncan a été accusé de meurtre au premier degré et, pour empirer les choses, l’accusation demandait la peine de mort.
L’État avait trois éléments de preuve : tout d’abord, il y avait une jeune fille de 15 ans qui prétendait avoir été témoin du meurtre de la victime, qui était son petit ami.
Le deuxième élément de preuve est le témoignage d’agents de police de l’Oregon et de la Nouvelle-Orléans qui ont déclaré qu’il leur avait fait des déclarations compromettantes.
Le troisième élément de preuve provenait d’un appel sur la ligne de « crime stoppers », (ou « Échec au crime », qui est un programme à but non-lucratif permettant aux citoyens de partager, anonymement, des informations sur des activités de nature criminelle et/ou sur des criminels. Un individu peut alors aider à résoudre un crime sans toutefois faire partie du processus de l’enquête), l’accusant du meurtre.
Les avocats de M. Duncan n’avaient pas les éléments nécessaires pour enquêter sur son cas, de plus, il ne les a vus que la veille de son procès.
La gravité de la situation commençait à se faire sentir.
« Je savais que j’allais être condamné », se souvient Calvin.
Avocat de prison
Le procès de M. Duncan en 1985 a duré moins d’une journée avant que le jury ne le condamne pour meurtre au premier degré. Il a été condamné à la prison à vie et savait qu’il devrait se battre pour prouver son innocence.
Même après sa condamnation, il espérait que l’État retrouverait la personne qui avait effectivement commis le meurtre. Il n’avait même pas de ressentiment envers le témoin. Il pensait que la jeune fille avait vraiment fait une grosse erreur.
En allant en prison, il savait qu’il n’était pas le seul à avoir été condamné à tort. Son plan était d’économiser de l’argent afin d’embaucher un détective et d’obtenir les documents de justice de son procès.
Après avoir travaillé dans l’agriculture et fait don de son plasma, il avait économisé assez d’argent pour obtenir certains des documents de son procès. Après s’être présenté devant une commission d’examen, il a obtenu l’autorisation d’accéder à la bibliothèque de droit et y a étudié avec diligence.
Il était devenu avocat de prison dans la prison paroissiale de la Nouvelle-Orléans, et continuait à travailler comme tel lorsqu’il a été envoyé au pénitencier d’État de Louisiane pour purger sa peine. Son travail consistait à aider les autres détenus dans leurs dossiers et à avoir accès aux tribunaux.
Alors qu’il travaillait comme avocat en prison, il a pu aider de nombreux détenus.
Cependant, il n’était pas certain de pouvoir s’aider lui-même. Il s’était rendu deux fois à l’Université Tulane pendant son incarcération pour aller chercher des livres de droit, et il désirait poursuivre ses études là-bas si jamais il était libéré.
Sauver une vie
Il a notamment travaillé sur une affaire concernant un détenu nommé Juan Smith qui avait été reconnu coupable de meurtre et condamné à mort. M. Duncan a pu faire entendre sa cause devant la Cour suprême des États-Unis après avoir présenté une demande au tribunal de première instance.
Les avocats de M. Smith ont pu obtenir les documents du procès, puis ont porté l’affaire devant la Cour suprême dans une affaire appelée Smith contre Cain.
Le tribunal a décidé d’annuler sa condamnation parce que le ministère public n’avait pas fourni de preuves au procès.
« Je me sentais heureux pour lui, mais ensuite, j’ai pensé à tous les autres gars qui sont toujours en prison qui ne peuvent pas obtenir leurs documents », dit-il.
Il a ensuite rencontré une jeune femme nommée Emily Bolton, et les deux ont fondé l’Innocence Project New Orleans (IPNO) pendant son incarcération.
L’organisation a finalement repris son dossier en 2005. Il avait déjà purgé 23 ans de sa peine d’emprisonnement à perpétuité.
Au départ, il pensait que le juge serait favorable à son cas. Toutefois, le juge a indiqué qu’il avait déjà travaillé sur l’affaire Duncan lorsqu’il était procureur.
Après que M. Duncan et IPNO eurent demandé au juge de se récuser, il a rejeté la demande de M. Duncan pour la tenue d’un nouveau procès.
Ils ont fait appel de la décision et la Cour suprême de Louisiane a annulé la décision du juge. L’affaire Duncan a ensuite été renvoyée devant le tribunal de première instance pour une nouvelle audience, soutenant que l’accusation n’avait pas fourni de preuves tangibles.
Lutter pour la liberté
L’IPNO a pu récupérer les documents judiciaires de son procès et poursuivre son enquête. Après avoir réexaminé les éléments de preuve, les arguments de l’État contre Calvin Duncan sont rapidement devenus faibles.
Ils ont découvert des documents qui montraient que le témoin oculaire s’était trompé dans son identification parce qu’il ne correspondait pas à la description du suspect et que les deux policiers avaient menti sur ses prétendues déclarations incriminantes. De plus, le coup de fil du délateur anonyme ne l’accusait pas spécifiquement.
L’État a proposé un marché à M. Duncan. Il ne serait pas en mesure de faire valoir son innocence et devrait donc plaider coupable d’homicide involontaire et de tentative de vol à main armée. Il a finalement été condamné à une peine d’emprisonnement.
Après la transaction, M. Duncan a été libéré le 7 janvier 2011 après avoir purgé 28 ans et demi de prison. Désormais libre, il a pu recommencer à vivre sa vie.
« Je me sentais bien. J’ai toujours prié pour que Dieu me libère de prison. J’ai finalement obtenu ce pour quoi j’avais prié », dit M. Duncan.
Un fier diplômé
Calvin Duncan a été libéré un vendredi et se trouvait sur le campus de l’Université Tulane le mardi suivant.
Comme il était trop tard pour s’inscrire au semestre de printemps, il s’est inscrit l’automne suivant.
« Le plus beau jour de ma vie, c’est quand j’ai été libéré. Les deuxièmes meilleurs jours de ma vie ont été lorsque je poursuivais mes études à l’Université Tulane », a t-il déclaré.
Personne ne savait qu’il avait été condamné à tort pour meurtre jusqu’à la fin du semestre lorsqu’il en a parlé dans ses cours. Il a également dit à la classe qu’ils ne devraient pas tenir leur éducation et leurs possibilités pour acquises.
En mai dernier, M. Duncan a obtenu un diplôme en études de droit général.
« C’était incroyable de pouvoir vivre ce moment-là après toutes les difficultés que j’ai connues dans la vie », a dit M. Duncan. « C’était un moment de fierté pour moi. »
M. Duncan est également reconnaissant que l’Université Tulane n’ai pas fait preuve de discrimination à son égard et apprécie que l’université lui ait donné l’occasion de progresser dans la vie malgré le fait qu’il ait été incarcéré.
Calvin Duncan a l’intention d’aller à l’école de droit et veut faire du droit civil et du droit pénal. Il veut continuer à aider les autres et à représenter ceux qui ont été accusés à tort.
« Dans un avenir proche, j’espère simplement que nous nous éloignerons de cette attitude barbare que nous avons à vouloir absolument condamner des gens. Si nous nous éloignons de cela, nous ne condamnerons plus d’innocents », a dit M. Duncan.
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