Contraints de faire appel aux dons et partager lunettes de protection et imperméables pour se protéger, les médecins indonésiens se battent avec un manque de moyens criant contre la vague montante du coronavirus qui menace de déborder le fragile système de santé de leur pays.
Vingt-trois docteurs sont morts après avoir été contaminés dans le pays d’Asie du Sud-Est où 496 personnes au total ont succombé à l’épidémie, selon les chiffres officiels. Mais ces statistiques sont considérées comme probablement très sous-estimées dans l’archipel de plus de 260 millions d’habitants, où le taux de tests est l’un des plus bas au monde.
Manque d’équipements de protection pour les soignants
Les hôpitaux n’ont pas assez d’équipements de protection pour le personnel et de nombreux médecins doivent se contenter de ponchos en plastique rudimentaires.
Muhammad Farras Hadyan, un docteur de Jakarta, explique que les stocks sont si bas que certains de ses collègues doivent demander une aide financière à leur famille pour acheter des équipements certifiés, mieux à même de les protéger. « Les autres, qui se fournissent sur les stocks de l’hôpital, en sont réduits à attendre » que les équipements arrivent, dit-il.
Handoko Gunawan, un spécialiste des poumons de 79 ans, soignait des patients avec un simple masque chirurgical au début de l’épidémie.
« On a des enfants à la maison«
« Je tremblais et l’infirmière aussi », et elle demandait : « Que va-t-on faire, docteur, on a des enfants à la maison« , raconte-t-il.
« Il n’y a pas beaucoup de docteurs en Indonésie et s’ils meurent, il y aura moins de gens pour s’occuper des patients », s’inquiète-t-il.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’Indonésie compte moins de quatre docteurs pour 10.000 habitants, contre 24 en Corée du Sud ou 33 en France.
Partager les équipements de protection
Raditya Nugraha, médecin d’un hôpital de l’ouest de l’île de Java, et ses collègues se débrouillent aussi face à la pénurie et doivent partager les équipements de protection.
« On n’a pas assez de lunettes, donc on les porte à tour de rôle », dit-elle. « Dans un hôpital public comme celui-ci, les ressources sont limitées. On a besoin de l’aide du public, et nous sommes reconnaissants si on peut nous offrir des combinaisons ou nous les vendre à un prix raisonnable ».
Des ONG ont mobilisé des ateliers de couture qui se sont reconvertis dans la fabrication d’équipements de protection pour le personnel médical.
L’épidémie plus large que les cas confirmés
L’association des docteurs indonésiens a averti que l’épidémie semblait bien plus large que les cas confirmés officiellement et critiqué la politique du gouvernement de n’imposer qu’un confinement partiel à la population.
Le dernier décompte officiel fait état de 5.516 cas de Covid-19 et 496 morts, mais 36.000 tests seulement ont été effectués sur la population, qui est la quatrième la plus importante au monde.
Près de 140.000 Indonésiens sont sous surveillance et pourraient avoir contracté le virus, a indiqué cette semaine le ministère de la Santé.
« Les données ne reflète pas la véritable situation «
« Les données du gouvernement ne reflètent pas la véritable situation des contaminations dans le pays », estime Halik Malik, porte-parole de l’association des médecins.
Les statistiques de la ville de Jakarta indiquent que plus de 1.000 corps de victimes testées positives ou soupçonnées d’avoir succombé au virus ont été enterrés dans les cimetières locaux selon le protocole réservé au Covid-19. C’est cinq fois plus que le nombre de morts du virus confirmé dans la capitale, l’épicentre national de l’épidémie.
Les enterrements dans la ville de Bandung ont doublé pour atteindre quelque 400 par mois depuis le début de l’épidémie, a indiqué Ridwan Kamil, le gouverneur de Java ouest.
« Le nombre de morts plus élevé que d’habitude »
« C’est le même phénomène à Jakarta », dit-il. « On ne peut pas confirmer qu’elles sont toutes liées au Covid-19 mais le nombre de morts est plus élevé que d’habitude », relève-t-il.
Pour sauver des vies, les autorités indonésiennes sont engagées dans une course contre la montre pour se procurer un grand nombre de tests et de respirateurs. Début avril, le vice-ministre aux entreprises publiques Budi Gunadi Sadikin a tweeté que le pays « avait désespérément besoin de 300 à 400 respirateurs ». Une adresse envoyée à Elon Musk, le patron américain de Tesla, qui avait proposé d’offrir des stocks de ces appareils.
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