Hong Kong: le siège de la PolyU dans son troisième jour, Pékin réitère ses menaces

Par Epochtimes.fr avec AFP
19 novembre 2019 05:36 Mis à jour: 19 novembre 2019 05:53

Des dizaines de manifestants pro-démocratie ont entamé mardi matin leur troisième journée retranchés dans un campus hongkongais, après la spectaculaire « évasion » nocturne de leurs camarades, au moment où Pékin redit qu’il ne laissera pas sans réagir la mégapole basculer dans l’anarchie.

Le siège de l’Université polytechnique de Hong Kong (PolyU) constitue la confrontation la plus longue et la plus violente avec les forces de l’ordre depuis le début de la contestation en juin dans l’ex-colonie britannique.

Cernés depuis dimanche par les policiers qui arrêtent tous ceux qui tentent de fuir ce campus de la péninsule de Kowloon, certains manifestants ont réussi dans la nuit une audacieuse « évasion » en descendant d’une passerelle au moyen de cordes avant d’être récupérés en contrebas par des motos et des scooters.

La cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, qui est désignée par un comité acquis à la cause de Pékin, a estimé mardi à une centaine le nombre de protestataires toujours retranchés.

S’exprimant pour la première fois depuis le début de ce siège spectaculaire, elle a affirmé que ces derniers n’avaient d’autre solution que de se rendre, s’ils souhaitaient une issue pacifique à leur face-à-face tendu avec les autorités.

Rendre les armes et sortir pacifiquement

« Ce but ne peut être atteint qu’avec la pleine coopération des manifestants, et notamment bien sûr des émeutiers qui doivent cesser les violences, rendre les armes et sortir pacifiquement en écoutant les instructions de la police », a-t-elle averti.

Voilà trois jours que les protestataires accueillent toutes tentatives de les déloger par un déluge de cocktails Molotov. Un policier a même été blessé à la jambe par une flèche tirée par un manifestant.

Le sort des reclus de la PolyU a suscité une vague d’émotion au sein de la mouvance pro-démocratie responsable de la plus grave crise politique dans l’ex-colonie britannique depuis la rétrocession en 1997.

Des dizaines de milliers de personnes ont ainsi manifesté lundi soir à Kowloon dans une tentative vraisemblablement coordonnée pour alléger la pression sur la PolyU et créer des contre-feux afin d’attirer la police anti-émeutes, qui s’est dite prête à faire usage de balles réelles.

Les soldats de l’armée chinoise, présents à Hong Kong depuis la rétrocession de l’ex-colonie en 1997, sont sortis ce weekend de leur caserne pour déblayer certaines rues de leurs barricades. Une apparition rarissime qui a encore alimenté l’hypothèse d’une opération militaire.

 

 

Menaces de Pékin

Et l’ambassadeur de Chine au Royaume-Uni a donné lundi du crédit supplémentaire à cette option.

« Le gouvernement de Hong Kong fait tout son possible pour reprendre le contrôle de la situation », a déclaré Liu Xiaoming lors d’une conférence de presse.

« Mais si elle devenait incontrôlable, le gouvernement central ne restera certainement pas les bras croisés. Nous avons la résolution et le pouvoir suffisants pour mettre fin aux troubles ».

Autre message menaçant à l’endroit de la contestation, Pékin a balayé mardi la décision de la justice hongkongaise, qui avait jugé lundi anticonstitutionnelle l’interdiction du port du masque, que l’exécutif avait décidée pour couper l’herbe sous le pied des manifestants.

« La décision de la Haute cour de Hong Kong affaiblit gravement la gouvernance du chef de l’exécutif et du gouvernement de la RAS » (région administrative spéciale), a déclaré Zang Tiewei, porte-parole de la commission des affaires législatives du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire (ANP, le parlement chinois), selon les médias d’Etat.

M. Zang a estimé que seule l’ANP avait le pouvoir de décider si une loi est ou non conforme à la loi fondamentale hongkongaise.

Comme des rats dans un piège

La PolyU est voisine du très stratégique Cross Harbour Tunnel, l’un des trois tunnels routiers desservant l’île de Hong Kong et le cœur financier de la mégapole, qui est bloqué depuis une semaine.

Dans le campus, des manifestants épuisés se montraient encore combatifs, alors même que leurs réserves de nourriture et d’eau en bouteille devaient être rationnées.

« Je courrai, mais jamais je ne me rendrai. Je ne veux pas être arrêté », a déclaré un manifestant qui a refusé de donner son nom. « Nous sommes comme des rats dans un piège. »

Si certains ont réussi à fuir au moyen de cordes, d’autres ont tenté sans succès d’emprunter des tunnels.

La police a qualifié le campus de « zone d’émeute ». Or la participation à une émeute est passible de 10 ans de prison. Et plusieurs centaines de manifestants qui s’étaient retranchés ont été arrêtés depuis dimanche.

Le mouvement avait débuté en juin sur le rejet d’un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine, et qui est depuis suspendu. Les manifestants ont depuis considérablement élargi leurs demandes pour exiger des réformes démocratiques ou encore une enquête indépendante sur les violences policières.

Près de 4.500 personnes ont été arrêtées en cinq mois et demi.

La contestation a basculé la semaine dernière dans une phase nouvelle, et beaucoup plus violente, avec une nouvelle stratégie baptisée « Éclore partout » (« Blossom Everywhere »), qui consistait à multiplier les actions simultanées – blocages, affrontements, vandalisme – pour éprouver au maximum les capacités de la police.

Alors que les manifestants préconisaient au cours des mois précédents des actions éphémères afin d’être insaisissables et fluides « comme l’eau », la nouvelle stratégie a eu pour effet d’ancrer la contestation dans plusieurs lieux, comme la PolyU.

Autre conséquence, toutes les écoles de la mégapole de 7,5 millions d’habitants sont fermées, et nombre d’étudiants étrangers participant à des programmes d’échange sont rentrés dans leur pays.

 

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