De nouvelles violences ont secoué dimanche Hong Kong où des dizaines de milliers de manifestants pro-démocratie ont bravé l’interdiction de défiler le visage masqué lors de marches émaillées d’affrontements avec la police et d’actes de vandalisme.
Par une pluie battante et alors qu’une bonne partie des stations de métro restaient fermées depuis la veille, des foules imposantes ont défilé notamment dans les quartiers du centre de l’île de Hong Kong et, de l’autre côté de la baie, sur la presqu’île de Kowloon.
Les manifestants protestaient contre l’utilisation de pouvoirs d’urgence par le gouvernement pour interdire le masque dans les rassemblements publics.
La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et de nouvelles échauffourées ont opposé des policiers à des manifestants qui tentaient d’ériger des barricades de fortune.
Un chauffeur de taxi a été battu dans le quartier de Sham Shui Po après avoir heurté deux manifestantes avec sa voiture. Elles ont été soignées par des secouristes bénévoles avant l’arrivée de la police, selon un photographe de l’AFP. Une troisième femme coincée entre le taxi et un magasin a été dégagée par la foule. Des manifestants ont saccagé la voiture.
Donc aujourd’hui à Sham Shui Po, un taxi a foncé dans la foule, blessant plusieurs manifestants. #HongKong #StandWithHongKong pic.twitter.com/RfKFaCyJqD
— Nicolas Wong (@petitnicolas_hk) 6 octobre 2019
Des bureaux gouvernementaux voisins avaient été saccagés auparavant. Dans toute la ville, de nombreuses banques chinoises et stations de métro ont été vandalisées.
En soirée, un drapeau d’avertissement a été hissé sur le toit d’une caserne de l’Armée populaire de libération qui avait été visée par des rayons laser des manifestants, selon la chaîne hongkongaise RTHK.
C’est le troisième jour consécutif de flashmobs et d’actions non autorisées depuis la décision vendredi de la cheffe de l’exécutif de Hong Kong Carrie Lam d’invoquer une loi d’urgence pour interdire aux manifestants de dissimuler leur visage. Le soir-même, cette décision avait débouché sur des violences et des dégradations notamment contre MTR, la société gérant le métro local, accusée de faire le jeu de Pékin.
La justice de l’ex-colonie britannique a rejeté dimanche un recours contre cette décision, formulé par des députés hongkongais pro-démocratie.
Hong Kong traverse depuis quatre mois sa pire crise politique, avec des manifestations quasi-quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés ainsi que la mainmise grandissante du gouvernement chinois sur les affaires de sa région semi-autonome, et exiger des réformes démocratiques.
Alors que les métros n’avaient pas circulé samedi, MTR a indiqué que 45 stations étaient ouvertes dimanche, mais que 48 resteraient fermées dans les quartiers particulièrement affectés par la contestation, notamment le centre.
La ville de 7,5 millions d’habitants est extrêmement dépendante de son métro, l’un des plus performants au monde, qui transporte en temps normal quatre millions de passagers par jour. D’où le casse-tête dimanche pour les usagers, qui prenaient d’assaut les bus et les taxis.
Fait rarissime, plusieurs chaînes de supermarchés et centres commerciaux étaient aussi fermés, poussant des habitants à se ruer sur les rares magasins ouverts afin de faire des réserves.
Samedi, des milliers de manifestants avaient encore pris part à des actions non autorisées et des flashmobs dans divers quartiers de la ville. Il s’agit du 18e week-end d’affilée de désordres à Hong Kong.
Les pires échauffourées jusqu’ici ont eu lieu mardi, alors que la Chine populaire fêtait son 70ème anniversaire. Pour la première fois, un policier a tiré à balle réelle sur un étudiant de 18 ans, le blessant grièvement. Un adolescent de 14 ans a également été blessé par balle vendredi soir par un policier en civil.
La loi d’urgence invoquée par Carrie Lam date de 1922, une époque où Hong Kong était une colonie britannique, n’avait plus été utilisées depuis 1967. Elle autorise l’exécutif à prendre « n’importe quelle mesure », sans feu vert du corps législatif, dans l’éventualité d’une situation d’urgence ou d’un danger pour la population.
Mme Lam l’a utilisée pour interdire le port du masque par les manifestants, qui s’en servent pour dissimuler leur identité et se prémunir de poursuites judiciaires mais aussi se protéger des lacrymogènes. Mais l’interdiction a été sans effet sur les protestataires.
La mesure d’interdiction a été saluée par Pékin, mais, au-delà de la question du masque, l’opposition et les manifestants y voient les prémisses d’une dérive autoritaire.
« Je crois que c’est une des questions de constitutionnalité les plus plus importantes de l’histoire de Hong Kong », a déclaré dimanche aux journalistes le député Dennis Kwok, avant la décision de la Haute cour. « Si cette loi d’urgence est validée, l’avenir de Hong Kong sera très sombre ».
La contestation avait démarré en juin contre un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine continentale. Le texte a été abandonné début septembre, trop tard aux yeux de manifestants qui avaient entretemps considérablement élargi leurs revendications.
De son côté, Mme Lam a défendu les pouvoirs d’urgence tout en affirmant que cela ne signifiait pas que l’état d’urgence était décrété. « Nous ne pouvons laisser les émeutiers détruire davantage notre Hong Kong chérie », a-t-elle déclaré samedi dans une vidéo enregistrée, le visage de marbre.
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