Li Huaiqing, un homme d’affaires de Chongqing qui a été arrêté en 2018 pour « incitation à la subversion de l’État », a assisté à son audience au tribunal de Chongqing le 10 juin. M. Li a déclaré au juge qu’il est victime de persécutions dirigées par Deng Huilin, l’ancien maire adjoint de Chongqing et chef du bureau de la sécurité publique (police) qui a récemment été licencié.
M. Li a été arrêté le 31 janvier par la police de Chongqing pour « implication dans la mafia ». Il est détenu depuis.
M. Li était président de la compagnie de gage Fuhua de Chongqing. Il a rejoint le groupe WeChat appelé « Global Report » il y a quelques années, dans lequel il a publié un article critiquant l’histoire du Parti communiste chinois (PCC). Il a ensuite refusé de suivre les ordres de la police de dénoncer le fondateur du groupe de discussion.
En janvier 2019, M. Li a été poursuivi par la première branche du parquet de Chongqing pour séquestration, fraude, extorsion et incitation à la subversion du pouvoir de l’État. Cette dernière accusation est souvent utilisée pour réprimer les dissidents.
M. Li et son avocat ont déclaré, preuves à l’appui, que les trois premiers chefs d’accusation étaient des accusations de machination portées par la police et le bureau du procureur. Les sept incriminations énumérées par les procureurs dans l’accusation d’« incitation à la subversion » sont les commentaires de Li concernant des fonctionnaires corrompus sur WeChat, dont cinq proviennent d’un chat privé personnel et deux d’un chat de groupe.
M. Li a affirmé que le véritable cerveau derrière son affaire était Sun Lijun, ancien vice-ministre du ministère de la Sécurité publique.
L’épouse de M. Li, Bao Yan, a déclaré au journal Epoch Times que M. Li avait révélé lors de l’audience au tribunal que la véritable raison de son arrestation et de son emprisonnement était un incident qui s’était produit lors d’un événement caritatif qui avait offensé l’ancien vice-ministre Sun.
Fin 2017, lors d’un événement caritatif organisé par la fondation locale « Gonghe » dans la ville de Hangzhou, les membres de la fondation ont parlé de la corruption au sein de certains départements du ministère de la Sécurité publique. Comme certains des membres pouvaient écrire directement au dirigeant chinois Xi Jinping, tous ont suggéré qu’ils signalent la situation à M. Xi dans une lettre.
À l’époque, le département corrompu dont ils ont parlé était supervisé par M. Sun. Après avoir appris que des membres de la Fondation Gonghe avaient l’intention d’informer M. Xi sur des fonctionnaires corrompus du ministère de la Sécurité publique, il était furieux et a ordonné une enquête sur l’organisation.
M. Sun a été licencié en avril de cette année. Il est interrogé par une association de lutte contre la corruption du Parti pour « violations graves de la discipline et de la loi ». Depuis que Xi est arrivé au pouvoir en 2012, il a limogé de nombreux fonctionnaires – principalement ses rivaux politiques – dans le cadre de la campagne de lutte contre la corruption.
M. Sun avait quelques griefs, si bien que des entrepreneurs privés comme M. Li sont devenus les boucs émissaires, selon M. Li.
Bao Yan a cité le témoignage de son mari : « Ses premiers mots sont : ‘En fait, mon affaire est insignifiante. Pourquoi est-ce si important ? En fait, l’instruction de Deng Huilin venait de Sun Lijun’. »
M. Deng, alors chef du bureau de police de Chongqing, était responsable d’une équipe spéciale créée pour enquêter sur les personnes de la fondation Gonghe qui voulaient porter plainte auprès du leader Xi. M. Deng avait des liens étroits avec M. Sun, car ils avaient tous deux travaillé pour Meng Jianzhu, ancien ministre chinois de la Sécurité publique et membre du Politburo. Meng était un membre puissant de la faction du Parti, fidèle à l’ancien chef du Parti Jiang Zemin.
M. Li a également déclaré que M. Deng l’avait personnellement interrogé. Au cours de l’interrogatoire, M. Deng a révélé une « histoire d’initié » : un entrepreneur de Shanghai présent à la manifestation caritative a également été arrêté, mais a été libéré après avoir payé une amende de 200 millions de yuans (environ 25,26 millions d’euros). Cela signifie que M. Li pourrait également être libéré s’il plaidait une amende de 200 millions ¥.
M. Li a dit à M. Deng qu’il n’avait pas autant d’argent parce qu’il n’était que le propriétaire d’une petite entreprise. M. Deng a également demandé à M. Li de coopérer à une enquête criminelle dans le cadre de laquelle il fabriquerait des accusations contre ses opposants politiques afin de les faire tomber, a allégué M. Li.
M. Li a refusé la demande. M. Deng a été offensé et a menacé de confisquer tous ses biens et de le condamner à 15 à 20 ans de prison.
M. Li a déclaré que toutes ses déclarations sont des faites, et que M. Deng peut aller au tribunal pour le contester.
Mme Bao a également révélé que M. Deng était très nerveux après le limogeage de M. Sun en avril de cette année. Il a donc immédiatement demandé au tribunal de commencer l’audience sur l’affaire Li dès que possible, et a prévu de clore l’affaire à la mi-mai.
En raison de la convocation de la session plénière – une réunion politique majeure où l’élite du Parti discute généralement des futurs changements de personnel et des politiques – le traitement des affaires graves a été reporté. Mais le tribunal a informé M. Li, le dernier jour de la session plénière, qu’il ouvrirait une audience sur l’affaire Li une semaine plus tard. Mais les avocats de M. Li ont déclaré qu’il serait impossible de communiquer avec le client et de formuler un plan de défense dans un délai aussi court, et que cela constituait une violation des droits légaux de M. Li.
Puis, brusquement, le Parti a annoncé que M. Deng était placé sous enquête. La Commission centrale d’inspection disciplinaire de Chine, un organe de lutte contre la corruption du Parti communiste, a publié une brève déclaration le 14 juin, annonçant que M. Deng est soupçonné de « graves violations de la loi et de la discipline du Parti ». Une accusation vague est un euphémisme souvent utilisé pour désigner la corruption.
Malgré la nouvelle, Mme Bao est préoccupée pour son mari. « Bien que M. Deng Huilin soit écarté, Li Huaiqing ne peut être libéré immédiatement », a-t-elle déclaré.
« Bien que ce grand arbre soit tombé [Deng], son système, y compris le bureau de police et le bureau du procureur de Chongqing, a joué un très mauvais rôle », dit-elle.
À la surprise de Mme Bao, lorsque Li Huaiqing a raconté sa version des faits au cours de la troisième journée du procès, le juge qui préside n’a pas interrompu son témoignage. « Je pense que c’est vraiment étrange, ils l’ont en fait laissé finir de parler », a déclaré Mme Bao.
Li Huaiqing a plaidé non coupable pour les quatre chefs d’accusation.
Mme Bao a déclaré avoir été menacée par les autorités locales de s’abstenir de parler aux médias étrangers, sous peine d’être arrêtée. Elle a déclaré : « Je n’ai pas peur de toute façon. Je n’ai plus peur. Je dis juste la vérité. »
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