«Il ne savait pas que c’était de l’ecstasy», soutient l’avocat de Joël Guerriau, le sénateur accusé d’avoir drogué Sandrine Josso

Par Emmanuelle Bourdy
21 novembre 2023 22:56 Mis à jour: 21 novembre 2023 22:56

L’avocat du sénateur Joël Guerriau, Me Rémi-Pierre Drai, a répondu aux questions de France Bleu ce samedi 18 novembre, expliquant le déroulé de ce qui s’est passé dans la nuit de mardi 14 à mercredi 15 novembre. Le sénateur de Loire-Atlantique est soupçonné d’avoir drogué la députée MoDem Sandrine Josso, à son insu.

Soupçonné d’avoir drogué une députée en vue de l’agresser sexuellement, les sanctions politiques sont rapidement tombées contre le parlementaire, qui a été mis en examen. Il a par ailleurs été suspendu samedi par son parti Horizons et son groupe parlementaire, qui pourraient l’exclure définitivement. Mais d’après les propos de Me Rémi-Pierre Drai, son avocat, Joël Guerriau ne savait pas que la substance mise dans le verre de Sandrine Josso était de l’ecstasy.

Son avocat reconnaît une version qui peut « paraître un peu confuse »

Selon le parquet de Paris, la plaignante, la députée MoDem Sandrine Josso, se serait sentie mal après avoir pris un verre au domicile parisien du sénateur, avec qui elle n’entretenait pas de relation intime. Elle a été « prise de malaises après avoir bu une coupe de champagne », puis elle a aperçu le sénateur « se saisir d’un petit sachet en plastique contenant quelque chose de blanc » et a pu « s’extirper in extremis de ce guet-apens », a déclaré à l’AFP son avocate Julia Minkowski.

Mais pour Me Rémi-Pierre Drai, le sénateur de Loire-Atlantique « n’est absolument pas un prédateur sexuel », d’ailleurs, il connaît Sandrine Josso depuis dix ans et l’a « toujours fréquentée amicalement » sans « jamais » la draguer. De plus, même si la version de Joël Guerriau peut « paraître un peu confuse », elle est « simple et tout à fait crédible », a-t-il assuré au micro de France Bleu ce samedi.

« Il a oublié qu’il y avait cette substance dans le verre »

« Il avait acquis cette substance dont il ne connaissait pas la nature. Il ne savait pas que c’était de l’ecstasy. Quelqu’un au Sénat lui avait donné comme un euphorisant en pleine période de campagne électorale. Une campagne difficile pour les élections sénatoriales. Il l’avait conservée », a raconté à France Bleu l’avocat de Joël Guerriau, sans vouloir nommer la personne du Sénat en question.

Joël Guerriau pensait consommer cette substance lundi 13 novembre au soir, car la journée avait été particulièrement éprouvante, selon son avocat. Après avoir mis le produit dans un verre de champagne ce soir-là, il aurait finalement décidé de sortir, sans le consommer. À son retour, il aurait rangé le verre, oubliant qu’il y avait toujours le produit dedans.

Le lendemain, il n’aurait pas réalisé qu’il donnait la coupe de champagne contenant le produit à Sandrine Josso, car la coupe est « colorée » et le dosage du produit « très faible », soit « à peine un gramme »… « Quand il a reçu son amie pour fêter sa victoire, comme c’était prévu depuis plusieurs jours, il a servi le champagne dans cette coupe et elle a bu la mauvaise coupe. C’est tout », a poursuivi Rémi-Pierre Drai, qui a évoqué la journée stressante de son client ce lundi 13 novembre, entre la mort de son chat et la « troisième chimiothérapie » de l’un de ses amis.

« Il y a beaucoup de divergences dans leur présentation des faits »

L’avocat de l’élu de 66 ans a encore précisé qu’il comprenait la réaction de Sandrine Josso et le fait qu’elle ait déposé plainte. Mais il estime néanmoins qu’il y a « beaucoup de divergences » dans les deux présentations des faits et « beaucoup d’incohérences également du côté de la plaignante ». « On va demander au juge d’investiguer un certain nombre de pistes, y compris du côté de la plaignante », a-t-il d’ailleurs signifié.

Me Rémi-Pierre Drai assure que son client ne s’est « jamais drogué ». Il estime de surcroît que les informations circulant dans les médias à propos de ses analyses de sang – dans lesquelles de la drogue a été retrouvée – sont « fausses ». Pourtant, le parquet a précisé que les enquêteurs ont retrouvé de l’ecstasy lors des perquisitions menées au bureau du sénateur et à son domicile.

« J’ai cru mourir »

Quant à la victime Sandrine Josso, elle est sortie du silence pour livrer sa vérité sur France 5. Elle a déclaré avoir cru « mourir » ce soir fatidique, alors qu’elle était allée « en confiance » et « en toute amitié » fêter la réélection de son collègue sénateur. Elle s’était pourtant étonnée de « l’insistance » de ce dernier à vouloir trinquer plusieurs fois au champagne – dont le goût « sucré » l’avait surprise – et de le voir jouer avec le variateur d’éclairage du salon. « Il mettait la lumière très fort, puis la baissait », technique connue pour « augmenter l’efficacité de la drogue », comme lui ont expliqué plus tard les médecins de l’hôpital Lariboisière où elle a fini la nuit.

En outre, Joël Guerriau entendait, selon les propos de son avocat sur France Bleu, « reprendre sa vie professionnelle normalement ». Ce vendredi soir, il a cependant été mis en examen pour « administration à l’insu de (Mme Josso) d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre un viol ou une agression sexuelle », ainsi que « détention et usage de substances classées comme stupéfiants ». Il a depuis été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact avec la plaignante. Enfin, ce lundi 20 novembre, le président du Sénat Gérard Larcher a demandé au sénateur de « se mettre en retrait de toutes ses activités liées à son mandat ».

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