Certains départements d’Île-de-France et l’Oise assurent « ne plus pouvoir faire face » aux mineurs étrangers

Par Sarita Modmesaïb
27 juin 2024 17:04 Mis à jour: 27 juin 2024 23:29

Des départements de la couronne parisienne tirent la sonnette d’alarme car ils ne peuvent plus supporter la charge des mineurs non accompagnés (MNA), toujours plus nombreux à intégrer les foyers, surchargés.

Toujours plus nombreux sont ces jeunes étrangers arrivant dans les rues des départements franciliens ou frontaliers. Selon l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE),  les « mineurs non accompagnés » (MNA), dénommés anciennement « mineurs isolés étrangers », étaient 19.370 recensés sur le territoire français.

Après évaluation de leur situation (minorité, isolement), l’ASE les confie aux services départementaux qui doivent les prendre en charge jusqu’à l’âge de 21 ans. Dans le Val-de-Marne, on est ainsi passé de 800 à plus de 1000 MNA à loger, nourrir, insérer…

« L’État définit une politique migratoire que doivent porter les départements sans avoir leur mot à dire, ni compensation. Nos recettes s’effondrent et nous avons atteint, voire dépassé nos limites humaines, budgétaires et bâtimentaires », déplorait début juin Olivier Capitanio (LR) le président du conseil départemental du Val-de-Marne sur Le Parisien. 

Pour 90 % d’entre eux, ces mineurs sont des hommes venus d’Afrique subsaharienne, et dans une moindre mesure du Maghreb.

Dans les Yvelines, la problématique est la même avec un nombre de MNA qui a doublé en deux ans. En 2023, le département a du évaluer 5500 primo-présentations, sachant qu’une « majorité des jeunes sont in fine reconnus comme majeurs ».

Dans l’Oise, les MNA constituent un quart des mineurs et majeurs de moins de 21 ans placés. Se pose la question du nombre de places limitées en foyers pour le Conseil départemental, lequel a dû prendre la décision de loger certains de ces enfants à l’hôtel. Or, la loi Taquet de 2022 l’interdit.

Aussi, le département de l’Oise souhaite-t-il une meilleure implication de  l’État, car celui-ci ne finance actuellement que 1% des dépenses allouées pour ces jeunes, soit 200.000 euros sur près de 20 millions d’euros de dépenses.

Des profils de MNA plus compliqués

« On ne fait plus que de la mise à l’abri, déplore Sandra Lavantureux, directrice générale adjointe d’Enfance, famille et santé au département des Yvelines. Le travail de suivi, d’insertion, ne peut plus se faire, ce n’est pas acceptable. Le modèle qui a été créé au départ ne fonctionne plus. » Dans ce département de l’ouest parisien, sur 3500 enfants placés, un tiers sont des MNA, mais avec des profils psychosociaux de plus en plus lourds.

« Il y a dix ans, c’était une migration sociale, avec un taux d’insertion de 80 %. Aujourd’hui, ce sont des enfants des rues plus jeunes, qui vont extrêmement mal, avec des addictions, des traumatismes, exploités par des réseaux mafieux, développe Sandra Lavantureux. Il est plus difficile de les ramener vers l’insertion. »

Alors qu’Espérance Minart, fondatrice de l’association Timmy, soutien aux mineurs exilés, dénonce « un manque d’anticipation de la sortie de la crise sanitaire. On savait qu’il allait y avoir un afflux », la réalité du quotidien demeure problématique.

Le 12 juin dernier, Emmanuel Macron a déclaré vouloir « un meilleur contrôle » et « une reprise en main par l’État » des MNA.

Dès décembre 2023, d’autres départements français avaient déclaré ne plus pouvoir accepter de prise en charge de mineurs isolés. L’Ain, la Vienne, le Vaucluse et le Jura ont ainsi pris des mesures pour suspendre ou limiter ces prises en charge.

En Seine-Saint-Denis, on plaide aussi « en faveur de la reprise par l’État de cette compétence ». Mais pour le président PS Stéphane Troussel, « cette mission doit continuer à être assurée, de manière inconditionnelle et sur l’ensemble du territoire national, afin de permettre une protection rapide et efficace des mineurs isolés, qui sont effectivement vulnérables ».

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