Brendon Grimshaw, ancien rédacteur en chef fatigué de courir après l’argent, a troqué sa carrière contre quelque chose de totalement différent, il s’est acheté une île. Il a consacré le reste de sa vie à la restauration de son habitat écologique. Refusant une offre de 50 millions de dollars pour vendre l’île, son souhait était de rendre ce morceau de terre accessible à tous et pas seulement aux riches millionnaires. Aujourd’hui, ce lieu précieux des Seychelles est devenu le plus petit parc national du monde.
« L’histoire de Brendon Grimshaw est très belle », déclare le cinéaste Joseph Johnson Camí à Epoch Times. « Elle devrait être partagée en ce moment, je pense, car dans le monde actuel, nous avons besoin d’un peu d’optimisme. »
En 2007, M. Camí, né en Amérique du Nord, lisait un journal en Espagne lorsqu’il est tombé sur l’histoire de M. Grimshaw et de sa Moyenne Island. Cette histoire l’a vraiment fasciné.
« C’était un homme qui a consacré toute sa vie à restaurer l’écologie d’une île ; à se connecter avec elle », raconte le cinéaste. « De tant de façons différentes, il était confronté à une situation intéressante où il ne pouvait même pas assurer l’avenir de cette île. »
Brendon Grimshaw, originaire de Dewsbury, en Angleterre, a acheté l’île en 1962 pour 8000 livres (environ 9300 euros) et y a vécu jusqu’à sa mort, à 87 ans. Il avait auparavant travaillé comme rédacteur en chef d’un journal en Tanzanie, mais en raison de la politique de l’époque, des personnes comme lui ont quitté le pays.
« Il a décidé de prendre sa retraite et de faire quelque chose de différent, de radicalement différent », explique M. Camí, qui s’est lié d’amitié avec M. Grimshaw. « Et c’est ce qu’il a fini par faire. »
En 1973, Brendon s’est installé sur Moyenne Island, une partie des îles Seychelles qui se trouvent dans le vaste océan Indien.
Lorsqu’il est arrivé sur l’île, il n’y avait aucune infrastructure et il devait faire venir l’eau. Avec son amie la plus proche, Renée Lafortune, il a passé les 40 années suivantes à transformer l’île et à restaurer son habitat en plantant plus de 16.000 arbres, palmiers et arbustes, et en construisant un sentier naturel de 4,8 kilomètres. Ils ont acheté et élevé 111 tortues géantes d’Aldabra qui vivent en totale liberté, ainsi que des milliers d’oiseaux sauvages.
Ils ont également mis au point un système de collecte des eaux de pluie et, dans les dernières années de la vie de M. Grimshaw, Moyenne Island avait l’électricité.
« Je pense qu’il y a deux phases dans la vie de Brendon sur cette île », poursuit M. Camí. « L’une est celle que nous saisissons à la fin de sa vie. Et l’autre, c’est celle où il vivait sur cette île avant que tout ce qu’il a fait ne soit en place. »
Selon le cinéaste, Brendon Grimshaw a dû se débrouiller avec ce qu’il avait, ce qui a été une expérience assez intense au début.
« Mais par la suite, on s’est bien occupé de lui, il avait des gens qui le soutenaient, des gens qui visitaient l’île, des gens qui lui apportaient de la nourriture. Il était très actif. Il était simplement là, sur cette île, tous les jours, et c’est ce qui l’a maintenu en vie. »
En 2005, un prince saoudien a offert à M. Grimshaw la somme faramineuse de 50 millions de dollars pour Moyenne Island, mais il a refusé.
En 2007, l’avenir de l’île semblait incertain, car Brendon n’avait pas d’enfants pour hériter de cette précieuse terre, et les promoteurs hôteliers ont commencé à faire la queue pour construire des hôtels de luxe après sa mort. Cependant, son seul souhait était que l’île soit rendue accessible à tous et pas seulement aux riches millionnaires.
Lorsque M. Camí a lu son histoire et découvert cette situation, il a voulu utiliser ses talents de cinéaste pour aider. Il a vu dans ce projet un moyen de changer le destin de l’île.
« Je venais d’une industrie qui faisait essentiellement des films horribles. Je voulais prendre part à quelque chose qui me semblait important. J’ai donc entrepris de réaliser ce projet avec un groupe d’équipiers catalans pour voir si nous pouvions utiliser le cinéma comme un moyen d’influencer le monde réel. »
Au début, Brendon n’y croyait pas. Comment un film pouvait il changer le destin de son île ? Après une longue conversation avec le cinéaste il a fini par avoir une lueur d’espoir.
« Je lui ai expliqué que de la même manière que les journaux avaient le pouvoir de changer la réalité lorsqu’il était rédacteur en chef, le film avait un impact dans notre société aujourd’hui. C’était très intéressant pour lui comme pour moi de vivre cette expérience ensemble. »
« Globalement, nous avons passé un mois aux Seychelles, à faire des allers‑retours, pour rendre visite à Brendon et pour le filmer sur son île. Nous avons pris le temps de découvrir l’endroit. »
En réalisant le film « A Grain of Sand », M. Camí a découvert sa passion pour faire des films. Brendon Grimshaw, lui, a découvert sa propre vie, dédiée à la nature sur Moyenne Island.
L’équipe a pris soin de ne surtout pas imposer un quelconque climat de stress durant la production. Il ne s’agissait pas de s’exploiter mutuellement mais d’explorer de nouvelles idées grâce à un film.
Heureusement, l’équipe a réussi à changer le destin de l’île, car un an après avoir réalisé le documentaire, M. Camí s’est personnellement assis avec des membres du gouvernement des Seychelles. Lui et son équipe ont montré le film à un conseiller présidentiel, Jean‑Paul Adam, puis au président de l’époque, James Michel, lui‑même.
« Nous leur avons demandé de donner au film une fin heureuse et à la vie de Brendon une fin heureuse », se souvient M. Camí. « Ils ont eu l’occasion de le faire, et c’est tout à leur honneur, ils ont immédiatement accepté. »
En juin 2008, M. Cami a reçu un appel lui annonçant que le gouvernement avait accepté. Un accord avait été conclu, et Moyenne Island a été déclarée parc national, le plus petit parc national du monde. Alors que les îles voisines devenaient des terrains de jeu pour les riches, avec des complexes de luxe, l’île de M. Grimshaw allait être une perle protégée et précieuse.
« Le gouvernement des Seychelles nous a si bien accueillis », poursuit M. Camí. « On pense souvent que les petits pays moins développés ne se soucient pas de leur environnement ou ne prennent pas soin des choses comme le fait l’Occident. C’est totalement faux. »
« Ce que j’ai découvert, c’est qu’il y avait des gens qui se souciaient profondément de l’avenir des Seychelles. »
M. Camí a annoncé la nouvelle à M. Grimshaw sous son porche et n’oubliera jamais ce moment particulier, car il était submergé par l’émotion.
« Lorsque je lui ai dit que le gouvernement avait accepté que Moyenne Island devienne le plus petit parc national du monde, il a pleuré de joie. C’était un moment que je n’oublierai jamais. »
Pour M. Camí, c’était d’autant plus spécial que, plus tard, les deux amis ont pu s’asseoir ensemble et se réjouir du travail que Brendon a accompli dans sa vie, et du travail que toute son équipe de tournage et lui ont pu faire pour raconter son histoire.
C’était d’autant plus spécial que l’histoire a été utilisée comme un mécanisme pour créer quelque chose de beau, quelque chose que, selon lui, « aucun de nous n’oubliera jamais. »
« Il est parfois difficile de ne pas croire au destin quand on entend ces belles histoires et l’importance qu’elles finissent par prendre. »
L’histoire de Brendon Grimshaw et de son île peut être visionnée à l’adresse suivante : thewanderingeye.net.
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