Ils s’appelaient Claude, Jimmy, Marcelle ou Laure : dix adultes en situation de handicap venus de Lorraine pour des vacances adaptées ont péri dans l’incendie d’un gîte à Wintzenheim (Haut-Rhin) mercredi, ainsi qu’un accompagnateur.
Au siège de l’AEIM de Meurthe-et-Moselle, à Villers-lès-Nancy, les visages sont fermés. Cette association de parents prenant en charge des personnes en situation de handicap intellectuel est « une famille endeuillée » par la perte de quatre de ses résidents, assure Denis Renaud, son président.
Jennyfer, 26 ans, Claude, 49 ans, Jimmy, 33 ans et Jérôme, « une trentaine d’années », séjournaient à l’étage du gîte alsacien qui s’est embrasé mercredi au petit matin. Ces personnes étaient « en autonomie relative » explique M. Renaud. Elles « étaient capables de travailler en Esat », des centres professionnels où les travaux changent régulièrement. Trois des quatre victimes étaient accueillies toute l’année dans le même foyer de vie en Meurthe-et-Moselle.
« Immense tristesse »
La ministre chargée des Personnes handicapées, Fadila Khattabi, a rencontré jeudi les familles de ces victimes. Un des résidents avait réservé ces vacances dans ce gîte pour la seconde fois « parce que c’était des moments de bonheur, de souvenirs, d’activités intenses », a-t-elle rapporté.
Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, a rencontré les familles des victimes après le terrible incendie survenu dans le Haut-Rhin. pic.twitter.com/PsSSwAjy0A
— Lorraine Actu (@LorraineActu) August 10, 2023
Le club de boxe de Joeuf (Meurthe-et-Moselle) a partagé sur les réseaux sociaux son « immense tristesse » après avoir appris le décès de Claude, qui résidait au foyer Jean Collon de Val-de-Briey et était membre de son équipe de boxe adaptée. « Tu vas nous manquer », ont-ils glissé.
Devant l’entrée du foyer Robert Gautier, géré par l’APEI à Amnéville (Moselle), des bouquets ont été déposés en hommage aux trois victimes qui y résidaient. L’association a également perdu un autre de ses membres, qui vivait à l’institut médico-éducatif « Le point du jour » de Pierrevilliers.
Jérôme, Fatima, Laure, et Marcelle étaient âgés de 40 à « une cinquantaine d’années », témoigne le président de l’association, Jean-Claude Jacoby, très ému. Dans ce foyer de 70 personnes, les victimes étaient connues de tous. « Ils étaient là tous les soirs, ils mangeaient là tous les jours (…) On les pleure et on les pleurera toujours », a-t-il confié à l’AFP. « Elle s’appelait Marcelle (…) C’était ma tante et elle travaillait et résidait » à Pierrevilliers, témoigne, avec une photo, son neveu Julien sur Facebook. « Elle était attachante et avait un caractère bien affirmé (…) Elle me (nous) manque déjà. »
Hommage rendu dimanche
Un hommage sera rendu aux victimes lors de la messe de dimanche à l’église Saint-Joseph d’Amnéville. Pour les rescapés, mais aussi pour les résidents, un travail d’aide psychologique va être primordial, a rappelé Denis Renaud. « Ne pas voir revenir leurs collègues quand ils vont rentrer de vacances » leur fera un choc. « C’est un travail qui va être très important. »
Deux autres adultes décédés étaient eux-aussi pris en charge en Moselle, sans que leur identité n’ait été communiquée à ce stade. Parmi les victimes figure également un accompagnant, dont l’identité, le sexe, l’âge ou la structure de rattachement sont pour l’heure inconnus. L’agence de tourisme spécialisée Oxygène Voyages Adaptés, qui organisait le séjour, n’a pas souhaité répondre aux questions de l’AFP. Interrogée, la ministre a indiqué ne pas avoir eu non plus de contact avec la structure.
Au total, 28 personnes étaient présentes dans le bâtiment au moment de l’incendie. Les personnes logeant dans un autre gîte au rez-de-chaussée ainsi que cinq adultes à l’étage sont parvenus à en sortir.
Deux victimes avaient été prises en charge mercredi : l’une a été hospitalisée et l’autre a été conduite à l’hôtel, selon la préfecture du Haut-Rhin. Elles ont pu rentrer chez elles jeudi. Deux résidents d’Amnéville, « plus jeunes », ont pu regagner les locaux de l’association. Ils logeaient à l’étage, mais sont parvenus à s’en extraire « car ils ont entendu l’alarme », selon M. Jacoby. Une résidente appartenant à l’AEIM a réussi à sauter du premier étage et a été rattrapée par « un résident du rez-de-chaussée qui était déjà sorti », a expliqué Denis Renaud.
Une association de Besançon, appelée Idoine, a indiqué que ses membres installés au rez-de-chaussée étaient tous indemnes et avaient regagné la Franche-Comté dans la journée de mercredi.
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