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« Il faut exciter les foules et entretenir la peur pour obtenir la soumission » – Ariane Bilheran

octobre 13, 2022 18:09, Last Updated: novembre 28, 2022 18:03
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Diplômée de l’École normale supérieure (Ulm), Ariane Bilheran est philosophe, psychologue clinicienne et docteur en psychopathologie. Spécialiste de l’étude des manipulations, de la perversion, de la paranoïa et du harcèlement, elle a publié de nombreux ouvrages consacrés à ces thématiques. 

Les 24 et 25 septembre 2022, Ariane Bilheran participait à un colloque sur la crise sanitaire organisé dans la région de Marseille. 

L’objet de ce colloque consistait notamment à proposer une analyse critique des décisions politiques prises pendant la crise sanitaire ainsi qu’à étudier le rôle de la fraude et de la corruption dans les sphères juridique, philosophique, psychologique, médiatique et scientifique. 

Lors de son intervention, Ariane Bilheran a détaillé les modalités d’exercice de la corruption philosophique et psychologique dans le cadre du phénomène totalitaire. 

« Le phénomène totalitaire fonctionne à l’idéologie. L’idéologie est une croyance qui n’est ni logique ni ne correspond à la réalité de l’expérience. C’est un discours dogmatique, sectaire, auquel on va faire en sorte que les gens adhèrent par la propagande de masse », souligne la philosophe. 

Si la fraude et la corruption constituent des instruments sur lesquels l’idéologie doit s’appuyer pour asseoir son emprise sur les individus et la société, Ariane Bilheran observe que l’expansion du phénomène totalitaire requiert également l’adhésion pleine et entière des individus qui y sont confrontés. 

« Le totalitarisme consiste à faire en sorte que les masses croient un certain discours et règlent leurs comportements par rapport à ce discours. On va veiller à ce que les individus, par l’intermédiaire des médias notamment, n’aient plus accès à leur esprit critique et soient conduits, au nom du bien commun, à commettre des actes qu’ils n’auraient jamais commis en d’autres circonstances », explique l’auteur de l’ouvrage Le Débat interdit – Langage, Covid et totalitarisme.

Pour Ariane Bilheran, le discours proposé aux masses est d’ailleurs voué à évoluer et à investir d’autres champs afin de permettre au pouvoir totalitaire de maintenir son ascendant sur la population. 

« L’idéologie, ce fameux discours dogmatique, sectaire, quasi religieux, est vouée à se mouvoir. […] Il faut continuer à exciter les foules et à entretenir la peur pour pouvoir obtenir la soumission. Si on fige un seul discours, au bout d’un moment le cerveau humain est fait de telle façon qu’il va commencer à interroger ce discours figé. Il va sortir de la peur, de la sidération et commencer à interroger ce discours qui va lui paraître totalement irrationnel et paradoxal », observe Ariane Bilheran. 

« Aujourd’hui, nous voyons apparaître des discours dont la structure et la forme semblent similaires à propos de l’écologie, de l’énergie, de la guerre, etc. Cette structure est la suivante : il y a un danger terrible qui nous menace gravement et qui justifie la mise en place de mesures d’exception qui aliènent nos droits et autorisent le sacrifice d’une partie de la population », ajoute-t-elle. 

Si les discours évoluent, la culpabilisation des foules auxquelles ils sont destinés en constitue toujours un élément majeur, d’après la psychopathologue.   

« On voit que dans ces discours, il y a toujours la culpabilisation du citoyen. […] Nous devenons tous des coupables en puissance, des coupables de consommer de l’énergie, des coupables d’émettre du carbone, des coupables de vivre. Tout ceci fait partie de la logique totalitaire. »

Selon Ariane Bilheran, l’irruption du phénomène totalitaire peut aussi être vue comme le symptôme d’une société malade, qui a depuis longtemps perdu ses valeurs et ses repères. 

« Qu’est-ce que cela vient dire d’une civilisation qui ne tenait plus debout ? C’est bien parce qu’elle ne tient plus debout que nous en sommes à accepter un apartheid, une stigmatisation, le fait de laisser des gens sans ressources, sans revenu, sans moyens de subsistance, comme cela a été le cas pendant les confinements, même si cela s’est bien passé en France, entre guillemets, car les gens n’ont pas trop été laissés à l’abandon, mais cela n’a pas du tout été le cas dans le reste du monde. Tout ceci est l’indication d’une décadence morale majeure, mais qui vient signer quelque chose qui était déjà là. »

Retrouvez l’analyse intégrale d’Ariane Bilheran dans la vidéo.

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