Hong Kong se prépare à voter, le principe de démocratie est en jeu

18 juin 2015 09:54 Mis à jour: 18 juin 2015 09:54

 

Avant la fin de cette semaine, les législateurs hongkongais voteront pour ou contre le plan de réforme des élections soutenu par Pékin – cette réforme qui a déclenché le plus grand mouvement de manifestations et de vives tensions dans le centre financier international l’an dernier.

Ce mercredi, le Conseil législatif de Hong Kong a débattu autour du projet de loi qui devrait permettre aux cinq millions d’électeurs (sur une population de 7,2 millions de personnes) de choisir leur plus haut représentant lors des prochaines élections en 2017. Un vote devrait avoir lieu ce jeudi ou vendredi. Le plan électoral sera envoyé à Pékin pour approbation si les deux tiers des législateurs votent oui.

Pour l’instant, le projet de loi aurait besoin de quatre voix supplémentaires pour passer – depuis des mois, tous les législateurs pro-démocrates ont juré de voter contre le plan électoral.

Ces législateurs déclarent que le projet de Pékin, qui avait déjà été repoussé le 31 août de l’an dernier, n’est qu’un semblant de démocratie, étant donné que les deux ou trois candidats au poste de chef de l’exécutif de Hong Kong seront désignés par un comité de nomination défendant les intérêts de Pékin.

Les défenseurs de la démocratie à Hong Kong – qu’ils soient étudiants, professionnels, ménagères ou retraités – se sont sentis si peu concernés par le projet électoral de Pékin qu’ils sont descendus dans les rues pour occuper les principaux quartiers commerçants et administratifs pendant trois mois et ont organisé plusieurs rassemblements cette année, le dernier ayant eu lieu dimanche.

Le camp pro-démocrate de Hong Kong est conscient que repousser le projet de loi revient à rester dans le système actuel où le chef de l’exécutif est désigné par un groupe de 1.200 responsables non représentants des intérêts de la population de Hong Kong et favorables à la politique de Chine continentale.

« Nous sommes de retour à la case départ, mais c’est ainsi », a commenté la législatrice pro-démocrate Emily Lau pour Voice of America. « C’est vraiment tragique. Nous nous sommes battus pendant plusieurs dizaines d’années, mais Pékin n’autorise toujours pas de vraies élections à Hong Kong. Nous nous sommes battus pendant tant d’années et il n’y a aucune raison de s’arrêter. »

Pour Joshua Wong, le jeune leader d’un des groupes étudiants qui avaient mené le mouvement des parapluies, les Hongkongais devraient commencer à réfléchir à la façon dont le territoire peut garder ses droits et privilèges après 2047, c’est-à-dire après la date de fin de la formule « un pays, deux systèmes ». En effet, lorsque la Grande-Bretagne a rétrocédé le territoire à la Chine en 1997, il a été prévu que Hong Kong garde son système capitaliste et sa façon de vivre sous le régime communiste pendant 50 ans.

« Le mouvement pour la démocratie n’est pas la responsabilité d’une seule génération », a écrit Joshua Wong dans le New York Times.

Dernière chance ?

Les responsables chinois ont refusé de reprendre le processus de réforme électorale ou de modifier la proposition de départ, ce qu’ils avaient déjà fait clairement comprendre à un groupe de 14 législateurs pro-démocrates lors d’une réunion à huis clos fin mai.

Pékin « ne bougera pas d’un iota », a dit Alan Leong, l’une de ces 14 personnes, selon le Wall Street Journal.

Le journal officiel de l’État chinois, le Quotidien du peuple, a aussi publié une série d’articles ces dernières semaines dans lesquels le plan électoral d’août était présenté comme desservant les meilleurs intérêts du peuple de Hong Kong, une ligne rhétorique reprise mardi par Song Ru’an, représentant du ministère des Affaires étrangères.

« Si les pan-démocrates insistent avec entêtement pour refuser la proposition, la démocratie à Hong Kong restera au point mort », a dit Song Ru’an. Les législateurs devraient « voter de façon raisonnable et donner une chance à cette proposition », a-t-il ajouté.

L’actuel dirigeant de Hong Kong et les législateurs pro-Pékin ont avancé des arguments similaires.

Le chef de l’exécutif Leung Chun-ying a dit mardi que les législateurs pro-démocrates ne devraient pas penser que Pékin est prêt à reconsidérer leurs demandes à une date ultérieure s’ils votent contre le projet de loi cette semaine.

 

Holden Chow, le n°2 de l’Alliance démocratique pour l’amélioration et le progrès de Hong Kong (pro-Pékin), partage la position de Leung Chun-ying.

« Si vous refusez le programme cette fois, la prochaine fois, dans cinq ou dix ans, que vous lancerez à nouveau la réforme politique, vous retrouverez le même cadre de travail » a affirmé Holden Chow pour le New York Times. « Cela veut dire que la situation reste la même, mais que vous perdez votre temps. »

Escalade ?

Le sentiment populaire semble plutôt favorable au plan électoral.

Selon les derniers résultats d’une enquête sur la proposition d’élection du chef de l’exécutif conduite conjointement par trois universités de Hong Kong montrent que 45 % des personnes interrogées sont pour et 41 % contre. Les quelque mille participants interrogés chaque fois depuis le début de l’enquête fin avril se sont généralement montrés favorables à la proposition, même si timidement.

Tandis que les législateurs pro-démocrates devraient voter contre la proposition, des manifestations devraient être organisées autour des bâtiments du Conseil de Hong Kong dans le quartier central de l’Amirauté pendant la durée des débats et du vote.

Si le résultat du vote est positif, les choses pourraient rapidement dégénérer et la police de Hong Kong est prête.

Au moins 5.000 agents seront en alerte le jour du vote, ont confié deux représentants de la police à Reuters.

Wong Yeung-tat, leader du groupe localiste Civic Passion, s’est plaint dans un commentaire sur Facebook que la police et les journalistes lui ont demandé s’il se préparait à entrer de force dans le bâtiment du Conseil législatif de Hong Kong. En effet, un des membres de son groupe avait participé à une intrusion dans l’immeuble administratif l’an dernier lors des manifestations Occupy Central.

Dimanche, neuf personnes ont été arrêtées et une dixième lundi, suspectées d’avoir préparé des explosifs. Selon la police, au moins une personne appartient à une « organisation radicale locale » La police a présenté des masques à l’effigie de Guy Fawkes, des fusils à air comprimé et des dépliants promouvant le « localisme » – un mouvement politique qui défend les intérêts de Hong Kong contre ceux de Chine continentale – lors d’une conférence de presse dimanche.

Ray Wong, organisateur du groupe localiste HK Indigenous, a dit mardi dans un clip diffusé sur YouTube que son groupe pourrait ne pas respecter le principe de non-violence dans le cadre d’une nouvelle manifestation de masse.

« Nous avons perdu patience et confiance dans le maintien aveugle de la paix », a commenté Ray Wong.

 

Version originale : Hong Kong is About to Vote on Beijing’s Election Proposal. Here’s Why It Matters

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.