La liberté de la presse est « en miettes » à Hong Kong du fait de la reprise en main musclée par Pékin de l’ex-colonie britannique, a estimé jeudi le principal syndicat de journalistes hongkongais, redoutant désormais l’imposition d’une loi sur la désinformation.
« L’année passée a sans conteste été la pire année pour la liberté de la presse », a déclaré le président de l’Association des journalistes de Hong Kong (HKJA), Ronson Chan, en marge de la présentation du rapport annuel de l’organisation.
Sécurité nationale instrument de répression
Celui-ci fait l’inventaire d’une cascade d’événements qui ont eu un impact sur la presse depuis que Pékin a imposé il y a un an à Hong Kong la loi sur la sécurité nationale qui est depuis le principal instrument de répression contre les dissidents hongkongais.
La liberté de la presse est « en miettes » à Hong Kong du fait de la reprise en main musclée par Pékin de l’ex-colonie britannique, estime le principal syndicat de journalistes hongkongais, redoutant désormais l’imposition d’une loi sur la désinformation#AFP pic.twitter.com/hXI02iLESS
— Agence France-Presse (@afpfr) July 15, 2021
700 journalistes ont perdu leur travail
Les auteurs du rapport citent notamment l’incarcération du magnat des médias Jimmy Lai, l’une des figures du camp pro- démocratie, et le gel des actifs de son tabloïd emblématique, l’Apple Daily, qui a entraîné la fermeture d’un des titres les plus critiques de la politique de Pékin.
Un millier d’employés ont perdu leur travail, dont 700 journalistes. M. Lai et plusieurs des responsables du journal sont actuellement incarcérés en raison de poursuites pour atteinte à la sécurité nationale chinoise, en lien avec les contenus du journal.
La HKJA accuse par ailleurs l’exécutif hongkongais, qui est aligné sur Pékin, de transformer le radiodiffuseur public RTHK en « appareil gouvernemental de propagande » en renvoyant les membres de son personnel qui se montrent critiques ou en supprimant certains programmes.
Liberté de la presse dans le monde en 2021:
1 : Norvège
2 : Finlande
3 : Suède
11 : Belgique
34 : France
41 : Italie
44 : États-Unis
67 : Japon
111 : Brésil
179 : Corée du Nord
180 : Érythrée
Le journalisme, « vaccin contre la désinformation », entravé dans plus de 130 pays (RSF). pic.twitter.com/sYG6QX8KM7— Infos Françaises (@InfosFrancaises) April 20, 2021
L’accès à certaines bases de données publiques est en outre de plus en plus compliqué, selon l’organisation qui rappelle le cas de cette journaliste de RTHK qui a été condamnée pour avoir utilisé les registres d’immatriculations automobiles dans le cadre d’une enquête sur une violente agression de militants pro- démocratie par des partisans du gouvernement en marge des manifestations de 2019.
Le gouvernement a également cherché à restreindre la capacité des journalistes à obtenir des informations sur le registre des entreprises, ce qui a été critiqué par les associations luttant pour la transparence financière.
« Une nouvelle fois, la Chine ne respecte aucun de ses engagements et demeure prête à tout pour faire taire oppositions et critiques à Hong Kong.
Au Parlement européen, la Chine ne nous fera pas taire ; la liberté de la presse n’est pas négociable ! » — @MariePierreV pic.twitter.com/wk7WV9ea1k
— Renaissance (@Renaissance_UE) July 8, 2021
« Les libertés ont gravement reculé sous l’action d’un gouvernement répressif », selon le rapport.
L’instauration d’une loi sur les « fausses informations »
M. Chan s’est en outre inquiété de l’impact de lois en préparation.
De hauts responsables et des parlementaires du camp pro-Pékin ont demandé l’instauration d’une loi sur les « fausses informations ». Les détracteurs de ce projet y voient une initiative qui visera à terme les contenus qui déplaisent aux autorités.
Fermeture du Apple Daily à Hong Kong | Biden dénonce « un triste jour » pour la liberté de la presse https://t.co/0ivmxDDdyG
— La Presse (@LP_LaPresse) June 24, 2021
Dans le classement annuel de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF), Hong Kong n’a cessé de dégringoler, passant de la 18e place en 2002 à la 80e cette année.
La Chine continentale est 177e sur 180. Seuls le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Erythrée sont plus mal classés.
#HongKong: «L’année passée a été la pire année pour la liberté de la presse», rapporte un syndicat de journalistes pic.twitter.com/g88b62ba0I
— Figaro Live (@Figaro_Live) July 15, 2021
De nombreux médias internationaux ont leur siège régional à Hong Kong en raison de l’environnement favorable aux entreprises, et parce que la liberté de la presse continue d’y être garantie dans la Loi fondamentale, le texte qui sert de mini-Constitution à la ville théoriquement semi-autonome.
Mais beaucoup d’entre eux se posent la question de la pertinence de leur position à Hong Kong.
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