« Hypocrisie » : la maire de Calais appelle à un bras de fer avec Londres sur les questions migratoires

Par Epoch Times avec AFP
4 septembre 2024 18:10 Mis à jour: 4 septembre 2024 18:13

Natacha Bouchart, la maire de Calais, a appelé mercredi Paris à lancer un bras de fer avec Londres sur les questions migratoires, au lendemain d’un naufrage qui a coûté la vie à douze personnes tentant de rallier clandestinement l’Angleterre, dont six mineurs.

Le bilan du naufrage est resté stable à 12 morts, a indiqué à ses côtés le préfet du Pas-de-Calais Jacques Billant. « Nous subissons cette hypocrisie », a déploré Natacha Bouchart, maire LR de Calais, évoquant la législation du travail en Angleterre et l’existence de nombreux passeurs britanniques.

« Il faudra à un moment donné avoir un bras de fer avec ce gouvernement » pour éviter « que dans cinquante ans on (soit) toujours au même niveau, avec des gens qui veulent passer en Angleterre parce que ça continue à être un Eldorado », a-t-elle martelé.

Le préfet et Mme Bouchart s’exprimaient à l’occasion d’une conférence de presse présentant les travaux de sécurisation d’une plateforme logistique en amont du port de Calais et du tunnel sous la Manche, afin d’éviter les intrusions de migrants dans les camions. Près de 11 km de barrières supplémentaires vont être installées dans cette zone déjà largement verrouillée, pour un coût de 4,5 millions d’euros, financé par la Grande-Bretagne, a indiqué Mme Bouchart.

« La charge du contrôle de la frontière britannique repose sur les forces de l’ordre françaises » a expliqué Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l’observatoire de l’immigration et de la démographie, sur Cnews, le Royaume-Uni versant en retour des compensations financières.

Un Eldorado ?

Pour le directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), Didier Leschi « le sujet qui est posé pour l’Angleterre, c’est d’avoir un système interne qui apparaît comme un Eldorado – et sans doute à tort – puisque c’est un pays où on peut travailler très facilement sans avoir de titre de séjour ». Il a ajouté sur France Info que les victimes survivantes se verraient proposer de « déposer une demande d’asile en France, mais il n’est pas sûr qu’elles acceptent ».

La défenseure des droits française a appelé les autorités françaises à prendre en charge les survivants, « plus particulièrement les enfants de toute urgence », en déployant « tous les leviers de l’accompagnement social et, le cas échéant, de la protection de l’enfance ». « Ce drame appelle une réorientation profonde des politiques nationales et européennes d’asile et d’immigration », a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Ce nouveau naufrage, après une série d’autres durant l’été, fait de 2024 l’année la plus meurtrière dans la Manche depuis que le phénomène des traversées clandestines a pris de l’ampleur en 2018, en raison du verrouillage du port et du tunnel. Douze candidats à l’exil, dont dix femmes, sont décédés, et deux personnes sont hospitalisées dans un état grave, après que leur bateau transportant plus de 60 passagers, notamment érythréens, s’est disloqué au large du Cap Gris Nez mardi.

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