L’Europe doit réduire sa dépendance vis-à-vis des États-Unis et éviter d’être entraînée dans une confrontation entre Pékin et Washington au sujet de Taïwan, a déclaré le président français lors d’une interview dans l’avion qui le ramenait d’une visite d’État de trois jours en Chine la semaine dernière.
Selon le reportage des journalistes de Politico, Emmanuel Macron a mis l’accent sur sa théorie favorite de « l’autonomie stratégique » pour l’Europe, vraisemblablement dirigée par la France, afin de devenir une « troisième superpuissance ».
Il a également mentionné que l’Europe avait accru sa dépendance à l’égard des États-Unis en matière d’armement et d’énergie et qu’elle devait désormais se concentrer sur le renforcement de ses industries de défense.
Il paraît que le chef d’État français a la mémoire courte.
Imaginez que les États-Unis aient dit au siècle dernier qu’ils devaient éviter de se laisser entraîner dans une confrontation en Europe. Des dizaines de milliers d’Américains, de Canadiens et d’Australiens sont enterrés en France, morts en défendant ce pays contre la tyrannie au cours des deux guerres mondiales.
Et que serait l’Europe sans l’OTAN, une alliance qui prévoit une riposte collective à l’agression contre l’un de ses membres et qui permet aux nations européennes de compter sur l’Amérique pour les défendre ? Les États-Unis devraient-ils dire à M. Macron et à d’autres dirigeants européens qu’ils ne s’impliqueront plus dans un conflit avec la Russie ?
La vision exagérée d’Emmanuel Macron, qui considère l’Europe comme une troisième force dans un nouvel ordre mondial, est assez naïve, surtout lorsqu’il semble plus intéressé par le commerce que par la stabilité internationale.
En janvier, il a également déclaré au journal espagnol El Pais que l’Europe devait devenir « souveraine sur le plan économique, technologique et militaire, c’est-à-dire une Europe qui soit vraiment une puissance ».
En réalité, l’Europe moderne a une capacité limitée à jouer un rôle géopolitique majeur – et ce, en raison de sa faiblesse militaire.
Le dernier exemple est la fuite d’un mémo révélant que les forces terrestres allemandes ne peuvent pas remplir leurs engagements vis-à-vis de l’OTAN. Une division militaire que l’Allemagne a promise à l’OTAN n’est pas tout à fait prête à combattre, selon un rapport publié dans Bild la semaine dernière.
En mettant sur un pied d’égalité l’État-parti chinois autoritaire et l’Amérique – peut-être imparfaite, mais quand même démocratique -, le président français a sapé « Liberté, Égalité, Fraternité », les valeurs mêmes qui sont censées sous-tendre l’idéal démocratique français.
À l’heure où le Parti communiste chinois assimile Taïwan à une tumeur qu’il faut enlever, les propos de M. Macron ne peuvent qu’enhardir Xi Jinping et saper les efforts occidentaux visant à créer la région indo-pacifique stable – la région qui inclut les territoires français.
Le chef d’État français souffrait-il d’un « manque de pertinence » sur la scène internationale ? Cherchait-il à détourner l’attention des protestations de masse qui secouent actuellement son pays ? Ou bien vendait-il la démocratie contre le commerce ?
Quelle que soit la raison, ou les raisons, il s’agit d’une abdication de son devoir de défendre la démocratie partout où elle existe.
Emmanuel Macron a des antécédents de commentaires à la limite de la recherche d’attention. En 2019, par exemple, il a affirmé à The Economist que l’OTAN était en état de « mort cérébrale ».
D’un côté, il proclame que la France a un rôle à jouer dans la sécurité de l’Indo-Pacifique mais, de l’autre côté, il est prêt à abandonner Taïwan démocratique à un régime autoritaire brutal qui menace la paix dans la région.
Quelles que soient ses raisons, ses commentaires ont fait le jeu de Xi Jinping. Les médias d’État chinois ont qualifié les remarques d’Emmanuel Macron de « décision brillante ».
Heureusement, la plupart des dirigeants n’écoutent pas M. Macron. Les nations exposées au comportement menaçant de Xi Jinping ont des réponses bien différentes.
Les Philippines ont entrepris d’importants exercices militaires avec les États-Unis, tandis que le Japon et la Corée ont mis de côté leurs vieilles inimitiés pour des manœuvres conjointes.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui a effectué vendredi sa première visite en Chine, a insisté sur la position commune de l’Europe qui contrastait avec les remarques excentriques de M. Macron.
Comme le diraient de nombreux Français : « Quelle horreur, Monsieur le Président ! »
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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