« Il y a une accélération de la connerie : on est passé à la vitesse supérieure », déclare Laurent Gerra

Par Emmanuelle Bourdy
5 décembre 2021 18:40 Mis à jour: 5 décembre 2021 18:40

Dans un entretien accordé au Point et publié le 2 décembre 2021, Laurent Gerra s’est exprimé au sujet de l’évolution navrante de la société française, pointant l’inculture et mettant en lumière la bien-pensance, avec tout le piquant qu’on lui connaît. Ses propos ont été recueillis par le journaliste Florent Barraco.

Si Laurent Gerra se permet sans trop de retenue de rire de tout, il reconnaît néanmoins qu’à l’heure des « réseaux de cas sociaux » comme il se plaît à les nommer, la société a changé. « Il est vrai qu’on peut moins se marrer et moins être léger. Il y a du jugement partout. Mais soit on en tient compte, soit on s’en fout. […] Tous les jours, nous voyons des choses aberrantes et on voit la bien-pensance progresser », a-t-il déclaré au Point.

« Le gros problème de notre société, c’est la pauvreté de vocabulaire et l’inculture »

« Il y a une accélération de la connerie : on est passé à la vitesse supérieure. Le monde d’après est encore plus con que le monde d’avant. Quand on entend certaines personnes, comme Alice Coffin ou Sandrine Rousseau, cela fait peur. En plus, ce sont des gens qui n’ont pas d’humour ni de recul », a-t-il encore lancé. Pour autant, bien qu’il déplore ces faits de société tels que le wokisme ou la cancel culture, il reconnaît qu’ils sont une manne pour lui.

« Le gros problème de notre société, c’est la pauvreté de vocabulaire et l’inculture », regrette l’humoriste qui se produira à l’Olympia du 21 décembre 2021 au 2 janvier 2022 et à la salle Pleyel du 4 au 9 janvier 2022, dans un spectacle remanié. Et si l’imitateur est parfois pris pour un passéiste, voire un « réac », il argumente en disant qu’il aime mieux « écouter Brassens que Booba » et lance en s’appropriant la réplique de l’un de ses copains : « Préférer Mozart à David Guetta, ce n’est pas être passéiste, c’est avoir du goût. » 

Se moquer des candidats est « jouissif »

Avec les présidentielles, Laurent Gerra a aussi du grain à moudre et il reconnaît que c’est « jouissif » de pouvoir se moquer des candidats invités sur le plateau de RTL, sans jamais que ce soit « humiliant », son humour ayant été marqué par « l’influence Le Luron ». Mais lorsque le journaliste du Point demande à l’imitateur ce que lui inspirent les hommes politiques, il répond : « Il y a un déficit de voix : comme pour la chanson, où tout le monde chante pareil, les politiques parlent tous pareil. »

Sans doute l’une des raisons pour laquelle il continue de prendre la voix des « grands anciens », comme Mitterrand, Chirac ou encore Giscard d’Estaing qui « restent dans l’inconscient politique ». Laurent Gerra a en outre expliqué que le président de la République « n’est pas facile à imiter », alors il a décidé d’en faire un « personnage d’enfant » entouré de jouets, sous la houlette de « Brizitte », qui le surveille comme lait sur le feu. Cependant, dans ses spectacles, Laurent Gerra ne fait pas du « 100  % de politique » en raison d’une « certaine saturation », les hommes politiques étant surmédiatisés.

« Il y a une dictature de la bien-pensance et tout est désormais codifié »

Ayant sorti son Almanach gourmand dans lequel il partage les richesses gastronomiques de son terroir et alors même qu’il devient difficile aujourd’hui de se revendiquer « bon vivant » sans être décrié, Laurent Gerra rétorque que ce qui l’énerve, c’est « l’intolérance ». Il respecte les végétariens ou les végans et souhaite en échange que ceux-ci respectent son « côté viandard », ce qu’il ne trouve pas incompatible avec le fait de « faire attention aux sols et à notre consommation ». « Il y a une dictature de la bien-pensance et tout est désormais codifié : la bouffe, les déplacements, les rires », déplore-t-il encore. « On n’empêche pas les végans de brouter, ils ne vont pas nous empêcher de manger de la viande et de boire du pinard qui n’est pas bio ! » tacle-t-il.

Quant à la concurrence, il révèle ne pas écouter ses confrères, notamment pour ne pas être influencé. D’ailleurs, il confesse que pour faire un bon sketch « il n’y a pas de recette », concluant : « Si cela nous fait marrer nous, c’est bon signe. Il faut être malfaisant. »


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