Hong Kong : Agnes Chow, la militante que Pékin veut réduire au silence

Par Epoch Times avec AFP
11 août 2020 16:41 Mis à jour: 14 août 2020 15:12

Arrêtée lundi au nom de loi sur la sécurité nationale, Agnes Chow, 23 ans, est issue d’une génération de militants hongkongais luttant pour le respect des valeurs démocratiques qui ont fait leurs armes en politique dès l’adolescence et que Pékin entend désormais réduire au silence

C’est sous l’œil des caméras que cette figure de proue du mouvement pour la démocratie est sortie menottée lundi soir de son appartement, emmenée par des policiers appartenant à la nouvelle unité de chargée de la sécurité nationale.

Elle est une des premières personnalités politiques appartenant à l’opposition à avoir été appréhendées pour « collusion avec des forces étrangères », un fait passible de la prison à perpétuité.

C’est le dernier combat en date livré par cette militante contre les dirigeants du régime communiste chinois et leurs représentants à Hong Kong.

A grandi dans une famille catholique apolitique

L’engagement politique de cette jeune femme qui a grandi dans une famille catholique apolitique a commencé à ses 15 ans.

Elle décide alors de rejoindre un mouvement de jeunes protestant contre des projets destinés à mettre en oeuvre une « éducation morale et nationale » dans les écoles publiques.

Ces étudiants redoutaient que ce plan n’ouvre la voie à une politique éducative très encadrée comme en Chine continentale.

Pour faire entendre leur voix, ils ont organisé d’immenses sit-in. Face à une telle mobilisation, le gouvernement hongkongais a fini par reculer.

Elle a fait la rencontre d’un autre adolescent, Joshua Wong

C’est au cours de ces manifestations qu’elle a fait la rencontre d’un autre adolescent, Joshua Wong, devenu depuis une figure du mouvement pour la démocratie à Hong Kong.

Deux ans plus tard, en 2014, M. Wong, Mme Chow ainsi que d’autres étudiants ont joué un rôle déterminant dans le « Mouvement des Parapluies ». 

Cette mobilisation, née du refus de Pékin d’organiser des élections au suffrage universel à Hong Kong, avait paralysé en 2014 l’ex-colonie britannique pendant 79 jours et suscité l’ire de Pékin.

-Les militants prodémocratie de Hong Kong Agnès Chow et Joshua Wong s’adressent aux médias. Photo par Chris McGrath / Getty Images.

Mais en dépit de l’ampleur de cette action très pacifique, Pékin n’avait finalement fait aucune concession.

Cependant, une nouvelle génération d’opposants politiques était née, déterminée à ne pas laisser la Chine avoir la main-mise sur Hong Kong.

Fonde le parti défendant l’idéal démocratique

Agnes Chow a aidé à fonder le parti défendant l’idéal démocratique Demosisto aux côtés de Joshua Wong, Nathan Law et d’autres jeunes militants politiques.

A la différence des premiers partis luttant en faveur de la démocratie qui avaient jusqu’alors vu le jour, ces nouvelles formations politiques se montraient beaucoup plus déterminées à affronter Pékin et à inciter les Hongkongais à avoir davantage leur mot à dire sur la manière dont la ville est gérée.

Le retour de manivelle ne s’est pas fait attendre.

Mme Chow fait partie des premiers membres de Demosisto à en avoir fait les frais.

En 2018, l’exécutif hongkongais lui a interdit de se présenter à des législatives partielles au motif que son parti prônait l’« auto-détermination ». 

« Le gouvernement essaie de se débarrasser de tous les partis politiques qui sont contre lui », avait alors lancé Agnes Chow devant une foule de manifestants.

« Nous insistons toujours sur les droits de l’Homme et les libertés »

« Mais même si nous sommes sous pression et si nous sommes réprimés, nous insistons toujours sur les droits de l’Homme et les libertés », avait-elle ajouté.

Son plus grand succès, elle l’a remporté en réussissant à attirer l’attention de la communauté internationale sur le mouvement pour la démocratie de Hong Kong.

Elle le doit en grande partie à sa maîtrise de l’anglais, du cantonais et du japonais, une langue qu’elle a elle-même apprise en regardant la télévision et des émissions en ligne.

Et elle a réussi à créer un immense réseau social, notamment au Japon.

Son compte Twitter, sur lequel elle publie principalement en japonais, est suivi par quelque 458.000 abonnés.

Sa page Facebook, sur laquelle a été annoncée son arrestation lundi soir, compte environ 192.000 personnes.

Mais faire du lobbying est aujourd’hui profondément dangereux à Hong Kong.

Pékin vise à réprimer la subversion, la sécession etc.

La loi sur la sécurité nationale imposée le 30 juin par Pékin vise à réprimer la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères.

En juillet, 12 militants du mouvement pour la démocratie candidats aux législatives ont été disqualifiés en raison de leurs opinions politiques jugées inacceptables.

Parmi les exemples cités par le gouvernement, figure le fait de critiquer la nouvelle loi de sécurité nationale et d’afficher des slogans contestataires sur les réseaux sociaux.

Les responsables de Demosisto, conscients qu’ils étaient devenus des cibles privilégiées, avaient annoncé la dissolution de leur parti, juste après l’adoption de cette législation.

Nathan Law s’est enfui en Grande-Bretagne la même semaine.

Mais Mme Chow et M. Wong sont demeurés à Hong Kong en dépit des risques encourus.

Tous deux sont poursuivis pour avoir pris part l’an passé aux manifestations en faveur de la démocratie monstres qui ont secoué Hong Kong.

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