Une soixantaine de personnalités, dont Emmanuelle Béart, Anna Mouglalis ou Vanessa Springora, exhortent Emmanuel Macron à « maintenir » la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), dans une tribune publiée jeudi dans Le Monde.
« Il faut maintenir la Ciivise. La fermer, c’est dire aux victimes : ‘‘On vous a assez entendues’’ », demandent les signataires, parmi lesquels figurent également les actrices Julie Gayet, Laure Calamy, Judith Chemla, Isabelle Carré, Rachida Brakni, Sara Giraudeau, l’écrivaine Christine Angot, ou encore l’animatrice Flavie Flament et Camille Kouchner, avocate et autrice de La familia grande (2021), livre sur l’inceste.
Créée en 2021, la Ciivise a publié des rapports intermédiaires qui analysent les témoignages de victimes d’inceste et conseillent les pouvoirs publics pour mieux protéger les enfants. Elle rendra son rapport final le 20 novembre et est censée disparaitre le 31 décembre 2023.
« Aujourd’hui, Emmanuelle Béart révèle les violences sexuelles dont elle a été victime pendant son enfance. (…) À nouveau, la société prête l’oreille. C’est donc vrai, des enfants sont violés ou agressés, puisque des personnalités le disent », écrivent les signataires (dont les cinéastes Cyril Dion, Xavier Legrand, l’acteur Charles Berling etc.).
« À la Ciivise, tous les témoignages sont recueillis »
Emmanuelle Béart a révélé avoir été victime d’inceste entre ses 10 et ses 14 ans, dans un documentaire qui sera diffusé sur M6 le 24 septembre. « Nous, nous avons accès aux médias. Aux autorités. On nous écoute et on nous croit. (…) À la Ciivise, tous les témoignages sont recueillis. Ainsi, les 5,5 millions de victimes de violences sexuelles dans leur enfance ne sont plus isolées », poursuivent les signataires.
En deux ans, « 25.000 témoignages ont été recueillis par la Ciivise », qui a organisé des réunions publiques dans toute la France, où des anonymes viennent témoigner des violences sexuelles subies dans l’enfance, rappellent-ils. « Aujourd’hui, trois à cinq enfants par classe sont victimes d’inceste et condamnés au silence ».
Ils estiment que « les deux années d’existence de la commission ne sauraient suffire ». « Le coût du maintien de cette commission est dérisoire face au coût du déni », écrivent-ils, ajoutant que les victimes « font face » à « un système institutionnel qui remet en cause leur parole ».
Dans son dernier rapport, en juin, la Ciivise avait demandé une extension de sa durée de vie, pour « évaluer et renforcer les politiques publiques de lutte contre les violences sexuelles », « former, soutenir et accompagner les professionnels » et améliorer ainsi la prévention.
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