« Il n’y a plus de village » : le hameau de La Bérarde, dans les Écrins, dévasté par un torrent en furie

Par Emmanuelle Bourdy
25 juin 2024 11:20 Mis à jour: 25 juin 2024 11:46

À la suite de l’inondation qui a touché la commune de Saint-Christophe-en-Oisans (Isère), où cent personnes ont été évacuées par hélicoptères depuis vendredi, ce n’est que désolation. Les villageois, très attachés à ce lieu, sont choqués.

Alors qu’un déluge d’eau et de rochers a détruit le hameau de la Bérarde (Isère), situé dans le massif des Écrins et perché à 1721 mètres d’altitude, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a annoncé qu’une « mission d’évaluation des dégâts » serait mise en place « très rapidement ». Mais malgré cette annonce, pour les acteurs du tourisme, la saison est terminée avant d’avoir commencé.

« De ma maison, il ne reste qu’un bout de toit qui dépasse »

« Il n’y a plus de Bérarde. Il n’y a plus de village. C’est ça qui est dur », se désole auprès du Parisien Claude Tairraz, l’un des derniers habitants permanents de ce hameau. « On a passé notre vie là-haut. C’est terrible. C’est fini », poursuit-il. « Je n’aurais jamais pensé que le torrent passe au milieu du village. C’était impossible. Et pourtant ça s’est fait. C’était une vague énorme. De ma maison, il ne reste qu’un bout de toit qui dépasse, le reste est enterré sous les blocs de pierre et le sable », se lamente-t-il encore.

En raison des fortes précipitations, le torrent du Vénéon a débordé sur plusieurs kilomètres, dévastant tout sur son passage. « De nombreux dégâts matériels sont constatés sur les habitations et les axes routiers » et « un diagnostic de l’état des routes sera lancé samedi, pour plusieurs jours », avait indiqué la préfecture vendredi. L’unique route descendant vers le Bourg d’Oisans n’est effectivement plus praticable. Plusieurs sections de celle-ci ont été emportées. Certaines maisons ont été envahies par le torrent de boues et de roches, quand d’autres ont été éventrées.

Si la digue « avait été mieux entretenue »

Pierre Huat, prévisionniste chez Weather Solutions, a expliqué au Dauphiné libéré que cette catastrophe a été causée par « une conjonction de phénomènes ». « D’une part, les pluies qui ont été très intenses avec beaucoup de pluie en l’espace de peu de temps. S’ajoute à cela la fonte des neiges, avec un manteau encore très important après un hiver plutôt froid et neigeux », a-t-il détaillé.

Claude Tairraz, lui, reproche aux pouvoirs publics auxquels de n’avoir pas rempli ses responsabilités. « Si la digue, construite en 1986 au niveau du torrent des Étançon, avait été mieux entretenue, peut-être que ça n’aurait pas eu cette ampleur », pointe-t-il dans les colonnes du quotidien francilien. « Presque chaque année il y a une crue, donc, à force, le torrent se charge de rochers. Il faudrait le curer chaque année, mais c’est la volonté de l’État qui manque », détaille-t-il encore, soulignant qu’à La Bérarde, « on est les derniers servis ».

Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a annoncé « une mission d’évaluation des dégâts » pour « très rapidement débloquer un fonds d’urgence pour les collectivités locales » et permettre le début de travaux « dès les prochains jours ». Il a également assuré que l’état de catastrophe naturelle serait reconnu dans « une quinzaine de jours » pour la commune sinistrée, sur laquelle dès ce samedi matin, la décrue s’est amorcée.

« La saison est d’ores et déjà terminée pour nous »

Gérard Turc, guide de haute montagne, considère malgré tout qu’il va être difficile de remettre en état le hameau et la route principale. « Quand il y a des crues en plaine, c’est de l’eau et de la boue, c’est compliqué à nettoyer mais c’est moins violent qu’en montagne où ce sont des rochers, des cailloux qui ébranlent les bâtiments », explique-t-il au Parisien. « Ce sera un travail de titan de tout dégager dans un premier temps, et de reconstruire ensuite », poursuit-il, ajoutant : « Notre économie de guides est au point mort. »

« Notre été est mort. La saison est d’ores et déjà terminée pour nous. Nous n’aurons aucun client », se désespère de son côté Jean-Christophe Ribellino, gérant de l’auberge de la Meije. Sandra, gérante du camping municipal de la Bérarde, est encore terriblement choquée, reconnaissant avoir vécu « l’impensable ». « On a vu notre village détruit, dévasté par un torrent en furie. […] Jamais on aurait imaginé voir ça un jour », se désole-t-elle. « C’est toute notre vie qui est partie sous ce torrent. C’était horrible à voir », poursuit-elle. Elle espère cependant qu’une vague de solidarité va se mettre en place et ainsi permettre une reconstruction. « On veut remonter et se battre pour notre vallée », conclut-elle.

Une cagnotte en ligne a été lancée via Leetchi, afin d’aider les villageois dans cette rude tâche qui pourrait bien prendre des années. Ce mardi 25 juin, elle dépassait les 47.000 euros. « Les fonds collectés seront reversés à la commune de Saint-Christophe-en-Oisans, dont dépend le hameau de la Bérarde, qui pourra si elle le souhaite les partager avec d’autres communes touchées dans les environs », précise le site de la cagnotte.

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