La mauvaise gestion fiscale, exacerbée par les tendances autoritaires croissantes du Parti communiste chinois (PCC), annule rapidement les progrès économiques et sociaux et favorise l’augmentation de la pauvreté et des troubles sociaux dans toute la Chine, selon les spécialistes présent lors d’une visio-conférence organisée par l’Institut Hudson le 11 janvier.
La visio-conférence intitulée « La Chine se dirige-t-elle vers une crise économique ? » réunissait Thomas Duesterberg, chargé de recherche au Hudson Institute, un think tank basé à Washington, et Leland Miller, le PDG de la China Beige Book International.
En ce qui concerne la Chine d’aujourd’hui, M. Duesterberg a souligné un certain nombre de problèmes persistants pour lesquels le PCC s’est révélé singulièrement mal préparé ces dernières années.
La démographie du pays constitue l’un des principaux problèmes. La population de la Chine est, selon M. Duesterberg, « dangereusement vieillissante ». Dans une telle configuration, le nombre d’hommes et de femmes en âge de travailler va fortement diminuer dans les années à venir. D’ici 2050, anticipe-t-il, 500 millions de Chinois auront plus de 60 ans. Nombreux seront ceux à avoir besoin d’un soutien important de la part d’un système de protection sociale déjà très éprouvé. Non seulement ce système est sous-développé par rapport aux réseaux sociaux et aux filets de sécurité des pays occidentaux, mais il est surtout sous-financé.
À ce problème s’ajoute des inégalités institutionnelles croissantes de plusieurs types.
« La répartition des revenus est inégale, tant verticalement que géographiquement. Le FMI [Fonds monétaire international] a noté dans un document il y a quelques années que la Chine était l’une des économies les plus équitables en 1990. Or aujourd’hui elle présente des inégalités plus importantes que la plupart des autres pays, avec une forte augmentation des inégalités dans les régions urbaines. Cette inégalité s’étend également au système éducatif, aux emplois, aux opportunités, et aux opportunités pour les femmes », a déclaré M. Duesterberg.
Grâce à certains chiffres présentés pendant la conférence, M. Duesterberg a fait valoir qu’actuellement les femmes ne représentent pas plus de 5 % du total des membres du comité central du PCC. Dans cet organe décisionnel où siègent 205 membres de la haute fonction chinoise, elles souffrent d’un écart salarial marqué.
La dégradation continue de l’environnement naturel de la Chine noirci d’autant le tableau économique à long terme, l’air, l’eau et le sol étant toujours plus pollués du fait des efforts maladroits de Pékin pour contrôler les réseaux fluviaux. Par ailleurs, malgré toutes ses ressources naturelles, la mauvaise gestion au sommet contribue à l’impossibilité pour le pays d’être auto-suffisant en termes de nourriture, d’énergie et de minéraux.
Privilégier les entreprises d’État
Dans un pays dont les dirigeants seraient compétents et transparents, tous ces problèmes ne manqueraient pas d’être assez décourageants. L’autoritarisme croissant du régime de Xi Jinping et sa tendance à favoriser les entreprises d’État, où règnent le clientélisme et l’incompétence, et à écarter les acteurs du secteur privé, exacerbe sérieusement les nombreux fléaux économiques et sociaux du pays, poursuit M. Duesterberg.
« Selon les estimations, les entreprises privées détenues par l’État chinois ne sont que 20 % environ aussi productives dans les secteurs industriels que celles des économies avancées de l’Occident », a-t-il déclaré. « Xi Jinping a également promu les fonctionnaires du PCC au sein des conseils d’administration des entreprises, et [ceux-ci] favorisent souvent la politique plutôt que l’efficacité économique comme objectifs de gestion. »
La répression des médias indépendants fait partie intégrante de l’approche autoritaire du régime, ce qui place la Chine dans une situation plus désavantageuse encore pour rivaliser avec d’autres pays. Xi Jinping a en aversion les grandes entreprises chinoises prospères telles qu’Alibaba, mais aussi les entreprises dynamiques du marché numérique qui étaient prêtes à se développer dans des domaines tels que les jeux vidéo, le covoiturage et les soins de santé, explique M. Duesterberg.
Si l’on considère l’ensemble de ces tendances, il n’y a aucun doute quant à leur effet paralysant sur l’économie chinoise, a continué M. Duesterberger. Selon ses chiffres, la Chine doit débloquer 7 à 9 yuans pour chaque yuan qu’elle espère gagner en produit intérieur brut (PIB) global. Pendant les années de prospérité des années 1990, le chiffre correspondant était de 1 à 2 yuans pour chaque yuan d’augmentation du PIB.
Selon M. Duesterberg, la diminution du ratio capital/production a, comme on pouvait s’y attendre, entraîné une montée en flèche de la dette publique et privée. Une partie de la réponse de Pékin a consisté à mettre en œuvre des programmes immobiliers toujours plus téméraires.
« Dans les années 1990, Pékin a commencé à autoriser la vente de terrains, et les gouvernements locaux ont saisi l’occasion d’organiser un boom du développement foncier, ce qui leur a permis d’atteindre certains objectifs [mais a également] créé une bulle beaucoup plus importante qu’aux États-Unis et en Europe en 2008 et comparable au désastre auquel ont été confrontées les bulles japonaises dans les années 1990. »
« La moitié de l’économie chinoise des vingt dernières années a été attribuée au secteur de l’immobilier, et 80 % de la richesse personnelle est désormais liée à l’immobilier. La moitié des recettes provenant des taxes locales sur la vente et le développement des terrains sont à la base de la solvabilité des finances des gouvernements locaux. »
Tout cela a préparé la Chine à un éclatement catastrophique de la bulle immobilière, a estimé M. Duesterberg, en rappelant la crise d’Evergrande de ces derniers mois.
M. Miller est en grande partie d’accord avec l’analyse de M. Duesterberg, mais il ne pense pas que la Chine soit prête à vivre un « moment Lehman » (en référence à l’effondrement catastrophique de Lehman Brothers aux États-Unis qui a déclenché la crise financière mondiale en 2008). Selon M. Miller, les difficultés économiques de la Chine se manifesteront progressivement et dans la durée.
« Je pense que la conséquence de ces défis est que vous envisagez un avenir de stagnation à long terme », a-t-il déclaré. « Une chose que l’on constate sans cesse, c’est qu’avec toute cette accumulation de dettes, dont une grande partie est non performante, et avec de plus en plus de capitaux destinés à des utilisations non productives au lieu d’utilisations productives, cela ralentit considérablement l’économie au fil du temps. »
M. Duesterberg et M. Miller ont tous deux remarqué que les capitaux étrangers permettent de renflouer l’industrie chinoise et de relayer les problèmes importants en arrière-plan. Selon M. Duesterberg, le déploiement de la richesse étrangère sous forme d’actions, d’obligations et de capital-risque pourrait avoir un effet de levier politique croissant pour obliger Pékin à respecter ses obligations envers l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et à réduire ses violations flagrantes des droits de l’homme.
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