Sur une bande de plage de 2,5 km, à l’ouest de l’île de Ré (Charente-Maritime), l’association Ré nature environnement a comptabilisé environ 200 cadavres de pieuvres. Un phénomène troublant quasiment jamais observé.
L’histoire remonte à il y a 2 semaines, au 17 janvier : Pierre Le Gall, un ancien universitaire spécialisé en biologie, qui a passé toute sa carrière sur la plage et qui est désormais secrétaire général de l’association Ré nature environnement, n’avait « jamais vu » autant de cadavres de pieuvres sur la plage de La Grange à Ars-en-Ré, à l’ouest de l’île de Ré.
Avec d’autres membres de l’association, il s’est alors lancé dans l’inspection de la plage : « Quelque 161 cadavres ont été comptés d’un côté, et de l’autre, nous en avons dénombré 31 sur la seule plage de La Grange », explique-t-il. D’autres ont également été trouvés aux alentours.
« Cette répartition démontre que cet échouage sur 2,5 km de plage n’est pas un phénomène ponctuel résultant d’un apport direct d’un stock défectueux [dont une personne se serait débarrassée], mais qu’il est directement lié à la formation de la laisse de mer », a-t-il expliqué, selon 20 Minutes.
Comment expliquer un tel phénomène ? Selon Pierre Le Gall, cela pourrait être le coup de froid observé quelques jours auparavant, qui aurait pu être fatal à une population de femelles dont les œufs venaient d’éclore.
« La pieuvre ne se reproduit qu’une seule fois, et pendant qu’elles gardent les œufs, les femelles restent accrochées à des cailloux, elles ne bougent plus et ne mangent plus. Progressivement, elles s’affaiblissent, et lorsque les œufs éclosent, elles meurent d’épuisement, mais une par une et de façon dispersée », a-t-il précisé.
Ce qui est étrange ici, c’est qu’elles ont visiblement eu un comportement de regroupement. « C’est inhabituel chez l’Octopus vulgaris. C’est une pieuvre que l’on trouvait de façon très commune sur toutes nos côtes françaises, avant qu’elle ne soit détruite en quasi totalité par les grands froids de l’hiver 1962-1963″, a expliqué Pierre Le Gall.
Par ailleurs, à cette époque, aucun rassemblement n’a jamais été signalé par les scientifiques. L’espèce a donc toujours été considérée comme ne pratiquant pas les regroupements, même en période de reproduction. « C’est pourquoi l’échouage simultané de plus de 200 individus sur une faible portion de côte doit être envisagé comme le signe d’un rassemblement important », a indiqué Pierre Le Gall.
S’il s’agit bien d’un rassemblement, alors cette présence exceptionnelle de cadavres démontrerait que cette espèce de pieuvre revient.
« Cela serait d’une grande importance pour la compréhension de la biologie de cette espèce. Aujourd’hui, cette espèce de pieuvre se régénère lentement, et cela ne fait que quelques années seulement qu’on commence à en revoir », a indiqué Pierre Le Gall. « C’est une espèce en voie de récupération de ses populations. »
Et en ce qui concerne la piste de la pollution, envisagée à un moment pour expliquer cet échouage, celle-ci a rapidement été écartée : « On n’a trouvé que des adultes, si cela avait été une pollution, toute la population serait morte, et on aurait certainement trouvé d’autres espèces d’ailleurs », a conclu Pierre Le Gall.
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