Hong-Kong : quand le chemin de croix de Jimmy Lai se terminera-t-il ?

Par Sarita Modmesaïb
27 août 2024 17:24 Mis à jour: 27 août 2024 17:24

Le magnat des médias pro-démocratie est emprisonné depuis 2020. Fervent catholique depuis sa conversion en 1997, Jimmy Lai reste encore en isolement, son procès ayant été reporté à novembre prochain.

Jimmy Lai est parti de rien. Ayant fui la Chine à l’âge de 12 ans, il a d’abord travaillé dur dans une usine de confection de Hong-Kong, a gravi les échelons et est devenu directeur de cette même usine. Il a ensuite créé sa propre chaîne de vêtements de la marque mondialement connue Giordano.

L’homme d’affaires a aussi décidé de porter sa voix pour la liberté en Chine et s’est lancé dans les médias à Hong-Kong, créant le journal Next après le massacre de Tian An Men de Pékin en 1989. En 1995, il lance Apple Daily, média ouvertement pro-démocratie qui devient le plus grand quotidien à Hong-Kong en langue chinoise de l’opposition.

« Si je pars…  j’abandonne ce en quoi je crois »

Au nom de sa nouvelle loi sur la sécurité nationale, Pékin fait arrêter Jimmy Lai en décembre 2020. Le Parti communiste chinois accuse, entre autres, le magnat pro-démocratie de « collusion avec des forces étrangères ». Le quotidien Apple Daily a été fermé en 2021 par Pékin.

Le procès de Jimmy Lai, initialement prévu en 2022, a été ouvert en décembre 2023 et devait durer 80 jours. En décembre, il a déjà été condamné à plus de cinq ans d’emprisonnement après avoir été reconnu coupable pour deux chefs d’accusation de fraude au bail foncier. Il avait déjà purgé deux autres peines pour avoir allumé une bougie et fait une prière en souvenir du massacre de Tiananmen, et pour avoir participé à une manifestation pacifique.

Le procès, qui devait reprendre en juillet 2024, est encore reporté au 21 novembre prochain. Jimmy Lai, bientôt 77 ans, reste en isolement dans la prison de haute sécurité de Stanley, à Hong-Kong.

De nombreuses voix se sont élevées face à cette arrestation arbitraire. Avant le début du procès en décembre 2023, les États-Unis ont pris position, le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller ayant déclaré dans un communiqué : « Nous exhortons les autorités de Pékin et de Hong Kong à respecter la liberté de la presse à Hong Kong » et à « libérer immédiatement Jimmy Lai et toutes les autres personnes emprisonnées pour avoir défendu leurs droits ».

David Cameron, ancien Premier ministre britannique et chef de la diplomatie en 2023, déclarait également : « Jimmy Lai a été pris pour cible dans une tentative évidente d’empêcher l’exercice pacifique de ses droits à la liberté d’expression et d’association ».

Le milliardaire compte sur sa foi, s’étant fait baptiser en 1997. En 2020, Jimmy Lai aurait pu échapper à cette arrestation. Détenteur d’un passeport britannique, il aurait pu quitter Hong-Kong. Mais l’homme d’affaires avait déclaré : « Si je pars, non seulement j’abandonne mon destin, j’abandonne Dieu, j’abandonne ma religion, j’abandonne ce en quoi je crois », rapporte Aleteia.

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