Hong Kong: la police rafle des leaders pro-démocratie, profitant de l’épidémie du coronavirus

Par Epoch Times avec AFP
19 avril 2020 11:30 Mis à jour: 19 avril 2020 14:35

La police de Hong Kong a mené samedi 18 avril une opération de grande envergure contre des leaders du mouvement pro-démocratie, arrêtant 14 personnes pour leur soutien ou leur participation aux immenses manifestations qui ont secoué la place financière asiatique l’an dernier.

Parmi les personnes interpellées figure le magnat des médias Jimmy Lai, 72 ans, fondateur du journal d’opposition Apple Daily, appréhendé à son domicile.

Les parlementaires ou ex-parlementaires Martin Lee, Margaret Ng, Albert Ho, Leung Kwok-hung et Au Nok-hin, accusés d’avoir organisé et participé à des rassemblements illégaux en août et octobre, ont également été arrêtés, a indiqué la police.

Cinq autres personnes interpellées sont soupçonnées d’avoir promu des manifestations interdites en septembre et octobre.

« Les personnes arrêtées sont accusées ou seront accusées de crimes liés » à ce genre de faits, a déclaré le commissaire Lam Wing-ho.

Les 14 interpellés comparaîtront en justice mi-mai.

Jimmy Lai avait déjà été arrêté en février pour sa participation à une manifestation en août 2019, que la police avait interdite pour des raisons de sécurité.

« J’ai fini par être arrêté. Comment je me sens? Je me sens très soulagé », a déclaré de son côté à la presse Martin Lee après avoir été libéré sous caution.

« Depuis tellement d’années, tellement de mois, tellement de jeunes gens ont été arrêtés et poursuivis, alors que je n’étais pas arrêté. Je le regrette », a ajouté l’avocat de 81 ans, qui avait créé le premier parti politique de Hong Kong où il est considéré comme le père de la démocratie.

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Il a dit ne pas regretter ses actions et être fier de soutenir la jeunesse hongkongaise dans son combat pour la démocratie.

Hong Kong avait été secouée plusieurs mois en 2019 par d’immenses manifestations parfois émaillées de violences. Elles avaient été provoquées au départ par un projet de loi – désormais abandonné – prévoyant d’autoriser les extraditions vers la Chine continentale, où les citoyens disposent de moins de droits et où le système judiciaire est bien plus opaque.

« Les arrestations aujourd’hui de leaders pro-démocratie à Hong Kong sont le coup de grâce pour le concept de +Un pays, deux systèmes+ », a estimé la directrice de Human Rights Watch pour la Chine, Sophie Richardson, faisant allusion au principe qui garantit dans la ville des libertés que n’ont pas les Chinois du continent.

« Il est difficile de prévoir les prochaines initiatives de Pékin, mais il semble bien que les dirigeants de Hong Kong vont continuer de permettre des abus plutôt que de défendre les droits des habitants de Hong Kong », a-t-elle déploré.

Les rassemblements géants de 2019 dans le territoire semi-autonome ont rapidement muté en un mouvement pro-démocratie réclamant plus de libertés, qui est devenu le plus grand défi au pouvoir de Pékin depuis que l’ex-colonie britannique est repassée dans le giron chinois en 1997.

Les manifestations et les affrontements avec la police ont progressivement cessé, en partie à cause de l’épuisement et des arrestations, mais aussi de la pandémie de coronavirus.

Les dirigeants chinois ont refusé de céder aux demandes des militants pro-démocratie, telles que l’organisation d’élections libres dans la ville, une enquête sur les violences policières durant les manifestations et une amnistie pour les plus de 7.000 personnes (dont beaucoup n’ont pas 20 ans) arrêtées pendant le mouvement.

La parlementaire pro-démocratie Claudia Mo a déclaré samedi que le gouvernement local « tente de toutes ses forces de mettre en place un règne de terreur ».

« Ils font tout ce qu’ils peuvent pour essayer de museler et de détruire l’opposition locale, mais nous restons unis », a-t-elle dit. « Il est évident que toutes leurs actions sont une mise en scène ».

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