Dans la clinique de santé mentale que je dirige, j’entends souvent des commentaires comme ceux-ci :
« Ma fille de 16 ans a vécu une période difficile au collège et au lycée, pleine de brimades, d’échecs scolaires et d’embarras sportifs. Son estime de soi est au plus bas. Que puis-je faire pour l’aider ? »
Ma femme est allée travailler dans un bureau qui s’est avéré avoir une culture de « méchanceté » – beaucoup de commérages, de coups de poignard dans le dos et de harcèlement. Elle était très enthousiaste à l’idée de décrocher ce poste, mais cela a été un véritable cauchemar. Deux ans plus tard, sa confiance en elle et sa fierté ont été anéanties.
« Lorsque mon père, âgé de 68 ans, a été évincé de son poste de PDG après 18 ans, il a perdu le sens de sa vie. Et il a perdu sa confiance en lui. »
L’estime de soi joue un rôle crucial dans la santé mentale et le bien-être général. Le fait de se sentir bien dans sa peau accroît notre plaisir de vivre et notre efficacité de multiples façons. Après avoir analysé de nombreuses études, des chercheurs ont conclu dans la revue American Psychologist : « De nombreuses recherches ont montré qu’une bonne estime de soi aide les individus à s’adapter et à réussir dans divers domaines de la vie, notamment en entretenant des relations plus satisfaisantes, en obtenant de meilleurs résultats à l’école et au travail, en jouissant d’une meilleure santé mentale et physique et en s’abstenant de tout comportement antisocial. »
Il n’est pas surprenant qu’une faible estime de soi puisse entraîner toute une série de problèmes :
• Une étude réalisée en 2019 auprès d’élèves de l’enseignement secondaire a révélé qu’une faible estime de soi était associée à un risque accru d’anxiété, de dépression et de pensées suicidaires.
• Un essai clinique réalisé en 2021 a révélé une forte corrélation entre le manque d’autocompassion et le manque d’estime de soi, d’une part, et l’anxiété sociale, d’autre part.
• Une étude de 2022 a montré que les personnes ayant une faible estime d’elles-mêmes étaient plus susceptibles d’avoir de mauvais résultats scolaires ou professionnels, une mauvaise santé mentale ou physique, davantage de comportements antisociaux et des relations sociales malsaines que les personnes ayant une forte estime d’elles-mêmes.
Lorsqu’un proche souffre d’un manque d’estime de soi, qu’il s’agisse d’un enfant, d’un conjoint ou d’un ami, il est naturel de vouloir l’aider. Le renforcement de l’estime de soi passe par une combinaison de soutien, d’encouragement et de stratégies pratiques. Ces efforts de notre part peuvent apporter à notre proche une amélioration durable.
Les racines du manque d’estime de soi
Les personnes souffrant d’une faible estime de soi sont confrontées à des perceptions négatives d’elles-mêmes, au doute et à la conviction persistante qu’elles ne sont pas assez bonnes. Ces sentiments peuvent provenir d’une grande variété de sources et d’expériences, et il est essentiel de reconnaître les facteurs sous-jacents pour offrir un soutien. Les causes les plus fréquentes d’une faible estime de soi sont les suivantes :
1. L’influence des parents. L’un des principaux facteurs influençant l’estime de soi est la relation avec les parents pendant l’enfance. Des parents trop critiques, négligents ou violents peuvent faire naître chez leurs enfants des sentiments d’inadéquation et d’inutilité. En revanche, les parents qui offrent un amour inconditionnel, un soutien et un renforcement positif favorisent une bonne estime de soi. La façon dont les parents réagissent aux succès et aux échecs de leur enfant peut fortement influencer la perception que l’enfant a de lui-même.
2. Les expériences passées traumatisantes. Les violences physiques, émotionnelles ou sexuelles subies pendant l’enfance peuvent gravement nuire à l’estime de soi. La maltraitance enseigne aux enfants qu’ils ne sont pas dignes d’amour et de respect, ce qui entraîne des sentiments profonds de honte et d’autoculpabilisation. La négligence, qui consiste à ne pas répondre aux besoins émotionnels et physiques fondamentaux de l’enfant, a des effets similaires, laissant l’enfant dans un sentiment d’invisibilité et d’insignifiance. L’impact à long terme de la maltraitance et de la négligence persiste souvent à l’âge adulte, ce qui rend difficile le développement d’une image positive de soi.
3. Les relations avec les pairs. L’influence des pairs devient particulièrement forte pendant l’adolescence, une période critique pour le développement de l’estime de soi. Les relations positives avec les pairs peuvent renforcer l’estime de soi, tandis que les interactions négatives, comme les brimades ou l’exclusion, ont l’effet inverse. Les adolescents qui font l’objet d’un rejet social ou de brimades peuvent intérioriser les messages négatifs de leurs pairs, ce qui entraîne une diminution de l’estime de soi.
4. Les médias et les influences culturelles. Les médias jouent un rôle important dans la formation de l’estime de soi, en particulier par la présentation d’images corporelles et de modes de vie idéalisés. L’exposition constante à des normes irréalistes de beauté, de réussite et de bonheur crée un sentiment d’inadéquation et d’insatisfaction. Les plateformes de médias sociaux, en particulier, intensifient ces sentiments en encourageant une culture de la comparaison et de la validation par le biais de likes et de commentaires. La pression exercée pour présenter une image parfaite en ligne peut entraîner de l’anxiété et une diminution de l’estime de soi lorsque la réalité d’une personne ne correspond pas à ces images formatées.
5. Parler de soi de manière négative. Il s’agit d’un dialogue intérieur critique et dur qui renforce les sentiments d’inadéquation et d’échec. Les schémas les plus courants de ce type de discours comprennent la catastrophisation, la généralisation excessive et la personnalisation des événements négatifs. Une personne peut penser : « Je me plante toujours » ou « Tout le monde doit penser que je suis un perdant ». Ces schémas de pensée peuvent s’enraciner profondément et perpétuer une faible estime de soi.
6. Le perfectionnisme. Les personnes qui se fixent des objectifs irréalisables et s’efforcent d’être irréprochables sont souvent victimes d’insatisfaction chronique et d’autocritique. La pression constante exercée pour atteindre des normes impossibles à satisfaire conduit à des sentiments d’échec et d’inadéquation, même lorsque les réalisations sont importantes. Les perfectionnistes ont tendance à se concentrer sur leurs défauts perçus plutôt que sur leurs réalisations.
7. Le statut socio-économique. Les personnes issues de milieux socio-économiques défavorisés peuvent être confrontées à des facteurs de stress supplémentaires tels que l’instabilité financière, l’accès limité à l’éducation et aux soins de santé, et la stigmatisation sociale. À l’inverse, les personnes issues de milieux socio-économiques plus élevés peuvent subir des pressions pour maintenir un certain statut ou être à la hauteur des attentes, ce qui peut également avoir un impact sur l’estime de soi.
Stratégies pour renforcer l’estime de soi
L’amélioration de l’estime de soi est un processus graduel, mais avec un soutien et des encouragements constants, il est possible d’obtenir des changements durables. Voici des moyens pratiques pour aider :
1. Offrir un renforcement positif. Reconnaitre régulièrement les points forts, les efforts et les réussites de la personne, même les plus modestes. Des déclarations telles que « Je suis fier de toi » ou « Tu as très bien géré cette situation » peuvent aider à contrer le discours négatif sur soi. Être précis dans les compliments pour les rendre plus percutants, par exemple : « Ta présentation était claire et attrayante. Et tu étais si calme ».
2. Mettre l’accent sur des relations saines. Les personnes qui font partie de notre vie nous renvoient un miroir, nous montrent qui nous sommes et nous renvoient l’image que nous avons de nous-mêmes. C’est pourquoi nous devons nous entourer de personnes positives et encourageantes. Encourager son proche à passer du temps avec des personnes qui le soutiennent, qui sont positives et qui l’encouragent. Lui suggérer des activités qui l’amènent à interagir avec des personnes ayant une influence positive, comme adhérer à des clubs, assister à des événements sociaux ou participer à des groupes communautaires.
3. Suggérer le développement des talents naturels. Il peut s’agir de suivre un cours, d’apprendre un nouveau passe-temps ou de saisir des opportunités de développement professionnel. L’acquisition de nouvelles compétences procure un sentiment de compétence et de fierté. Développer de nouvelles compétences et la réalisation d’objectifs personnels renforcent l’estime de soi en donnant un sentiment de compétence et de maîtrise. Il est important de se fixer des objectifs réalistes et réalisables pour avoir un sentiment d’accomplissement et éviter le sentiment d’échec.
4. Écouter activement. L’un des moyens les plus efficaces de soutenir une personne ayant une faible estime d’elle-même est de l’écouter attentivement, sans la juger. Lui permettre d’exprimer librement ses sentiments et ses pensées. L’écoute active consiste à faire preuve d’empathie, à hocher la tête et à donner des réponses positives telles que « Je comprends » ou « Ça a l’air vraiment difficile ». Le fait de savoir qu’ils disposent d’un espace sûr pour partager leurs pensées peut considérablement renforcer leur confiance en eux.
5. Remettre en question les pensées négatives. Nous avons tous une voix intérieure qui cherche à nous rappeler nos fautes, nos échecs et nos expériences malheureuses. Mais c’est nous qui contrôlons l’interrupteur de cette voix. Refuser les coups verbaux que l’on s’inflige et les remplacer par des affirmations positives. Montrer à l’être cher comment reconnaître et remettre en question les schémas de pensée négatifs. S’il pense « J’échoue toujours », l’encourager à reformuler cette pensée en quelque chose de plus équilibré, comme « Parfois, les choses ne se passent pas comme prévu, mais j’ai aussi beaucoup de succès ».
6. Encourager la pratique de la gratitude. En termes simples, la gratitude favorise l’optimisme, qui renforce l’espoir. C’est pourquoi il est difficile d’imaginer un médicament plus efficace pour l’âme et le psychisme que la gratitude. La liste des choses pour lesquelles nous pouvons et devons être reconnaissants, même dans les moments les plus difficiles, est pratiquement inépuisable. Suggérer au proche de tenir un journal de gratitude. Le fait d’écrire les aspects positifs de sa vie peut changer sa perspective et l’aider à neutraliser les pensées négatives.
7. Tirer parti du rire. La capacité de rire, sincèrement et fréquemment, a un effet remarquable sur l’estime de soi en favorisant un état d’esprit positif et en améliorant les relations sociales. Lorsque nous rions, notre corps libère des endorphines, les hormones du bien-être qui élèvent naturellement notre humeur et réduisent le stress. Ce changement chimique contribue à contrecarrer les émotions négatives associées à une faible estime de soi, telles que la tristesse et l’anxiété. Le rire joue également un rôle crucial dans la création de liens sociaux. Partager le rire avec d’autres personnes renforce les relations et favorise un sentiment d’appartenance et d’acceptation.
8. Recommander l’aide d’un professionnel. Les thérapeutes peuvent fournir des outils et des stratégies adaptés aux problèmes d’estime de soi. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et d’autres approches thérapeutiques peuvent aider la personne à développer des schémas de pensée plus sains et à améliorer son estime de soi. Grâce à la thérapie, les individus peuvent développer des modes de pensée plus positifs, ainsi qu’une meilleure perception d’eux-mêmes. D’autres approches thérapeutiques peuvent aider les individus à explorer et à résoudre les conflits émotionnels sous-jacents.
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