NON CATEGORISE

Ils font aussi la COP21

décembre 8, 2015 11:00, Last Updated: juillet 3, 2016 12:23
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Ils sont architectes, entrepreneurs, étudiants. Alors que les discussions battent leur plein au Bourget sur les enjeux climatiques, Daniel, Olivier et Clémence, à l’image des différents acteurs ou consommateurs de la société civile, s’autorisent eux aussi à repenser le monde.

Daniel Vanetti, fondateur de Smart Cycle, une application pour le recyclage participatif

Daniel Vanetti, créateur de l’application de recyclage participatif Smart Cycle. (David Vives/Epoch Times)

D’après l’Observatoire Société et Consommation, 5,4 millions de tonnes d’encombrants sont laissés pour compte dans les rues françaises chaque année. Dont 2,7 millions de tonnes de mobilier encore en état.

Comme 68% des Français, Daniel Vanetti se sent concerné par le recyclage et comme 38% d’entre eux, il récupère parfois les objets encombrants laissés pour compte dans les rues. « Après avoir équipé mon appartement en mobilier, décoration, électroménager, j’ai commencé à réfléchir à une solution pour permettre au plus grand nombre d’accéder gratuitement à ce gisement d’objets très souvent fonctionnels ». Quelque temps plus tard, « après de multiples brainstormings et quelques mois d’affinage de l’idée, notamment au sein de l’école universitaire de management d’Aix-en-Provence (IAE) », l’étudiant réunit une équipe et décide de créer une plateforme web et mobile de recyclage participatif : Smart Cycle.

Le principe : un utilisateur recherche, donne ou repère des objets pouvant être recyclés ou réutilisés. En lançant Smart Cycle sur son mobile, il peut facilement géolocaliser l’objet, gagner des récompenses en indiquant son emplacement ou simplement le retirer. Des associations telles qu’Emmaüs sont également prévenues lors de signalements et peuvent aussi le récupérer pour le remettre à disposition. Et si, au bout de 24h, l’objet n’a pas été retiré, les entreprises du secteur du recyclage sont avertis.

Depuis le début du lancement de son projet, en janvier, l’application a déjà reçu six prix dont le prix Tremplin Pépite de la région PACA Ouest. Pour financer son développement, Daniel Vanetti a lancé une campagne de financement participatif, avec l’aide d’EDF et de Helloasso qui relaient son projet. Bien que le partage de valeurs écologiques et solidaires soient au cœur du projet, avec Smart Cycle, Daniel Vanetti espère redonner une vie aux objets et en faire profiter le plus grand nombre.

Olivier Drot, gérant d’une Biocoop 100% sans emballage

À deux pas de la Place de la République, une Biocoop d’un genre un peu particulier a ouvert ses portes le 2 novembre. Dans ses 65 m2, tout est en vrac : céréales, thé, huile, vin, lessive, etc. Le client est invité à venir avec ses contenants, ou à recourir aux bocaux et sachets vendus sur place.

Le marché mondial de l’emballage plastique pèse près de 766 milliards de dollars, d’après Smithers Pira. Dans notre pays, le ministère du Développement durable estime à 17 milliards le nombre de sacs plastique que les Français consomment par an. 10% d’entre eux finissent dans la nature. Ainsi, l’idée du 100% sans emballage fait ses premiers pas en Europe, avec quelques entreprises pionnières, telles qu’Original Unverpackt en Allemagne ou Selfridges en Angleterre.

Olivier Drot, gérant de la Biocoop21 située au 14 rue du Château d’eau à Paris. (David Vives/Epoch Times)

La Biocoop 21 s’inscrit désormais à la liste. « L’idée était déjà dans les cartons depuis pas mal de temps. On cherchait simplement l’opportunité, le moment de faire quelque chose qui soit remarquable et efficace. L’arrivée de la COP21 nous a permis de discuter avec la mairie de Paris et de trouver ce local qui était disponible rapidement, mis à disposition sur une courte durée ».

D’après le gérant, le succès est au rendez-vous. « Il y a une vraie demande de la part du public. Il faudrait même qu’on aille plus loin, qu’on propose plus de produits… on nous a demandé plus de produits d’entretien. » L’expérience, si elle est concluante, pourrait bien faire des émules dans les autres magasins de l’enseigne.

Day by Day, une autre franchise française adepte du 100% vrac, a récemment ouvert un septième magasin à Limoges. Étant donné sa popularité, Didier Onraita, son patron, compte étendre ce chiffre à 20 ou 25 l’année prochaine. D’après lui, c’est en train de redevenir un véritable mode de consommation et les clients apprécient des prix « jusqu’à 30% moins cher qu’en grande surface », en achetant « la quantité qu’ils désirent ».

Mais des freins existent. Pour le gérant de la Biocoop 21, les adeptes du 100% vrac sont également ceux qui passent le plus de temps derrière les fourneaux. « Une des grosses contraintes de ce magasin, c’est que les gens doivent venir avec une idée de recette. On a bien quelques tartes salées, mais principalement, on ne leur vend que des matières brutes, des matières à transformer. Donc cela fait revenir aux fondamentaux de la cuisine, cela nécessite plus d’organisation », affirme-t-il.

Pour développer leur clientèle, les enseignes 100% vrac comptent sur la proximité. « L’une de nos habitués vient régulièrement avec sa marmite pour acheter ses pommes de terre », s’amuse Didier Onraita. Olivier remarque qu’il est « difficile de faire ses courses pour la semaine pour une famille de 5 personnes » et que ses clients réguliers sont appelés à revenir plusieurs fois dans la semaine.

En janvier 2016, les sacs plastique à usage unique seront bannis des supermarchés. Dans un premier temps, 35% d’entre eux seront remplacés par des sacs en matière végétale. Tout porte à croire que les Tupperware/bocaux ont un bel avenir devant eux.

Clémence Boru, architecte et médiatrice du Pavillon circulaire

Contrairement à ce que son appellation laisserait penser, le pavillon circulaire n’est pas rond. La structure tient son nom de la mise en commun de ressources humaines et techniques et réussit à aller à l’encontre de toutes les pratiques actuelles, en reprenant une pratique vieille comme le monde : créer du neuf à partir de l’ancien.

Autrement dit, les déchets des uns sont les ressources des autres. Le bâtiment s’est ainsi improvisé une façade composée de 180 portes de chênes, récupérées lors de la réhabilitation de logements HBM, de laine de roche provenant de la toiture d’un supermarché et de restes de bois d’une maison de retraite.

Le pavillon circulaire, place de l’Hôtel de Ville. (Pavillon de l’Arsenal)

Le projet fait écho à une problématique bien répandue dans la construction moderne. « Aujourd’hui, quand on a une fuite comme par exemple sur la toiture d’un supermarché d’une surface totale de 1 000 mètres carrés, on va être amené à changer l’intégralité de la toiture », note Clémence Boru, architecte du Pavillon de l’Arsenal. Car d’une manière générale, en construction, la main d’œuvre revient plus cher que les matériaux. Si l’on prend également en compte les coûts par rapport à l’assurance, « c’est moins cher que de simplement réparer », note l’architecte.

Une problématique commune qui s’est naturellement installée au cours de la seconde moitié du XXe siècle, quand construire a été de plus en plus facile et rapide. Pas évident, dans ces conditions, de renverser la vapeur.

En plus du « gaspillage » de matériaux, la construction moderne est gourmande en ressources. « D’habitude, on fait venir le matériel, parfois de très loin, sur le chantier, ce qui n’est pas bon pour le bilan carbone », remarque Clémence Boru.

Ici, l’idée est de demander de récupérer les matériaux des associations, services publics et grandes structures, ce qui entraîne néanmoins quelques difficultés supplémentaires. La médiatrice du Pavillon de l’Arsenal poursuit : « L’architecte n’est pas le seul maître d’ouvrage. Il faut aussi convaincre les entreprenants, les clients et les ouvriers. La mise en œuvre est plus longue car les matériaux ne sont pas standardisés, toutes les portes ne sont pas égales au millimètre près… donc il y a des ajustements à faire ».

Mais le travail d’équipe a été un facteur motivant, les constructeurs étaient contents de pouvoir participer à l’expérience, se félicite Clémence. « Le bâtiment n’est pas une finalité en soi, ce qui compte, c’est aussi comment on en est arrivé là, le processus de recherche et de fabrication avec les partenaires », conclut-elle.

Mais Clémence ne se fait pas d’illusion, en dehors d’initiatives locales, la construction durable n’en est qu’à ses balbutiements, « le domaine de la construction est très réglementé », indique-t-elle. « Comme dans d’autres domaines, une plateforme d’échanges et de mise en relation de l’offre et de la demande serait un bon début ». La structure du Pavillon circulaire est exposée sur le devant de l’Hôtel de Ville de Paris jusqu’au 3 janvier.

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