Inversion accusatoire, relativisation des faits, réécriture de l’histoire… L’intervention de Patrick Cohen en ouverture de « C à vous » sur France 5 lundi 27 novembre suscite une vive polémique sur les réseaux sociaux. Durant son éditorial intitulé « Crépol : la mécanique de la haine et du mensonge », le journaliste est revenu sur le meurtre à l’arme blanche du jeune Thomas, survenu lors d’un bal à Crépol, dans la Drôme, le 18 novembre dernier. Un drame qui fait suite, selon lui, à une provocation des joueurs de rugby présents à la soirée.
« Les bals tragiques sont aussi vieux que les fêtes de village »
Évoquant « une dizaine de jeunes qui se sont mêlés aux 400 participants » pour « s’amuser, pour draguer des filles », il soutient en effet « qu’il n’y avait pas d’incident jusqu’à la dernière chanson de la soirée, « Tchikita », du rappeur Jul. C’est là que, d’après les mis en cause, l’un des participants au bal, un rugbyman, aurait tiré les cheveux longs d’un des membres du groupe en le traitant de « Tchikita’, c’est-à-dire de fille sexy ». Un parti pris provoquant l’indignation : seule la version des prévenus est présentée. En outre, le fait que les auteurs présumés du meurtre se sont invités à cette fameuse soirée avec des couteaux est omis.
Patrick Cohen s’interroge ensuite sur l’utilité de rendre public les noms des suspects. « Sans doute », répond-il à sa propre question, car « ne pas le faire n’a eu qu’un résultat : permettre à l’extrême droite de faire campagne sur l’omerta de leurs prénoms arabes ». Et d’ajouter : « Puisque leurs prénoms les désignent, c’est donc que les musulmans sont dangereux par nature, que le racisme anti-blanc frappe jusque dans nos campagnes, a dit Marion Maréchal, avec des milices armées qui opèrent des razzias (Marine Le Pen), et qui commettent des francocides (Éric Zemmour) ».
En outre, pour le journaliste de France 5, « la mort de Thomas ne résulte pas d’un règlement de comptes ou d’une expédition punitive » et « rien ne prouve que ces jeunes étaient venus casser du blanc : même si des insultes racistes ont bien été entendues par neuf témoins lors de la bagarre contre des Blancs du village, cette motivation raciste n’a pas été retenue par la justice ».
Par ailleurs, si la « droite et l’extrême droite veulent nous faire croire que nous sommes au bord de la guerre civile », en vérité, « l’immense majorité des immigrés et des Français issus de l’immigration réprouvent cette violence », assure-t-il. Avant de renchérir : contrairement à ce qu’affirme le ministre de l’Intérieur, l’idée selon laquelle nous serions dans une « France ensauvagée » est une fiction. « La France d’aujourd’hui compte moins de morts violentes qu’il y a 20 ou 30 ans. Et les bals tragiques, comme on disait souvent, sont aussi vieux que les fêtes de village. Là encore, comme toujours, les réponses sont plus nuancées que les slogans des plateaux télé ».
« Une déplorable tentative de normaliser l’invraisemblable »
Diffusée sur X, la séquence a été reprise par de nombreuses personnalités, qui ont vertement critiqué Patrick Cohen. « Toujours le même déni dédaigneux des dandys : Il n’y avait pas de hausse de l’immigration. Il n’y avait pas d’antisémitisme islamique. Il n’y a toujours pas de lien entre immigration et criminalité. Et ça se croit perspicace et humaniste », écrit l’avocat Gilles-William Goldnadel. Éric Naulleau a, lui, dénoncé une « réécriture de l’attaque » par le journaliste, affirmant que « les minimisations des motivations racistes des assaillants et ce déni ne font qu’envenimer la situation. »
Jean Messiha s’est pour sa part indigné de voir que Patrick Cohen ne « trouve rien d’anormal » à ce que la justice écarte le mobile raciste alors que neuf témoins ont déclaré avoir entendu les agresseurs faire part de leur volonté de « planter des Blancs », ajoutant que « les tentatives d’homicides ont bondi de 90% en 20 ans mais Patrick Cohen n’y trouve rien d’anormal : pour lui, notre société se pacifie ». De son côté, après avoir écouté les propos de Patrick Cohen, la députée du Rassemblement national Laure Lavalette a annoncé avoir saisi l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM).
Dans un entretien au Figaro, l’essayiste Ferghane Azihari a, quant à lui, tenu à souligner que « suggérer que les coups de couteau constituent la conséquence logique et attendue d’une mauvaise blague sur la coupe de cheveux de l’un des participants sonne comme une déplorable tentative de normaliser l’invraisemblable ».
« La famille demande que le caractère raciste soit pris en compte », selon la maire de Romans-sur-Isère
Outre Thomas, décédé après avoir reçu des coups de couteau, au moins huit personnes ont été blessées dans la nuit du 18 au 19 novembre à la fin du « bal de l’hiver » de Crépol. Neuf jeunes, interpellés en partie à Toulouse où ils avaient fui, ont été mis en examen samedi, notamment pour « meurtre en bande organisée », un chef passible de la prison à perpétuité. Six d’entre eux, dont deux mineurs, ont été incarcérés.
Le lendemain, le procureur de la République de Valence Laurent de Caigny a souligné qu’à ce stade de l’enquête, rien ne caractérise un mobile raciste, une attaque « anti-blanc » : « les éléments ne sont ni suffisants, ni déterminants juridiquement ». Pour autant, dans un communiqué de presse du 25 novembre, celui-ci déclarait que « neuf témoins ou victimes entendent des propos hostiles aux Blancs ».
Invitée sur BFMTV ce mardi 28 novembre, la maire de Romans-sur-Isère Marie-Hélène Thoraval est revenue sur la soirée meurtrière en annonçant que les familles, présentes au moment de l’attaque ou dont un proche se trouvait à ce bal, réclamaient aujourd’hui que « le caractère raciste qui a été manifesté par ces attaquants soit pris en compte », ainsi qu’une « fermeté sans appel de la justice ».
Soulignant que la personne suspectée d’avoir asséné le coup mortel à Thomas avait déjà été condamnée à deux reprises et que certains des suspects « sont issus de parents déjà délinquants », l’édile a également appelé à arrêter « la culture de l’excuse à longueur de temps » et à prendre des sanctions plus fermes. Enfin, l’élue a tenu à réaffirmer qu’il ne s’agissait pas d’une « rixe », mais bien d’« une attaque ». « L’ensemble des jeunes et des adultes qui étaient là parlent tous d’attaque. Lorsqu’on lit et qu’on écoute les différents témoignages, ils sont tous concordants pour aller dans le sens de l’attaque. »
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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