Quelques minutes avant que l’incendie ne se déclare, endommageant de manière irrémédiable l’emblématique cathédrale Notre-Dame, l’un des organistes était en train de jouer à l’intérieur de l’édifice.
Interrogé par nos confrères de Ouest-France ce mardi, Johann Vexo est l’un des organistes du chœur de Notre-Dame de Paris. Voilà 15 ans que le quadragénaire accompagne les offices du soir, jouant pour les touristes et les paroissiens de la cathédrale.
Joint par téléphone, il a décrit aux journalistes de Ouest-France ce qui s’était passé au moment où l’alarme signalant un départ de feu a retenti pour la première fois.
« L’office a débuté à 18h15 comme tous les lundis. Dans la cathédrale, plusieurs centaines de paroissiens assistaient à la messe. Dans les allées, des touristes visitaient.Tout était normal. Vers 18h25-18h30, une alarme a retenti. Cette alarme, le prêtre, la chanteuse qui m’accompagnait et moi-même, nous ne l’avions jamais entendue. Elle commençait par une sirène, puis un message en français et en anglais invitait les visiteurs à évacuer l’édifice dans le calme », raconte Johann.
« Le prêtre s’est tu. Nous nous sommes regardés, surpris et interdits. J’ai tout de suite pensé à un dysfonctionnement, je ne croyais pas à l’incendie. Pas de fumée, pas d’odeur. La stupeur a immobilisé tout le monde pendant peut-être une minute. L’alarme, elle, continuait à diffuser son message. Puis, les gens se sont mis à se lever et les portes du fond se sont ouvertes », poursuit l’organiste.
« En quelques minutes, la cathédrale s’est vidée. À l’intérieur, il ne restait plus que le personnel. J’ai quitté le chœur, vers la sacristie. J’ai vu le boîtier de l’alarme qui disait avoir détecté un feu dans les combles. Mais là encore, je n’y croyais pas. Quand je suis sorti de l’édifice, il était 18h45. Je n’ai vu aucun pompier. Toujours pas de fumée, ni d’odeur. Je pensais encore à un dysfonctionnement. Je suis rentré tranquillement à pied, j’habite à dix minutes de Notre-Dame », explique le musicien.
« Ce n’est pas qu’un lieu de travail, c’est ma seconde maison »
Une fois arrivé chez lui, Johann Vexo reçoit un coup de téléphone d’un collègue en déplacement à l’étranger. Désemparé, il lui signale qu’il vient de voir les images de la cathédrale en flamme sur la Toile.
« J’ai ouvert ma fenêtre, j’ai vu la fumée, j’ai pensé au message du boîtier et j’ai compris. En quinze ans, j’ai eu la chance, d’aller à l’intérieur de la charpente. C’est l’endroit le plus époustouflant de Notre-Dame, le plus extraordinaire. On l’appelle aussi la forêt… La toiture était entièrement en feu. J’étais déboussolé. Aujourd’hui [ce mardi, ndlr], je suis effondré. C’est une énorme perte. Pour moi, la cathédrale, ce n’est pas qu’un lieu de travail, c’est ma seconde maison. Je suis incapable de savoir ce qui va se passer maintenant, demain, dans une semaine. Nul ne peut le dire », conclut l’organiste.
Interrogé sur franceinfo le 16 avril, Bertrand de Feydeau – vice-président de la Fondation du patrimoine – a déclaré que la charpente de la cathédrale Notre-Dame n’était malheureusement « pas reconstituable ».
« Nous n’avons plus sur notre territoire d’arbres d’une taille telle que ceux qui ont été coupés au XIIIe siècle et qui constituaient ce qu’on appelle la forêt primaire », a-t-il expliqué.
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