Le chantier de l’autoroute A69 va bon train, entraînant l’abattage massif d’arbres multi-centenaires pour certains. Pour protester contre ce massacre, le militant Thomas Brail a entamé une grève de la faim il y a environ deux semaines.
Opposé au projet de l’A69 entre Toulouse et Castres, le fondateur et porte-parole du Groupe National de Surveillance des Arbres (GPSA) Thomas Brail, a décidé de faire une grève de la faim. Perché dans un arbre face aux bâtiments du ministère de la transition écologique à Paris, il demande un rendez-vous avec Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, ainsi qu’avec Clément Beaune, le ministre des Transports.
« Entendez-nous, ne nous ignorez pas ! »
« On est venu ici parce qu’on a besoin d’être reçu par monsieur Clément Beaune pour mettre en place cet entretien avec madame Carole Delga », a déclaré ce 14 septembre sur X (anciennement Twitter) Thomas Brail. Perché sur un platane situé boulevard Saint Germain, devant le ministère de la transition écologique à Paris, il a commencé une grève de la faim il y a 14 jours.
?A69-14ème J EN GRÈVE DE LA FAIM. Nous sommes devant le @Ecologie_Gouv, devant les bureaux de Mr @CBeaune pour caler un rdv avec Mme @CaroleDelga. Venez nous soutenir. @afpfr @hugoclement @vakitamedia @Offinvestigatio @LaVoieEstLibre_ @Francetele @CamilleEtienne_ pic.twitter.com/8s3asdkbaK
— GNSA ? Groupe National de Surveillance des Arbres (@GNSA_arbres) September 14, 2023
« Arrêtons le massacre ! » a-t-il lancé sur son compte Linkedin ce 14 septembre, soulignant avoir « entamé une grève de la faim pour demander à ce que les abattages et le chantier de l’A69 soient suspendus, au moins le temps de juger le recours sur le fond ». Quatre recours ont en effet été déposés contre ce chantier. « On doit laisser à la justice le temps de faire son travail. Je continuerai ma grève jusqu’à la suspension des travaux. Les pompiers pourront venir me chercher, on pourra me perfuser, mais je n’arrêterai pas », a-t-il signifié auprès de reporterre.net.
« Ce message s’adresse aussi à tous les médias pour relayer cette information »
Déclarant être « clairement fatigué », il a encore expliqué dans sa vidéo que sa présence à Paris est due à l’absence de réponse concernant cette demande de rendez-vous avec le ministre Clément Beaune. « On nous a proposé un entretien uniquement avec monsieur le préfet », pointe-t-il.
Dénonçant l’expulsion de « toutes les personnes qui étaient en lutte, en grève de la faim devant le conseil régional de Toulouse », il a précisé qu’elles avaient chacune écopé d’une amende pour occupation de l’espace public. « Je trouve ça quand même scandaleux parce qu’elles sont en grève de la faim et elles mettent un peu leur vie en danger. Et on les expulse ! » s’est-il agacé, concluant que « ce message s’adresse aussi à tous les médias pour relayer cette information ».
Depuis le 1er septembre, plus rien n’empêche Atosca de reprendre les travaux
Le militant, qui en a « assez de ne pas être écouté », s’était promis d’entamer une grève de la faim si les sept platanes de Vendine (Haute-Garonne) se trouvant le long du chantier de l’A69 étaient coupés, nous apprend reporterre.net dans son article du 7 septembre. C’est ainsi qu’à minuit, le 1er septembre – date à laquelle l’interdiction d’abattre les arbres pour cause de nidification des oiseaux a été levée – un important dispositif d’agents des forces de l’ordre a été déployé afin de barrer l’accès aux opposants de ces travaux. Dans ces conditions, les platanes de Vendine ont pu être tous coupés.
Quel désastre. Quelle tristesse. Ils ont agi dans l’obscurité, protégés par la police. Ces platanes centenaires en parfaite santé ont été abattus cette nuit entre Castres et Toulouse, pour laisser place aux travaux de la future A69.
Des citoyens du @GNSA_arbres ont tenté de… pic.twitter.com/Qrf1lyzxCl
— Hugo Clément (@hugoclement) September 1, 2023
Sur X, Thomas Brail a indiqué que, cette nuit-là, étaient présents « 120 gendarmes, hélicoptère équipé de caméra thermique, drone, chien, éclairage de nuit, grimpeur du Psig », et « tout cela pour une autoroute dont 90% des citoyens ne veulent pas ». Des terre-pleins bétonnés avaient été construits « au beau milieu de champs de blé », pointait encore reporterre.net, pour rendre le lieu accessible aux engins de chantier.
Ces arbres, « rien ne pourra jamais les remplacer »
Le journal indépendant précise encore que ce projet va sacrifier des centaines d’hectares de terres, dont 316 hectares de surfaces agricoles. Sur 53 kilomètres, des milliers d’arbres sont ainsi menacés. Et même si le concessionnaire Atosca a promis de replanter cinq fois plus d’arbres qu’il en a abattu, Thomas Brail n’est pas très optimiste, avant tout parce que les arbres actuels n’ont pas été recensés. « Et puis les arbres qu’ils veulent abattre sont centenaires, ils savent s’adapter à la sécheresse, sans parler du refuge exceptionnel qu’ils offrent à la biodiversité. Rien ne pourra jamais les remplacer », se désole-t-il encore.
Karim Lahiani, un urbaniste et paysagiste tarnais du collectif La Voie est libre (LVEL), avait pourtant proposé un autre projet, baptisé « Une autre voie » et présenté la première véloroute nationale, avec ses espaces dédiés au vélo après aménagement de l’actuelle RN126. Étant désireux de « partager cette vision auprès du grand public », il l’avait dévoilé fin août à la presse, au cinéma du quartier Borderouge à Toulouse, précisait Actu.fr le 31 août dernier.
Un grand merci pour le soutien que nous apporte @vakitamedia https://t.co/tm631Qus6s
— GNSA ? Groupe National de Surveillance des Arbres (@GNSA_arbres) September 5, 2023
Il a lancé un appel international pour trouver des « frères d’arbres »
Quoi qu’il en soit pour l’heure, le concessionnaire Atosca ne compte pas stopper les travaux, se retranchant derrière les « autorisations environnementales délivrées par les préfets de Haute-Garonne et du Tarn » et les « recommandations des autorités sanitaires ». Il a par ailleurs « l’appui d’écologues » et avait déclaré dans un communiqué le 31 août dernier, son intention de « reprendre les travaux forestiers » nécessaires à la construction de cette autoroute, précisant que « les débroussaillages et les coupes de végétaux seront réalisés entre le 1er septembre et le 30 novembre 2023, période de moindre sensibilité pour la faune », relatait France 3 Occitanie le 1er septembre dernier.
Cela ne va pas empêcher Thomas Brail de poursuivre son combat pour cette cause qu’il estime « juste » et mène notamment dans l’optique d’offrir un meilleur avenir à son fils. Comme il y a encore d’autres arbres à sauver, il a lancé un appel international en espérant rallier des grimpeurs Belges et Allemands – des « frères d’arbres » – afin d’obtenir le soutien nécessaire pour que le mouvement s’amplifie.
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