MéDECINE CHINOISE TRADITIONNELLE

Hua Tuo, le médecin chinois de l’Antiquité en avance sur son temps

juin 27, 2023 15:21, Last Updated: juin 27, 2023 15:21
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Hua Tuo est un médecin chinois reconnu pour être un immortel, tant pour son apparence juvénile malgré son âge avancé que pour les diagnostics et les traitements magiques qu’il réalisait.

Il aurait diagnostiqué une tumeur dans le cerveau du chef de guerre Cao Cao au IIe siècle, bien avant les appareils à appareil à rayons X. Hua Tuo avait prétendu pouvoir opérer Cao Cao pour lui retirer la tumeur, mais Cao Cao l’a fait tuer en pensant que Hua Tuo avait l’intention de l’assassiner.

« Cao Cao l’a appelé pour qu’il lui serve de médecin personnel et s’est mis en colère contre Hua Tuo qui hésitait à revenir plus tard pour lui prodiguer de nouveaux traitements. Il l’a également soupçonné de vouloir l’assassiner lorsque Hua Tuo lui a proposé une opération du cerveau en guise de traitement pour ses violents maux de tête », écrit Subhuti Dharmananda, directeur de l’Institut de médecine traditionnelle de Portland, dans l’Oregon, sur le site web de l’institut.

L’article « La vie et la pratique médicale de Hua Tuo », publié dans le Pacific Journal of Oriental Medicine, donne un autre aperçu de cette histoire.

« Hua Tuo examina Cao Cao et l’informa que ses maux de tête étaient dus à l’accumulation d’air et de liquide dans sa boite crânienne. Il lui expliqua que les médicaments ne serviraient à rien et qu’il devait l’anesthésier, lui ouvrir le crâne pour retirer l’accumulation », a écrit Brian May, ajoutant que ces propos étaient tirés du « Roman des Trois royaumes ».

Comment Hua Tuo est-il parvenu à diagnostiquer une tumeur à l’origine de la douleur ressentie par Cao Cao ? Comment a-t-il pu diagnostiquer chez ses patients les problèmes qu’ils avaient à l’intérieur de leur corps ? Il doit sa renommée à de nombreux diagnostics réussis et à des traitements avancés avant sa tentative malheureuse de soigner Cao Cao.

« Il est reconnu pour avoir été le fer de lance de la pratique des laparotomies et des transplantations d’organes, en utilisant des anesthésiques, et il a été le premier chirurgien chinois à opérer l’abdomen, notamment en pratiquant une splénectomie et une colostomie. Sur le plan neurologique, Hua Tuo aurait pratiqué des interventions pour traiter des maux de tête [et] des paralysies », indique l’article « Le premier chirurgien chinois : Hua Tuo », coécrit par R. Shane Tubbs, professeur de neurochirurgie à la faculté de médecine de l’université de Tulane (Nouvelle-Orléans, Louisiane). L’article a été publié dans le journal de la Société internationale de neurochirurgie pédiatrique en 2011.

Comment Hua Tuo voyait-il à l’intérieur du corps ?

La médecine chinoise dispose de certains outils pour découvrir ce qui se passe à l’intérieur du corps en détectant des symptômes extérieurs. L’une des techniques consiste à prendre le pouls. La sensibilité du pouls, qui varie en fonction des changements corporels, est une chose que les grands médecins chinois connaissaient bien. Mais si une anomalie avait été détectée dans la tête, comment Hua Tuo a-t-il pu savoir qu’il s’agissait d’une tumeur ?

« On dit que certains médecins de MTC (médecine traditionnelle chinoise) du passé étaient voyants ou clairsensibles, ce qui signifie qu’ils avaient des capacités de perception, pour voir et sentir au-delà du physique », a indiqué le Dr Xiang Jun, docteur en acupuncture, sur son site web.

Hua Tuo pratiquait le taoïsme. On dit qu’il s’est tourné vers le divin pour être guidé et qu’il s’est amélioré et a développé ses capacités de cette manière. Les taoïstes des légendes chinoises sont souvent réputés pour avoir des capacités surnaturelles. Certains scientifiques modernes ont également étudié comment les pratiques spirituelles pouvaient aider les gens à développer des pouvoirs qualifiés de surnaturels.

Par exemple, Dean Radin, scientifique émérite de l’Institut des sciences noétiques, a beaucoup écrit sur les personnes spirituelles et les capacités surnaturelles dont elles ont fait état tout au long de l’histoire.

Dans son livre « Supra-normal : Science, yoga, et les preuves apportées sur les capacités psychiques extraordinaires », M. Radin explique : « Pour un universitaire de formation occidentale, la simple existence de la télépathie, par exemple, serait considérée comme supra-normale, et donc tout à fait extraordinaire. Mais pour un yogi expérimenté, ce n’est qu’un siddhi [terme sanskrit désignant un niveau de méditation ou un pouvoir] mineur et banal ».

M. Dharmananda a écrit à propos de Hua Tuo : « Étant un taoïste accompli et respectant ses principes, il n’a pas cherché la gloire ou la fortune, bien qu’il ait reçu beaucoup d’éloges ».

Cao Cao aurait fait tuer Hua Tuo en 207 après J.-C., à l’âge de 97 ans, a raconté M. Dharmananda, citant les « Archives de la dynastie Wei (Wei Zhi) ». À 97 ans, Hua Tuo était un homme en bonne santé et d’apparence jeune.

« Sachant parfaitement comment se maintenir en bonne santé, Hua Tuo apparaissait encore dans la fleur de l’âge, à près de 100 ans, et était donc considéré comme un immortel », a écrit M. Dharmananda.

« Les documents historiques ‘San Guo Zhi’ et ‘Hou Han Shu’ indiquent tous deux que les gens de son époque pensaient qu’il approchait les 100 ans. Le Hou Han Shu ajoute qu’après sa mort, il est devenu immortel », ont écrit May, Takako Tomoda et Michael Wang, coauteurs de « La vie et la pratique médicale de Hua Tuo ».

Le premier chirurgien connu en Chine

La chirurgie n’est pas très répandue dans les pratiques médicales chinoises d’aujourd’hui, mais de nombreux documents attestent que Hua Tuo pratiquait des opérations chirurgicales avec sa propre méthode d’anesthésie pour soulager ses patients.

L’un des exploits de Hua Tuo, une opération abdominale qu’il a pratiquée sur un patient, est relaté dans « Le premier chirurgien chinois : Hua Tuo ». Lors d’une opération abdominale, Tuo demanda à son patient de boire une préparation à base de plantes. Dès que le patient perdit connaissance, Tuo procéda à l’incision.

La préparation à base de plantes mentionnée dans l’article est un anesthésique que Hua Tuo avait inventé pour que le patient ne souffre pas, ou très peu, pendant l’opération.

M. Dharmananda a également inclus un récit montrant Hua Tuo en train de pratiquer une chirurgie abdominale.

« Un patient qui souffrait de douleurs abdominales depuis plus de dix jours et qui s’était épilé la barbe et les sourcils a demandé à Hua Tuo de le soigner. Le médecin a diagnostiqué une détérioration de l’abdomen, lui a demandé de boire un anesthésique, a exploré l’abdomen et retiré la partie atteinte, a suturé et plâtré l’abdomen et lui a administré des herbes médicinales. Le patient s’est rétabli au bout de 100 jours. »

Maître en acupuncture

En médecine chinoise, l’acupuncture permet de guérir ou de soulager temporairement les maladies. Les compétences de Hua Tuo en acupuncture étaient réputées excellentes. Il est d’ailleurs considéré comme l’un des meilleurs acupuncteurs de l’histoire. Il a donné son nom à une série de points d’acupuncture appelée Hua Tuo Jiaji.

« Les points d’acupuncture Hua Tuo, connus sous le nom de Hua Tuo Jiaji (jia = revêtement ; ji = colonne vertébrale), sont localisés dans une rangée le long de la colonne vertébrale, de façon bilatérale. Ces points sont attribués à Hua Tuo dans la mesure où il aurait préféré traiter certaines affections à l’aide de ces points », a écrit M. Dharmananda.

Bien que Hua Tuo ait consigné ses connaissances et ses expériences dans des livres, ceux-ci ont été perdus. Toutefois, des témoignages de son génie ont survécu. Parmi ces cas extraordinaires où l’acupuncture a sauvé une vie, Hua Tuo aurait aidé une femme dont l’enfant est mort-né.

« À la suite d’une fausse couche, une femme s’est adressée à Tuo en se plaignant de fortes douleurs abdominales. Après avoir pris le pouls de la femme, Tuo a diagnostiqué une grossesse gémellaire, confirmant la présence d’un fœtus mort dans son abdomen. Une simple séance d’acupuncture a permis à Hua Tuo d’évoquer la mortinaissance », ont écrit M. Tubbs et les coauteurs de l’ouvrage « Le premier chirurgien chinois : Hua Tuo ».

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